Métavers : les mondes virtuels tentent de percer dans le secteur immobilier

La marque de sport Nike, le spécialiste de la vente aux enchères Sotheby’s, ou encore le groupe de restauration rapide Domino’s Pizza… Ces entreprises ont un point commun : elles investissent dans le métavers, et notamment dans l’immobilier virtuel. Déjà, certains terrains construits dans ces mondes virtuels se (re)vendent à prix d'or, malgré l'avenir incertain de cette technologie et l'absence de régulation sur le sujet.
Acquérir un bien immobilier dans le métavers peut présenter un avantage d'un point de vue spéculatif.
Acquérir un bien immobilier dans le métavers peut présenter un avantage d'un point de vue spéculatif. (Crédits : DR)

Intérêts limités, peu attrayant... Le métavers peine aujourd'hui à convaincre le grand public, bien que certaines plateformes, à l'instar de Meta, aient déboursé des millions afin de faire entrer cette technologie de mondes virtuels dans les usages. Car le marché est prometteur selon les analystes. D'ici à 2030, il pourrait peser 4.000 à 5.000 milliards de dollars, selon les estimations du cabinet McKinsey publiées en juin. Plus particulièrement, l'immobilier constitue un segment encourageant de ce monde virtuel, bien que purement spéculatif. En voici les raisons.

Lire aussiMétavers : les mondes virtuels peinent encore à rencontrer leur public et les usages

Tout d'abord, ce Web 3.0 est un univers virtuel fictif connecté à Internet permettant à un utilisateur de voyager dans le monde et d'échanger avec d'autres utilisateurs. S'il est possible de s'immerger dans l'univers grâce à un casque de réalité virtuelle, la majorité des métavers sont directement accessibles en ligne sur PC, à l'exception du monde Horizon Worlds développé par Meta. Ainsi, les possibilités dans le métavers sont nombreuses et les marques voient un réel intérêt à s'y engouffrer. Entre le concept de Nikeland développé par Nike dans le jeu vidéo Roblox, la galerie d'art virtuelle ouverte par Sotheby's dans le monde Decentraland, ou encore la commande de pizza proposée par Domino's Pizza, les enseignes sont nombreuses à investir dans cet univers à des fins de marketing digital car il s'agit d'un espace publicitaire à part entière selon Mihai Vicol, analyste du métavers chez Newzoo.

Toutefois, pour réellement s'implanter dans le secteur, elles ont besoin d'acquérir des « lands », ces fameuses parcelles virtuelles.

Disponibles à l'achat directement dans les boutiques de mondes virtuels tels que The Sandbox ou Decentraland, les terrains sont également vendus sur des plateformes de vente de NFT comme OpenSea ou Rarible. Pour en acquérir, il suffit alors d'avoir un portefeuille, appelé « wallet », de cryptomonnaies, de choisir le bon terrain et de l'acheter ou faire une offre s'il est mis aux enchères. Une fois l'achat accompli, l'acquéreur reçoit la parcelle sous forme de NFT (jeton non fongible), qui garantit la propriété unique, infalsifiable et numérique du terrain.

Cependant, acheter un NFT immobilier représente un certain coût. A ce jour, un terrain dans l'univers The Sandbox coûte 1,280 ETH (cryptomonnaie « ethereum ») minimum, soit l'équivalent de 1.550 dollars. En moyenne, un terrain dans ce métavers coûte 11.000 dollars mais pour les terrains les mieux placés, les prix peuvent s'élever à des dizaines ou centaines de milliers d'euros, voire à plusieurs millions d'euros. En décembre 2021, l'entreprise Everyrealm (anciennement Republic Realm), basée à New York, a alors dépensé la somme record de 4,3 millions de dollars pour s'offrir une parcelle dans le métavers The Sandbox.

La particularité spéculative de l'immobilier virtuel

Si ces investissements sont moins intéressants pour les investisseurs privés car il est impossible de physiquement y passer du temps, acquérir un bien immobilier dans le métavers peut toutefois présenter un avantage d'un point de vue spéculatif. En effet, la raison pour laquelle tous les terrains des quatre principaux métavers sont déjà vendus est que le nombre de parcelles dans ces mondes est limité... et donc rare.

The Sandbox, Decentraland, Cryptovoxels et Somnium Space représentent à eux quatre 270.000 terrains, dont 160.000 sur The Sandbox et 90.000 sur Decentraland. Ainsi, ces terrains pourraient prendre de la valeur et permettre au premier acheteur d'obtenir un bénéfice à la revente. L'augmentation des prix est ainsi directement liée à la quantité limitée de terrains car selon une étude de la Chulalongkorn University en Thaïlande, le prix des terrains sur The Sandbox a ainsi été multiplié par 300 entre décembre 2019 et janvier 2022.

Cependant, ce système n'est pas à l'abri de l'éclatement de la bulle spéculative immobilière. Selon les données du média The Information publiées cet été, le prix moyen par parcelle a en effet perdu plus de 66 % en cinq mois.

Investir dans le métavers, un pari risqué

« Il y a un très fort risque de volatilité et de perte de capital », prévient toutefois Arnaud Groussac, fondateur de Patrimoine Store, une plateforme d'accompagnement en investissement immobilier. En effet, il est difficile de prévoir ce que deviendra le métavers dans quelques années. « Des entreprises peuvent devenir le nouveau Google ou Amazon du métavers dans 20 ans, comme disparaître d'ici quelques années », explique Arnaud Groussac. Si une plateforme cesse d'exister, les terrains vendus sur celle-ci seront perdus. En effet, la législation sur la propriété virtuelle est floue dans de nombreux pays et rien ne garantit aux acheteurs de retrouver leur argent, et encore moins leur terrain ou bâtiment.

De plus, le métavers étant dérégulé et décentralisé, les recours possibles en cas d'arnaque sont limités. «Toutefois, l'Europe est aujourd'hui en faveur de la loi MiCA (Market in Crypto Assets, ndlr), qui entend protéger les investisseurs », déclare Julien Villeneuve, Responsable marketing et stratégie de développement chez La Boîte Immo lors du salon RENT 2022. Cette loi aurait ainsi pour objectif de prévenir les investisseurs contre certains risques liés aux investissements dans les crypto-actifs et leur permettre d'éviter les systèmes frauduleux. Si l'application de la loi est sur la bonne voie, cela devrait encore prendre deux ans avant de s'appliquer au marché français.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 22/11/2022 à 12:47
Signaler
Je vais investir dans un metavers appartement . Pinel possible Mr le meta promoteur? Je ne le ferai que si les meta charges sont modérées et si le meta syndic ne me pompe pas trop de meta euro.. Quelle meta foutaise ce truc (réflexion faite , non...

à écrit le 22/11/2022 à 10:45
Signaler
vous avez vu les cryptomonnaies qui ne sont pas des monnaies? vrouf, ca va au tas, ce qui est normal vu que ca vaut0.........voila, he ben l'immobilier virtuel a 50.000 le m2, ca sera pareil

à écrit le 22/11/2022 à 10:11
Signaler
Tout cela retombera aussitôt

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.