Hydrogène : une PME bourguignonne met à l’eau le premier bateau louable à la journée

C’est une petite révolution dans la mobilité douce ! Ni bruit de moteur, ni odeur de carburant… simplement le clapotis de l’eau qui berce les touristes le temps d’une journée. Les Canalous, basée à Digoin, ont baptisé leur premier bateau à hydrogène : le William Grove, en hommage à l’inventeur de la pile à combustible en 1939.
(Crédits : Amandine Ibled)

Voyager libre ? Est-ce encore possible aujourd'hui ? Certes, il y a les camping-cars mais il faut quand même trouver des lieux de haltes autorisés... « En louant un bateau, il suffit d'avoir un maillet et deux piquets et le client peut s'amarrer n'importe où », assure Alfred Carignant, petit-fils du fondateur des Canalous et dirigeant de l'entreprise depuis 2009. Fortement engagée dans le slow tourisme et après avoir effectué un bilan carbone, Les Canalous, PME experte dans la construction et la location de bateaux de plaisance depuis 40 ans, s'est donnée pour objectif de verdir l'ensemble de sa flotte, en transformant ses bateaux à moteurs thermiques en bateaux à moteurs électriques. « L'idée serait de pouvoir rénover une douzaine de bateaux par an, soit entre 50 et 60 bateaux d'ici cinq ans », ambitionne Alfred Carignant. D'où la mise à l'eau d'un premier prototype de bateau à hydrogène louable à la journée.

Alfred Carignant, dirigeant des Canalous pilote le bateau à hydrogène

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Un bateau entièrement « made in France »

« Plus exactement, c'est un bateau électrique dont l'énergie est donnée par une pile à combustible, alimenté par un réservoir à hydrogène », précise Claude Carignant, le fils du fondateur de l'entreprise Les Canalous. Le modèle existait déjà. Il s'agit d'un Wanday, auquel toute une partie innovation a été développée pour insérer cette technologie à hydrogène. Même si cette solution a nécessité de nombreuses contraintes sécuritaires - puisque le bateau a pour vocation d'être conduit par une clientèle qui n'a pas d'expérience, ni en navigation, ni en hydrogène - l'entreprise n'a pas hésité à investir 200.000 euros dans la recherche et développement pour ce premier bateau à hydrogène louable. Les acteurs du projet ont toutefois reçu 40% de subventions sur la partie innovation de la part de Voies Navigables de France (VNF) via le Plan d'aides à la modernisation et à l'innovation de la flotte fluviale (PAMI). Tous les acteurs du projet sont français : le fournisseur du réservoir, Ad-Venta, se situe dans la Drôme ; et le fabricant de la pile à combustible, H2 SYS, à Belfort.

Grâce aux partenariats noués avec Europe Technologies basée dans les Pays de la Loire et le bureau d'étude spécialisé dans l'hydrogène depuis 20 ans d'Alca Torda Applications en Bretagne, l'hydrogène produit pour ce bateau est une solution verte car provient d'éoliennes implantées à Bouin, en Vendée. D'ici quelques années, Les Canalous souhaitent aller encore plus loin avec une solution d'hydrogène produite localement : « L'hydrogène est la solution la plus verte car on peut la créer à partir de l'eau du canal. Lorsque nous aurons réussi ce challenge, nous serons vraiment au plus proche du site environnemental », espère l'entrepreneur.

Baptême du bateau en présence de Frédéric Doucet, chef étoilé à Charolles et parrain du bateau

Vers l'hydrogène plutôt que l'électrique

Pourquoi l'hydrogène ? La plupart des véhicules à hydrogène sont des moteurs hybrides, c'est-à-dire des moteurs électriques alimentés par une pile à combustible. Les Canalous possède déjà une flotte électrique de 4 bateaux qui circulent dans le Grand-Est, en particulier en Alsace, mais également en Suède. « Le souci de l'électrique, c'est qu'il faut des bornes régulières pour pouvoir se recharger. Or, pour un bateau habitable, cela peut prendre une nuit entière », explique Claude Carignant. « On perd alors tout le bénéfice de la liberté qu'offre ce type de tourisme fluvial ! », poursuit-il. L'hydrogène est une solution d'autonomie car, même si aujourd'hui la logistique reste encore complexe, le réservoir permet actuellement de stocker suffisamment d'hydrogène, sous forme de gaz comprimé, pour une journée. La recharge s'effectue en quelques minutes seulement. Tandis que « Les packs de batteries pour les moteurs électriques sont encombrants, et très long à recharger. Cela nécessiterait beaucoup d'infrastructures aux abords des canaux », précise Alfred Carignant.

En 2024 : un bateau habitable à hydrogène ?

Pour ce premier prototype, l'entreprise a souhaité commencer par un bateau louable à la journée, plus facile à approvisionner. La PME assure que la prise en main est facile : « il suffit de tourner la clé et le moteur démarre immédiatement », précise Alfred Carignant. Le prix de cette expérience est accessible puisqu'il faudra compter 249 euros la journée, soit 20 euros de plus que sur un bateau thermique, les nuisances en moins. D'autant plus que la capacité d'accueil de l'engin est de 12 personnes à bord. « Sur ce premier bateau, il y a juste la propulsion à gérer. Demain, sur les bateaux habitables, il faudra en plus produire de l'électricité à bord pour l'eau chaude de la salle de bain, le chauffage, les plaques de cuisson et la lumière », précise Alfred Carignant. Son ambition est de proposer à horizon 2024, un bateau habitable à hydrogène capable de voguer une semaine, voire deux, sans ravitaillement.

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