Lobbying à Bruxelles : la puissance de feu de l'industrie pharmaceutique dénoncée

Les firmes pharmaceutiques présentes à Bruxelles ont dépensé 40 millions en 2014, soit 8 fois plus qu'en 2012. L'objectif de cet intense travail d'influence est de pousser à la mise en place d'un TTIP qui facilite notamment le lancement de nouveaux médicaments. Au détriment de la santé publique, dénonce L'Observatoire de l'Europe industrielle.
Jean-Yves Paillé
Parmi les industries pharmaceutiques les plus dépensières figurent Bayer (2,4 millions d'euros), GSK (1,5 à 2 millions d'euros) et Novartis (1,5 à 2 millions d'euros). Sanofi ne figure qu'à la 11e place avec des dépenses comprises entre 600.000 et 699.999 euros.

Des sommes dépensées qui sont près de 15 fois supérieures à celles des groupes de la société civile et des groupes de consommation qui travaillent sur la santé publique. Telle est le poids du lobbying de l'industrie pharmaceutique à Bruxelles, selon un rapport de l'Observatoire de l'Europe industrielle (CEO, pour Corporate Europe Observatory), publié le 1er septembre.

Au total, les sociétés pharmaceutiques ont déclaré un budget 40 millions d'euros en 2014, soit une hausse de... 700% par rapport à 2012, ainsi que le nombre de 176 lobbyistes, selon l'étude.

Et les 10 plus grosses sociétés pharmaceutiques déclarent 6 millions d'euros de plus qu'en 2012. Parmi les plus dépensières, figurent Bayer (2,4 millions d'euros), GSK (1,5 à 2 millions d'euros) et Novartis (1,5 à 2 millions d'euros). Sanofi ne figure qu'à la 11e place avec des dépenses comprises entre 600.000 et 699.999 euros.

Industries pharmaceutique dépenses lobbying

Lobbying pour un TTIP "à l'avantage" des big pharmas

A noter que toutes les sociétés pharmaceutiques ne sont pas inscrites dans le registre officiel. Il est donc possible que les sommes investies soient plus importantes. S'inscrire dans le Registre de transparence n'est pas obligatoire, mais permet de faciliter l'action des lobbyistes.

Pour rappel, de nouvelles règles interdisent les rencontres entre les représentants des sociétés d'une part, et les commissaires européens, membres de cabinets et hauts fonctionnaires, d'autre part... Sauf si celles-ci sont inscrites dans le Registre de transparence, une mesure appliquée le 1er décembre 2014.

Globalement, l'objectif des sociétés est de faciliter le lancement de nouveaux médicaments en Europe, dit l'Observatoire de l'Europe industrielle, en poussant à la levée de certaines barrières réglementaires. Egalement, "les efforts de ces sociétés se focalisent particulièrement pour pousser à la mise en place de l'accord commercial Etats-Unis Europe, le TTIP¨, à "l'avantage de l'industrie pharmaceutique".

D'après le rapport, la Fédération européenne des industries pharmaceutiques (EFPIA) combat également la transparence sur les essais cliniques, s'appuyant sur le secret des affaires.

"Un accès presque systématique aux décideurs de la Commission"

Grâce à cet investissement des big pharmas, de nombreuses réunions ont été décrochées avec les directions de plusieurs branches de la Commission européenne, dans la santé, la recherche et le développement, notamment, rapporte l'étude, et donc "un accès presque systématique aux décideurs de la Commission". Depuis novembre 2014, GSK a décroché 15 entrevues, Novartis en a obtenu 8, et Sanofi 6.

Pour l'Observatoire de l'Europe industrielle, ce lobbying "est excessif" et cela se fait au détriment de la santé publique. L'organisation craint une mainmise réduite des pouvoirs publics sur le secteur du médicament.

Le poids du lobbying à Bruxelles, régulièrement sur le devant de la scène

Régulièrement, le lobbying à Bruxelles revient sur le devant de la scène. Les banques ont notamment fait parler d'elles. Goldman Sachs a dépensé entre "700.000 et 799.000 euros" pour ses activités de lobbying à Bruxelles, selon le Registre de transparence de la Commission européenne. La banque américaine aurait donc multiplié ses dépenses par quatorze en un an. Du moins, officiellement.

Goldman Sachs, non inscrit dans le Registre de transparence en 2013, avait en effet assuré avoir investi 50.000 euros cette année-là dans le lobbying, selon le Financial Times.

Les dépenses de la banque suisse UBS, qui n'avait pu éviter une sanction financière de la Commission européenne pour entente illicite en 2014, sont passées quant à elle de 100.000 euros à 1,7 million en 2014.

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Jean-Yves Paillé

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Commentaires 3
à écrit le 02/09/2015 à 22:32
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La corruption officialisée n'est donc plus de la corruption? Étonnant que quelques décennies après la commercialisation d'un médicament il soit précipitamment retiré de la vente ou qu'il soit reconnu comme inutile.. La faute au citoyen passif et sa...

le 03/09/2015 à 13:51
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pas la faute du citoyen qui n'a aucun pouvoir!!!

le 11/11/2015 à 15:45
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Mia a raison. Dites-nous ce que vous faites actuellement qu'on puisse vous suivre ;) Avez-vous prévu une manifestation ou une révolution ?

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