Construction d’une centrale nucléaire : le groupe russe Rosatom gagne son bras de fer en Finlande

Le 2 mai dernier, la société finlandaise Fennovoima a décidé de résilier le contrat de construction avec le géant russe de l'énergie atomique, Rosatom. Ce jeudi, ce dernier a affirmé que le Conseil d'examen des différends (DRB), une structure d'arbitrage chargée de trancher des contentieux économiques internationaux, a jugé « illégale » cette décision. La construction de la centrale, projet lancé il y a près de 15 ans, a d'ores et déjà connu de nombreux et importants retards de calendrier.
(Crédits : Reuters)

La centrale nucléaire Hanhikivi-1 verra-t-elle le jour ? Rien n'est moins sûr. Lancé il y a près de 15 ans, le projet de bâtir une troisième centrale nucléaire en Finlande a été marqué par de nombreux et importants retards de calendrier. Sur les 7,5 milliards d'euros de budget nécessaires estimés, 600 millions d'euros avaient déjà été dépensés ces dernières années pour ce réacteur de 1.200 mégawatts situé à Pyhäjoki sur les rives nord de la mer Baltique, à une centaine de kilomètres de la ville portuaire d'Oulu.

Si d'importants travaux préparatoires ont déjà été engagés sur le site, la construction du réacteur n'a, elle, pas encore commencé. Et elle pourrait être encore retardée suite à l'annonce, ce jeudi, du géant russe de l'énergie atomique, Rosatom. Ce dernier était lié par un contrat de construction avec la société finlandaise Fennovoima qui a décidé, le 2 mai, quelques semaines après le début de l'intervention militaire russe en Ukraine, de le résilier.

La résiliation jugée « illégale » selon l'opérateur russe

Or, Rosatom s'est félicité d'un arbitrage international en sa faveur dans ce litige qui l'oppose à son ex-partenaire finlandais. Selon l'entreprise russe, le Conseil d'examen des différends (DRB), une structure d'arbitrage chargée de trancher des contentieux économiques internationaux, a jugé « illégale » la « résiliation du contrat » qui lie Rosatom et Fennovoima, dont le géant russe est actionnaire minoritaire à 34%. Le DRB a estimé que cette résiliation unilatérale « constituait une violation (de ce) contrat », s'est félicité Rosatom dans un communiqué, relevant « une position équilibrée et objective ».

Dans sa décision, le DRB a notamment souligné, selon Rosatom, que l'annonce de résiliation du contrat était « intervenue à un moment où le projet faisait preuve de progrès remarquables », les travaux entrant en début d'année dans leur « dernière ligne droite ». Le dernier calendrier communiqué par Fennovoima l'an dernier tablait sur un début de chantier en 2023 et une mise en service en 2029.

De son côté, Fennovoima a qualifié la décision du DRB de simple « recommandation », qui n'est « ni finale ni obligatoire ». « La recommandation du DRB n'est ni finale ni obligatoire, puisque les (deux) parties ont soumis des expressions d'insatisfaction après sa publication », a affirmé l'entreprise finlandaise.

Pour les « dommages » entraînés, Rosatom réclamait « 3 milliards de dollars »-- Fennovoima 2 milliards d'euros de son côté --, mais le DRB a précisé, selon l'entreprise russe, que les dommages et intérêts « seront déterminés dans le cadre d'une procédure supplémentaire ».

L'EPR Olkiluoto3 de nouveau retardé

Ce n'est pas le seul projet relevant du nucléaire qui connaît des difficultés en Finlande. Le 21 novembre, le pays a admis que la mise en service de l'EPR Olkiluoto3 ne débuterait pas, au plus tôt, avant la fin du mois de janvier, selon l'opérateur finlandais TVO. La production régulière devait initialement commencer cet été, mais elle avait été reportée à décembre, après l'observation de « matières étrangères » dans le réchaud à vapeur de la turbine. TVO avait d'ailleurs précisé que l'enquête, à ce sujet, « se poursuivrait pendant encore quelques semaines ».

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Un coup dur pour l'Etat finlandais qui devra donc se passer de son EPR, le plus puissant d'Europe avec une capacité de 1.600 mégawatts, pour tout ou partie de l'hiver, qui a déjà commencé en Finlande. D'autant qu'un nouveau décalage n'est pas exclu. Cet EPR devait compenser l'arrêt des livraisons d'électricité russes décidées par Moscou après l'annonce de la candidature de la Finlande à l'Otan en mai. Celles-ci représentaient environ 900 MW, soit 10% de la consommation finlandaise. En attendant, la Finlande a dû actionner des centrales de réserve au fioul dès le mois d'octobre.

 (Avec AFP)

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