
Une page du capitalisme français se tourne, et une autre pleines d'ambitions et d'incertitudes s'ouvre. EDF est sorti de la Bourse ce jeudi, après sa renationalisation totale par le gouvernement qui l'avait lancée il y a plus d'un an pour un montant proche de 10 milliards d'euros. L'exécutif veut en faire l'outil de la relance du nucléaire tricolore.
L'Autorité des marchés financiers (AMF) avait fixé fin mai l'échéance du 8 juin, date à laquelle les actionnaires qui possèdent les 2% de titres encore en circulation sont obligés de vendre leurs parts pour que l'Etat récupère 100% du capital. Cette vente sous contrainte clôt des mois de bataille autour de ce prix, considéré comme trop bas par les petits actionnaires qui s'estiment lésés et avaient lancé de nombreux recours judiciaires.
Actionnaires en colère mais impuissants
Contraints par la loi, ces dernier récupèreront 12 euros nets par titre. Lors de l'ouverture du capital en 2005, l'action avait été introduite 32 euros. Ce faible prix de rachat raconte deux décennies de déboires de l'électricien, affaibli par l'ouverture à la concurrence, les atermoiements de la politique nucléaire française et une gestion financière chaotique.
De son côté, le gouvernement se félicite de voir l'opération de renationalisation se conclure définitivement. « Cette opération a été un succès », a vanté Bruno Le Maire dans un communiqué. « Elle était indispensable pour permettre à EDF de mener de manière accélérée plusieurs chantiers décisifs: l'augmentation de la production du parc nucléaire existant, dans un contexte de besoins croissants en électricité, et le programme de construction de six réacteurs nucléaires de technologie EPR2 d'ici 2050 », a-t-il poursuivi.
Situation financière catastrophique
La nouvelle direction de l'entreprise, alignée sur l'Etat qui l'a nommée, voit aussi d'un bon œil sa renationalisation. « Quand on aborde une période avec autant de défis énergétiques, (...) le fait d'avoir un seul actionnaire, évidemment, permet d'avoir un alignement complet sur une vision de long terme », a défendu jeudi le nouveau patron d'EDF, Luc Rémont, au congrès annuel de l'Union française de l'électricité.
Le nouveau PDG hérite d'une situation financière calamiteuse, encore dégradée par une production d'électricité historiquement basse à cause de l'indisponibilité de nombreux réacteurs. Lestée par une dette de 65 milliards d'euros, EDF n'a que peu de marges budgétaires alors que la construction de six réacteurs EPR devrait lui coûter 51 milliards d'euros.
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