[article publié le 12 mai 2020 à 16h19, mis à jour à 17h26 avec la réaction de la présidente de l'Ordre des architectes d'Île-de-France Christine Leconte]
"Il faut qu'on soit très ambitieux avec un objectif qui est la reprise de tous les chantiers avant la fin du mois", a déclaré Julien Denormandie sur BFMTV ce 12 mai 2020 en marge d'un déplacement à Montévrain (Seine-et-Marne) avec la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Dans le sillage d'une visite de chantier, lundi, du ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), le ministre de la Ville et du Logement a ajouté : "La reprise, elle est non seulement nécessaire mais elle est aussi possible."
"De facto, les chantiers sont repartis avec un pourcentage de 90% en Île-de-France", témoigne auprès de La Tribune le président de la fédération des promoteurs immobiliers IDF, Marc Villand. "Il faut en revanche attirer l'attention des pouvoirs publics sur les freins à la reprise que peuvent constituer les arrêtés municipaux restreignant les horaires de travail alors qu'il faudrait au contraire davantage de souplesse (travail le samedi...) pour encourager la reprise."
L'Ordre des architectes d'Île-de-France, qui a publié un document de reprise des chantiers et dispensé des formations auprès de ses adhérents, remarque, de son côté, que sur le terrain, "il est très difficile de respecter les gestes barrières car le chantier est le lieu de la promiscuité et des efforts collectifs", pointe sa présidente Christine Leconte.
"Nous sommes tous de très bonne volonté et tout le monde travaille dans ce sens... malgré les difficultés, malgré les questions de sécurité et de responsabilités parfois difficilement tranchées", poursuit-elle auprès de La Tribune. "Nous attendons surtout du gouvernement qu'il tienne ses objectifs environnementaux et qu'il aille plus loin !", exhorte encore la représentante des architectes franciliens.
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La Région plaide pour le renforcement de la commande publique
Si, sur ce site de l'établissement public d'aménagement EpaMarne-EpaFrance (77), Muriel Pénicaud s'est, elle, félicitée de "voir l'activité économique repartir, de bâtir les logements pour les familles qui les attendent", Julien Denormandie s'est, lui, posé "la question de savoir si demain il faudra accélérer la reprise via des commandes publiques". "Je constate que, dans beaucoup de cas, les collectivités ont continué à lancer les permis de construire [...]. On continue dans cet esprit pour que les commandes et les appels d'offres redémarrent", a-t-il répondu à lui-même.
"Le gouvernement va dans le bon sens: le BTP fait partie des secteurs dans une situation économique catastrophique", réagit auprès de La Tribune Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice-président de la région Île-de-France chargé de l'aménagement. "Si beaucoup d'entreprises ont des carnets de commandes plutôt remplis, il faudra renforcer la commande publique, ne serait-ce que pour faire face au ralentissement voire à la chute de la commande privée."
Il n'empêche: malgré la publication début avril d'un guide des bonnes pratiques, les chantiers fonctionnent en mode dégradé, c'est-à-dire avec moins d'ouvriers sur site et donc des coûts et des durées qui risquent de s'allonger. "Même si on se bat pour que tous les chantiers reprennent, c'est illusoire de penser qu'on sera à 100% fin mai", a ainsi dit à l'AFP le président de la fédération française du bâtiment, Jacques Chanut.
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