Immobilier : pourquoi les mandataires prennent des parts de marché aux agents traditionnels

A la différence des agents immobiliers dont les enseignes sont situées sur la voie publique, les mandataires sont des indépendants qui exercent de chez eux avant de se rendre chez leur client. Malgré une année 2022 séquencée en deux temps en raison de l'inflation, ces réseaux affichent de meilleurs résultats financiers qu'en 2021. Ils attirent en effet toujours plus de professionnels avec des rémunérations attractives. Décryptage.
César Armand
(Crédits : DR)

Ils s'appellent iad, Safti, Propriétés-privée.com, efficity, Capifrance... Ils sont une quarantaine de réseaux en France et font travailler près de 48.000 personnes. Ils n'ont pas de vitrine en centre-ville mais font le même métier que les agents immobiliers à « deux différences près ». « Les mandataires sont indépendants et exercent de chez eux avant de se déplacer au domicile de leurs clients », résume Vincent Pavanello, président de la Maison des mandataires et auteur d'un baromètre annuel sur cette profession. De cette étude publiée ce 22 mars 2023, il en ressort trois enseignements majeurs : en 2022, ces professionnels ont gagné des parts de marché, ont réalisé de meilleurs chiffres d'affaires et ont continué à attirer de nouveaux talents.

Lire aussiComment le Toulousain Safti s'est fait une place dans le Next 40 de la French Tech

Alors que les chiffres définitifs du Conseil supérieur du notariat pour l'année dernière ne sont pas encore connus, Vincent Pavanello prend comme hypothèse une baisse des volumes de transactions de 9%, soit 1,076 million de transactions en 2022. Partant également du principe que la part du particulier à particulier reste stable à 30%, il évalue la quantité du marché intermédié à 753.000 ventes. Sachant que les mandataires recensent 180.000 transactions, ils détiennent donc, à date, 24% du marché immobilier français.

Une année séquencée en deux temps

Soit 2 points de plus qu'en 2021, année record marquée par un volume de plus de 1,2 million de ventes au sortir de la crise sanitaire. De l'avis général, 2022 a également été une « très belle année », voire même « la deuxième la plus haute en termes de transactions ». Sauf qu'à y regarder de plus près, les professionnels témoignent d'une année séquencée en deux temps.

« Après un premier semestre euphorique, le deuxième a été marqué par une tension sur le marché, générée par le contexte géopolitique, l'inflation et un accès au financement qui s'est durci avec la remontée des taux d'intérêt », souligne Olivier Descamps, directeur général France d'iad.

« Alors que nous vivions sur la suite du Covid, la problématique du taux d'usure et la remontée des taux d'intérêt ont conduit à un fort ralentissement en septembre. Je ne pense pas d'ailleurs que nous aurons 1 million de transactions [en 2022] mais que nous serons légèrement en-dessous », relève, de son côté, Michel Le Bras, président de Propriétés-privées.com.

De meilleurs résultats qu'en 2021

Il n'empêche : ces professionnels ont logiquement réalisé de meilleurs résultats qu'en 2021. Ainsi, iad revendique près de 60.000 transactions (+10%) pour un chiffre d'affaires, lui aussi en hausse de 10%, à 502 millions d'euros. « Plutôt présents en périurbain et en milieu rural, nos prix continuent d'augmenter : +3% en cumulé versus +6% en 2021 », assure ainsi le DG France, Olivier Descamps.

Du côté de Propriétés-privées.com, Michel Le Bras avance un volume de 10.000 ventes avec un chiffre d'affaires de 80 millions d'euros, en augmentation de 13%. « En 2022, nous avons acquis MGL, un acteur de la gestion locative, pour devenir un groupe de services immobiliers au sens large. Nous voulons avoir une vision globale incluant le neuf et l'ancien », explique le dirigeant.

En parallèle, pour continuer à grandir, ces réseaux poursuivent leurs politiques de ressources humaines. Entre 2021 et 2022, ils ont ainsi attiré 3.000 personnalités supplémentaires (+7%). « C'est moins bon que les années précédentes mais ça prouve qu'ils ont bien résisté à la crise », décrypte l'auteur du baromètre, Vincent Pavanello. « Pour autant, ça ne veut rien dire pour 2023 », ajoute-t-il aussitôt.

Des agents immobiliers « de plus en plus nombreux » à les rejoindre

Dans les deux cas, les agents traditionnels seraient « de plus en plus nombreux » à les rejoindre, attirés par la flexibilité du métier et les gains possibles. Membre de la Fédération nationale de l'immobilier (FNAIM), Propriétés-privées.com l'a bien compris et a reconfiguré son réseau en ce sens.

« En octobre 2022, nous avons lancé une offre pour les professionnels, tant est si bien qu'ils représentent désormais la moitié de nos recrutements. Soit ils avaient leur propre agence et souhaitaient alléger leurs charges fixes, soit ils travaillaient en agence et voulaient bénéficier de davantage de services », précise son président Michel Le Bras, qui déclare 600 recrues supplémentaires l'an dernier, portant à 3.500 le nombre de ses mandataires (+ 20%).

La licorne iad - valorisée a minima plus de 1,2 milliard d'euros - affirme, elle, avoir intégré 1.500 indépendants supplémentaires, hissant à 16.000 le nombre de ses conseillers (+10%). « Monter une agence avec, en moyenne, 8.500 euros de frais fixes avant une première vente, ça refroidit des entrepreneurs », pointe Olivier Descamps, DG France.

Des rémunérations attractives

C'est là toute la subtilité du système. A la différence des enseignes situées sur la voie publique, ces réseaux proposent une plateforme de services logiciels, juridiques et rédactionnels, à laquelle les individus souscrivent moyennant un abonnement mensuel d'environ 150-200 euros.

Ces derniers sont en outre rémunérés selon des systèmes très attractifs. Chez iad par exemple, tout transactionnaire bénéficie de 69% du fruit de ses ventes, tandis que sur les 31% restants, 18,8% reviennent au siège et 12,2% aux parrains : 7% pour le parrain de premier niveau, 3% pour celui de deuxième niveau, 1,5% pour celui de troisième niveau, 0,5% pour celui de quatrième niveau et 0,2% de 5ème niveau.

Lire aussiImmobilier : IAD se rêve en troisième voie entre les agents et les mandataires

Malgré tout, les mandataires restent aussi prudents que les agents immobiliers quant à l'année 2023. Certes, il y a toujours autant d'annonces et de biens à vendre, mais du fait de l'inflation qui grippe l'octroi de crédits, les acheteurs qui peuvent se positionner négocient chaque jour un peu plus les prix de vente...

Cliquez sur le visuel pour télécharger le baromètre:

Mandataires

César Armand

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 23/03/2023 à 8:38
Signaler
Parce que le coût d'un agent immobilier, par sa commission, est très élevé au regard de sa valeur ajoutée et que d'autres sont plus raisonnables ? C'est la loi de l'offre et de la demande... :)

à écrit le 22/03/2023 à 16:45
Signaler
Comme ils n'ont pas de bureau, de personnel et pour certains c'est une activité secondaire ils se contentent d'une rémunération moindre .

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.