[MAJ] : article mis à jour à 17h30, initialement publié à 15h le 19/11/20
Les impacts de la crise du coronavirus sur le système électrique français seront durables et se feront notamment sentir à la fin de l'hiver, a expliqué Xavier Piechaczyk, le nouveau président du Réseau de transport d'électricité à haute tension (RTE). À l'occasion d'une conférence de presse organisée ce jeudi, le gestionnaire du réseau a donc maintenu une "vigilance particulière" sur l'approvisionnement électrique français durant l'hiver 2020-2021. Vigilance émise dès le mois de juin dernier.
Le confinement du printemps a en effet engendré de grands chamboulements sur le calendrier des opérations de maintenance des centrales nucléaires. Ce qui a conduit à une moins grande disponibilité des réacteurs. Or, le parc nucléaire fournit un peu plus de 70% de l'électricité en France.
Un mois de décembre "plus serein que prévu"
Mais finalement, la casse devrait être limitée en décembre. Car, entre temps, EDF et le gouvernement sont parvenus à réorganiser les opérations de maintenance pour sécuriser la première partie de l'hiver. Toutefois, un certain nombre de réacteurs devront tout de même être mis à l'arrêt en février.
La situation est celle d'un "mois de décembre plus serein que prévu, un mois de janvier normalement tendu en cette période statistiquement la plus froide de l'année, et enfin un mois de février difficile", a résumé Xavier Piechaczy.
Février : parc nucléaire réduit et risque accru
"Cette période constitue un point de tension qui justifie que nous maintenons une vigilance particulière", a indiqué Xavier Piechaczyk. 10 GW de production nucléaire seront à l'arrêt. Par ailleurs, les prévisions météo restent incertaines tout comme celles de la consommation électrique en raison de la crise sanitaire.
"Ainsi en février, compte tenu de la réduction du parc nucléaire, le risque est accru par rapport aux années précédentes", a confirmé Xavier Piechaczyk.
Effacement, baisse de tension, coupures programmées...
En prévision de ces potentielles difficultés d'approvisionnement sur le réseau, RTE peut activer plusieurs outils sur l'ensemble du territoire. En premier lieu, le gestionnaire s'appuiera sur l'arrêt de la consommation de 18 sites industriels, très gros consommateurs d'électricité, dans le cadre de contrats d'effacement. Ces contrats, qui visent de grands industriels, leurs permettent d'acheter de l'électricité moins cher s'ils s'engagent à ne pas utiliser d'électricité les jours de l'année choisis par EDF.
Autre outil : la baisse de tension de 5% sur le réseau. Elle provoquerait alors "une baisse imperceptible de la performance des appareils électriques dans les foyers et entreprises". Enfin, "en tout dernier recours", RTE mise sur l'organisation de coupures locales et temporaires de deux heures maximum, "tout en protégeant les établissements sensibles comme les hôpitaux par exemple".
Appel aux écogestes avec EcoWatt
Outre ces leviers classiques, le gestionnaire du réseau parie sur la prévention et la flexibilité de la consommation électrique grâce aux écogestes des particuliers. Il lance ainsi, en partenariat avec l'Ademe, une nouvelle version de l'appli en ligne EcoWatt. Présentée comme une sorte de météo de l'électricité, elle prend la forme d'une carte indiquant les zones qui sont en vigilance.
"Mieux consommer l'électricité, c'est diminuer sa consommation mais c'est aussi la décaler dans le temps", a souligné Maïté Jauréguy-Naudin, directrice innovation et données chez RTE. "Si un quart des foyers décalaient au lendemain une lessive cela permettrait d'effacer la consommation d'une ville comme Bordeaux", a-t-elle donné en exemple.
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Grand ouest : RTE optimiste malgré les incertitudes autour de Flamanville
Point positif, dans le Grand ouest, une région classiquement plus sensible en raison des faibles moyens de production d'électricité localisés en Bretagne, "la situation est plus sereine que l'an passé", a assuré le président de RTE. La raison ? Le retour en service du réacteur numéro 2 de Flamanville, prévu le 30 novembre.
Un redémarrage qui pourrait toutefois être décalé, comme l'ont rapporté Les Echos. EDF, anticipant un potentiel retard, a, en effet, demandé au gouvernement une dérogation pour le cas où l'arrêt de ce réacteur se prolongerait après le 10 janvier 2021.
Toutefois, même si le redémarrage du réacteur numéro 2 de Flamanville prenait de nouveau du retard, le gestionnaire de réseau reste confiant grâce à la nouvelle interconnexion IFA 2 de 1GW. Prévue au mois de décembre, elle reliera le Royaume-Uni à la Normandie.
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