EDF révise à nouveau à la baisse sa production nucléaire pour 2022 (et abaissera "dès que possible" sa prévision pour 2023)

Après avoir déjà déjà abaissé sa prévision le 13 janvier, l'énergéticien a de nouveau révisé à la baisse sa prévision de production nucléaire pour 2022 à la suite des problèmes de corrosion affectant le système de sécurité de 5 réacteurs. Anticipant l'arrêt d'autres réacteurs, EDF ajustera également sa prévision de production pour 2023.
(Crédits : Vincent Kessler)

Nouvelle révision à la baisse de la prévision de production nucléaire pour cette année. C'est ce qu'a annoncé EDF dans un bref communiqué publié lundi soir, à la suite des problèmes de corrosion affectant le système de sécurité de certains réacteurs. Sur les 56 réacteurs du parc nucléaire français, cinq sont déjà à l'arrêt, jusqu'à la fin de l'année pour certains. Au-delà du problème de corrosion, la moindre disponibilité du parc nucléaire est liée à un calendrier de maintenance chargé, en outre perturbé par les confinements de 2020. Au total, neuf réacteurs étaient à l'arrêt vendredi matin. Selon le gestionnaire du réseau électrique (RTE), le planning actuel prévoit qu'entre neuf et treize réacteurs seront à l'arrêt au cours du mois de février, selon les semaines.

"Dans le cadre de son programme de contrôles sur le parc nucléaire (...) EDF ajuste son estimation de production nucléaire 2022 à 295-315 TWh, contre 300-330 TWh" (térawattheures), a déclaré hier EDF.

Le groupe qui visait initialement une production de 330 à 360 TWh, avait déjà abaissé sa prévision le 13 janvier. EDF s'attend à de nouveaux arrêts.

"Nous avons poursuivi les investigations sur les réacteurs" et "cela nous amène à anticiper certains arrêts et à en poursuivre d'autres", a précisé à l'AFP un porte-parole d'EDF.

La localisation et la durée de ces arrêts n'a toutefois pas été précisée dans l'immédiat.

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Les prévisions de production pour 2023 seront également abaissées

EDF confirme ainsi les craintes de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui n'a pas exclu en effet que d'autres arrêts soient nécessaires en raison de ce problème, pour lequel des contrôles sont en cours. Les conséquences iront "au-delà de cet hiver", note de son côté RTE, le gestionnaire du réseau électrique, en attendant d'avoir plus de détail.

EDF va réviser à la baisse sa prévision pour 2023.

"L'estimation de production nucléaire pour 2023, actuellement de 340-370 TWh, sera ajustée dès que possible", indique le groupe.

EDF a engagé un réexamen documentaire des contrôles effectués dans le passé sur l'ensemble du parc. Selon les résultats de cette revue, il faudra peut-être réaliser des contrôles physiques sur des réacteurs si des soupçons de corrosion apparaissent, puis des réparations en fonction des résultats de l'inspection. Si le problème apparaissait sur un réacteur en fonctionnement, cela pourrait donc nécessiter sa mise à l'arrêt.

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait jugé que les problèmes de corrosion constituaient un "événement sérieux".

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Outre le manque-à-gagner pour EDF, ces problèmes accroissent la tension sur l'approvisionnement électrique de la France cet hiver.

RTE avait indiqué vendredi maintenir sa "vigilance sur la fin de l'hiver" pour l'approvisionnement, en raison d'un nombre élevé de réacteurs nucléaires à l'arrêt, tout en notant que "les prévisions météorologiques sur la période sont favorables".

"On est sur un risque qui est maîtrisé, pour autant il faut bien se dire que la disponibilité de notre parc de production pendant cet hiver de manière générale est extrêmement contrainte", a souligné Thomas Veyrenc, directeur de la stratégie et de la prospective de RTE.

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"A court terme, la disponibilité prévisionnelle du parc nucléaire sera de l'ordre de 50 GW tout début février puis diminuera progressivement pour s'établir entre 38 et 46 GW à la fin du mois, se rapprochant des niveaux de l'hiver dernier", prévoit RTE. La disponibilité du parc avait atteint un plus bas historique pour un mois de janvier avec alors seulement de l'ordre de 48 GW disponibles en moyenne.

"Les trois retours de réacteurs attendus d'ici à mi-mars feront l'objet d'une attention particulière, d'autant plus que six autres réacteurs devraient s'arrêter au cours du mois de février, pour maintenance", souligne le gestionnaire du réseau.

Pour se donner un peu de marge, le gouvernement a aussi prévu d'assouplir les limites d'utilisation de ses dernières centrales à charbon très polluantes cet hiver.

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Les prévisions météorologiques sont de leur côté favorables: une de vague de froid sévère apparaît à ce stade "peu probable", au moins pour le début du mois de février.

RTE rappelle que plusieurs mesures sont prévues en cas de vague de froid (de l'ordre de 4°C en dessous des normales), de très faible production éolienne en Europe ou de nouveaux gros problèmes sur les capacités de production: interruption de grands consommateurs industriels, baisse de la tension sur les réseaux.

Mais malgré une situation tendue en janvier, il n'avait pas été nécessaire de recourir à ce type de mesure exceptionnelles. RTE rappelle aussi que "des coupures ciblées" restent toujours possibles en dernier ressort pour soulager le réseau en cas d'aggravation des difficultés mais juge cela "peu probable pour l'essentiel du mois de février".

D'éventuelles alertes ou appels à des gestes d'économie seront diffusés au grand public via le site Ecowatt.

Côté gaz cette fois-ci, le gestionnaire du réseau GRTgaz avait estimé jeudi que l'approvisionnement de la France ne suscitait pour l'instant pas d'inquiétude particulière en dépit des faibles livraisons russes vers l'Europe.

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Commentaires 8
à écrit le 08/02/2022 à 14:13
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L'Etat a toujours été un mauvais gestionnaire de l'industrie qu'elle soit publique où privée mais ne c'est jamais privé de ponctionner les bénéfices et pour l'investissement....... pour intervenir faut-il encore être bon.... combien de dizaines de m...

à écrit le 08/02/2022 à 12:19
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Regardons autour de nous..........L ecosse, ( 4 millions d habitants) 17 janvier 2022 est encore plus exemplaire que la Chine ( en 2021, elle a construit 11,2 GW d eoliennes offshore en 1 an) ; Scotwind Leasing a bien été la compétition de référence...

le 08/02/2022 à 17:19
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si seulement 25 GW d'éolien (même offshore) était égal à 17 réacteurs ! malheureusement vous oubliez un élément important qu'est le facteur de charge... Avec environ 38 %, l'offshore est certes meilleur que l'onshore, mais assez loin des 75 % des...

le 08/02/2022 à 22:44
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le facteur de charge des eolinnes offshores de 14 MW produites en France , est de plus de 50%. Les centrakes nucleaires belges en 2020 avaient un temps de fonctionnement de 48,5%. Cela revient pratiquement au meme........

le 09/02/2022 à 13:50
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Le facteur de charge des centrales nucléaires est une blague :ils ne tiennent pas compte des arrêts pour rechargement , des arrêts pour travaux et des incidents indépendants de notre volonté (sic)

à écrit le 08/02/2022 à 10:17
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Gouverner c'est l'art de prévoir, vous croyez?

à écrit le 08/02/2022 à 8:45
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Heureusement que l'hiver est particulièrement doux et que les températures sont en moyenne largement au dessus de zéro.

à écrit le 08/02/2022 à 7:36
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Bravo, la france avait deux points forts, l'agri agro et l'électricité nucléaire, on va finir importateur net la dessus aussi. Une grande réussite. Cocorico.

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