EDF : trois autres réacteurs nucléaires vont être arrêtés

Alors que cinq réacteurs nucléaires sont aujourd'hui à l'arrêt en raison de problèmes de corrosion confirmés ou suspectés sur des s systèmes de sécurité, l'énergéticien va en arrêter trois réacteurs supplémentaires, à partir du 19 février, 26 mars et 9 avril, pour mener des opérations de vérification. Il s'agit des réacteurs de Chinon 3, Cattenom 3 et Bugey 4.
(Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

A deux jours du déplacement d'Emmanuel à Macron où il dévoilera son plan de relance du nucléaire, les difficultés s'accumulent sur EDF. Alors que cinq réacteurs nucléaires des 54 réacteurs nucléaires sont aujourd'hui à l'arrêt en raison de problèmes de corrosion confirmés ou suspectés sur des s systèmes de sécurité, l'énergéticien va en arrêter trois réacteurs supplémentaires, à partir du 19 février, 26 mars et 9 avril, pour mener des opérations de vérification. Il s'agit des réacteurs de Chinon 3, Cattenom 3 et Bugey 4.

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Par ailleurs, trois autres vont faire eux aussi l'objet de contrôles, mais pendant des arrêts qui étaient déjà programmés. L'arrêt de Flamanville 2 va toutefois être prolongé de 5 semaines. Enfin, EDF a étendu de cinq mois l'arrêt des deux unités où ces problèmes de corrosion ont déjà été détectés (Penly 1) ou soupçonnés (Chooz 1). Le premier ne fonctionnera pas jusqu'au 31 octobre, et le second jusqu'au 31 décembre.

Entre 9 et 13 réacteurs à l'arrêt en février

Selon le gestionnaire du réseau électrique (RTE), le planning actuel prévoit qu'entre neuf et treize réacteurs seront à l'arrêt au cours du mois de février, selon les semaines.

On comprend mieux l'annonce hier soir d'EDF d'une nouvelle révision à la baisse de la prévision de production nucléaire pour cette année.

"Dans le cadre de son programme de contrôles sur le parc nucléaire (...) EDF ajuste son estimation de production nucléaire 2022 à 295-315 TWh, contre 300-330 TWh" (térawattheures), a indiqué le groupe qui visait initialement une production de 330 à 360 TWh, avait déjà abaissé sa prévision le 13 janvier.

Récemment, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) n'avait pas exclu en effet que d'autres arrêts soient nécessaires en raison de ce problème de corrosion. Les conséquences iront "au-delà de cet hiver", note de son côté RTE, le gestionnaire du réseau électrique, en attendant d'avoir plus de détail.

EDF va réviser à la baisse sa prévision pour 2023. "L'estimation de production nucléaire pour 2023, actuellement de 340-370 TWh, sera ajustée dès que possible", indique le groupe. EDF a engagé un réexamen documentaire des contrôles effectués dans le passé sur l'ensemble du parc.

Vigilance sur la fin de l'hiver

Outre le manque-à-gagner pour EDF, ces problèmes accroissent la tension sur l'approvisionnement électrique de la France cet hiver. RTE avait indiqué vendredi maintenir sa "vigilance sur la fin de l'hiver" pour l'approvisionnement, en raison d'un nombre élevé de réacteurs nucléaires à l'arrêt, tout en notant que "les prévisions météorologiques sur la période sont favorables".

"On est sur un risque qui est maîtrisé, pour autant il faut bien se dire que la disponibilité de notre parc de production pendant cet hiver de manière générale est extrêmement contrainte", a souligné Thomas Veyrenc, directeur de la stratégie et de la prospective de RTE.

"A court terme, la disponibilité prévisionnelle du parc nucléaire sera de l'ordre de 50 GW tout début février puis diminuera progressivement pour s'établir entre 38 et 46 GW à la fin du mois, se rapprochant des niveaux de l'hiver dernier", prévoit RTE. La disponibilité du parc avait atteint un plus bas historique pour un mois de janvier avec alors seulement de l'ordre de 48 GW disponibles en moyenne.

"Les trois retours de réacteurs attendus d'ici à mi-mars feront l'objet d'une attention particulière, d'autant plus que six autres réacteurs devraient s'arrêter au cours du mois de février, pour maintenance", souligne le gestionnaire du réseau.

Pour se donner un peu de marge, le gouvernement a aussi prévu d'assouplir les limites d'utilisation de ses dernières centrales à charbon très polluantes cet hiver.

Les prévisions météorologiques sont de leur côté favorables: une de vague de froid sévère apparaît à ce stade "peu probable", au moins pour le début du mois de février.

RTE rappelle que plusieurs mesures sont prévues en cas de vague de froid (de l'ordre de 4°C en dessous des normales), de très faible production éolienne en Europe ou de nouveaux gros problèmes sur les capacités de production: interruption de grands consommateurs industriels, baisse de la tension sur les réseaux.

Mais malgré une situation tendue en janvier, il n'avait pas été nécessaire de recourir à ce type de mesures exceptionnelles.

Pas de black-out garantit Barbara Pompili

RTE rappelle aussi que "des coupures ciblées" restent toujours possibles en dernier ressort pour soulager le réseau en cas d'aggravation des difficultés mais juge cela "peu probable pour l'essentiel du mois de février".

"Il n'y a pas de risque de black-out en France parce que nous avons mis en place un certain nombre de mécanismes pour éviter cela", a toutefois assuré mardi la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili sur France Info.

Les derniers déboires d'EDF, qui s'ajoutent aux nouveaux retards de l'EPR de Flamanville (Manche), interviennent alors qu'Emmanuel Macron est annoncé jeudi à Belfort pour une visite sur le thème du nucléaire.

La ville produit des turbines nucléaires, rachetées à Alstom en 2015 par l'américain General Electric (GE) et qu'EDF s'apprête à reprendre.

En novembre, le président avait annoncé son intention de construire de nouveaux réacteurs en France, mais sans donner plus de précision. La filière, qui propose de construire six nouveaux EPR, espère des annonces dans ce sens, alors que ce sujet agite la campagne présidentielle.

L'avantage climatique du nucléaire ou l'argument de l'indépendance énergétique séduisent largement de l'extrême-droite au communiste Fabien Roussel, en passant par la droite et le camp présidentiel.

Les écologistes ou les Insoumis prônent en revanche une sortie plus ou moins rapide de cette énergie, qui domine encore largement la production électrique française, en raison du problème des déchets ou des risques d'accidents.

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Commentaires 7
à écrit le 05/03/2022 à 8:17
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"en raison du problème des déchets ou des risques d'accidents." A ces quelques mots j'en ajoute quelques autres pour faire avancer la résilience : et des risques d'attaque ou de conflit, et en raison de l'urgence de la sobriété énergétique. Un grand...

à écrit le 09/02/2022 à 13:47
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Vous pouvez vérifier les réacteurs avant de réceptionner le prochain chargement d'uranium africain cependant les chefs de guerre maliens sont déjà bien équipés par la confédération russe et se passeront désormais du protectorat intéressé français....

à écrit le 09/02/2022 à 13:37
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Trois autres ..Ce n'est que le début de la fin : l'énergie nucléaire est la plus chère , la plus instable de toutes les énergies , la ligne Maginot (concept totalitaire franchouillard) du nucléaire est morte ..

à écrit le 08/02/2022 à 19:56
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Je crois que nous devrons bientôt ressortir les vélos de notre enfance; souhaitons que les dynamos fonctionnent encore!

le 09/02/2022 à 8:01
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Groupe électrogène pour la maison/enteprise et gazogène pour les véhicules.

à écrit le 08/02/2022 à 19:05
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Peut on dire qu'il y a eu de l'anticipation de la part de nos gouvernants? Non bien sur, sinon les médias ne nous auraient pas alerté!

à écrit le 08/02/2022 à 18:40
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sans faire de politique, le nucleaire donne l image d une vieille technologie mal maitrisee et tres couteuse. L exception française dans le monde.

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