EPR de Taishan : Pékin admet un incident mineur, mais dément toute fuite

Le ministère chinois de l'Environnement et l'autorité de sûreté nucléaire nationale affirment qu'il n'y a pas eu de fuite sur le réacteur numéro 1 de la centrale nucléaire de Taishan et que le niveau de radiation autorisé n'a pas été rehaussé. Ils admettent, en revanche, une hausse de la radioactivité à l'intérieur d'un des réacteurs provoquée par cinq barres combustibles endommagées.
Juliette Raynal
La centrale nucléaire de Taishan construite avec EDF dans le sud de la Chine est composée de deux réacteurs de type EPR. Ils sont respectivement entrée-s en service en décembre 2018 et septembre 2019.
La centrale nucléaire de Taishan construite avec EDF dans le sud de la Chine est composée de deux réacteurs de type EPR. Ils sont respectivement entrée-s en service en décembre 2018 et septembre 2019. (Crédits : Bobby Yip)

Pékin sort de son silence. Lundi 14 juin, la chaîne américaine CNN a révélé "une potentielle fuite" sur la centrale nucléaire de Taishan, située dans le sud de la Chine. A cette date, les autorités chinoises n'avaient pas encore communiqué. Par la suite, Pékin avait simplement expliqué que les niveaux de radioactivité autour de la centrale étaient normaux. Ce mercredi 16 juin, le ministère chinois de l'Environnement et l'autorité de sûreté nucléaire nationale ont enfin partagé leurs premières explications techniques dans un communiqué commun.

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Ils y affirment qu'il n'y a pas eu de fuite sur le réacteur numéro 1 de la centrale nucléaire et que le niveau de radiation autorisé n'a pas été rehaussé, contrairement à ce qu'affirmait CNN. Ils admettent en revanche une hausse de la radioactivité à l'intérieur d'un des réacteurs causée "par environ cinq barres de combustibles endommagées". Les barres de combustibles (ou "crayons") contiennent des pastilles d'uranium et fournissent l'énergie dans le coeur d'un réacteur nucléaire.

La centrale de Taishan est composée de deux réacteurs de type EPR. Ces réacteurs de troisième génération, issus d'une technologie française, sont les seuls au monde à être aujourd'hui en fonctionnement. Ils ne sont pas exploités par EDF, mais par par TNPJVC, une joint-venture dont EDF est toutefois actionnaire minoritaire (30%), aux côtés du chinois CGN (70%).

Aucune situation anormale à l'extérieur

Lundi EDF (dont la filiale Framatome est à l'origine de la conception des réacteurs) a confirmé avoir été informé d'une augmentation de la concentration des gaz rares dans le circuit primaire de réacteur numéro 1 de la centrale. Ce dysfonctionnement, qui a déjà pu être observé sur le parc nucléaire français, a conduit l'exploitant chinois à réaliser des rejets atmosphériques de deux gaz rares : le xenon et le krypton.

"Les informations transmises par l'exploitant montrent que la valeur des rejets atmosphériques respecte les contraintes réglementaires. Il ne s'agit donc pas d'une contamination, mais de rejets maîtrisés", avait alors précisé un porte-parole du groupe français.

Aujourd'hui, le ministère chinois de l'environnement affirme que "le suivi environnemental à proximité du site de Taishan n'a montré aucune situation anormale (...) aucune fuite ne s'est produite".

Cinq barres endommagées sur plus de 60.000

Dans le détail, environ cinq des plus de 60.000 barres de combustibles du réacteur numéro un ont été endommagées, soit moins de 0,01%, alors que le seuil de tolérance prévu est de 0,25%, précise le communiqué.

Le ministre a également fait savoir que l'autorité de sûreté chinoise avait approuvé des seuils de radiations pour les gaz rares à l'intérieur du liquide de refroidissement du réacteur, mais que cela n'avait rien à voir avec la détection des niveaux de radiations à l'extérieur du site. Il a ajouté que la présentation faite par CNN était "erronée".

La chaîne américaine rapportait, en effet, que l'autorité de sûreté nucléaire chinoise avait récemment procédé au rehaussement du seuil réglementaire des rejets radioactifs pour permettre à la centrale de continuer de fonctionner. Elle s'appuyait sur une lettre de la branche américaine de Framatome, adressée à l'administration Biden.

Un coup dur pour EDF ?

Le ministère a, par ailleurs, assuré qu'il continuerait de surveiller de près les niveaux de radioactivité dans le réacteur numéro un et resterait également en relation avec l'Agence internationale de l'énergie atomique ainsi que l'Autorité française de sûreté nucléaire (ASN)

Ce problème rencontré sur le réacteur de Taishan, même mineur, pourrait porter préjudice à EDF, justement en pleines négociations pour vendre de nouveaux EPR en France et à l'étranger. Or, la technologie EPR, née au début des années 90, a enchaîné les déboires. Le premier chantier d'EPR, lancé en 2005 en Finlande, a multiplié les contretemps et dérapages budgétaires, si bien que celui-ci n'est toujours pas terminé. Et, le deuxième chantier n'a pas fait mieux : l'EPR de Flamanville (Manche) en France, en travaux depuis 2007, ne devrait pas entrer en service avant la fin 2022... si le dernier calendrier communiqué est bien respecté.

(Avec AFP et Reuters)

Juliette Raynal

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Commentaires 2
à écrit le 16/06/2021 à 20:18
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Comme pour le covid ... tout pareil ! Pas de fuite 😁

à écrit le 16/06/2021 à 20:01
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On comprend bien pourquoi la Chine est soutenue par les banquiers son endettement à 300% de PIB étant là pour le prouver, la dictature est le capitalisme parfait puisque dorénavant nous n'aurons que très peu d'informations à ce sujet seuls les servic...

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