Le gouvernement australien impose à ses gros pollueurs de réduire leurs émissions de 5% par an jusqu'en 2030

Le gouvernement australien vient de conclure un accord décisif sur le climat qui va contraindre les plus gros pollueurs du pays à réduire leurs émissions chaque année. Plus de 200 installations sont ciblées, notamment des mines de charbon et des centrales à gaz. Une mesure dans la droite lignée de son objectif d'atteindre zéro émission d'ici à 2050. Le pays, dont la croissance économique dépend de ces deux énergies fossiles, veut redorer son image. Il s'est récemment illustré en bloquant un projet de mine de charbon qui menaçait la Grande Barrière de corail.
L'Australie est l'un des plus grands exportateurs de charbon au monde et en conséquence l'un des plus grands retardataires en matière de défense du climat.
L'Australie est l'un des plus grands exportateurs de charbon au monde et en conséquence l'un des plus grands retardataires en matière de défense du climat. (Crédits : ANDREW KELLY)

Pour parvenir à son objectif d'atteindre zéro émission d'ici à 2050, l'Australie s'attaque à ses gros pollueurs. Le gouvernement de centre gauche est parvenu à un accord avec le parti des Verts, ce lundi 27 mars. Il prévoit que les 215 installations les plus polluantes du pays, telles que les mines de charbon et les centrales à gaz, devront réduire leurs émissions nettes de près de 5% par an jusqu'en 2030.

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L'Australie fait enfin face à ses obligations après « 10 ans de déni, de retard et d'inaction », a déclaré le Premier ministre Anthony Albanese. Le texte adopté devrait être soumis au Parlement cette semaine et entrer en vigueur le 1er juillet.

Rio Tinto et BHP concernés

Les combustibles fossiles et l'exploitation minière constituent l'épine dorsale de l'économie australienne. Or, les tentatives pour réduire la pollution au carbone ont été mises à mal ces dernières années par d'âpres querelles politiques. Rien que pour conclure cet accord, le gouvernement a dû négocier pendant des semaines avec les Verts. Leur soutien était nécessaire pour faire passer le texte au Sénat face à l'opposition des conservateurs. Auparavant sceptiques, ils ont accepté de soutenir le plan après avoir convaincu le gouvernement de fixer un plafond strict pour les émissions.

Les entreprises devront ainsi réduire leur niveau de pollution chaque année. Les géants miniers mondiaux Rio Tinto et BHP, exploitants en Australie, seront notamment contraints de se mettre en conformité. L'industrie minière australienne a prévenu que cette nouvelle politique pourrait entraîner des pertes d'emplois massives.

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Pour David Schlosberg, directeur de l'Institut de l'environnement de Sydney, ce plan est « meilleur que la politique d'inaction menée par l'Australie depuis plus d'une décennie », mais ce n'est là qu'« un début ». Reste que certains défenseurs de l'environnement ont déclaré que ces réductions étaient trop faibles.

Le sujet est crucial pour le pays. Un rapport gouvernemental datant de novembre a en effet montré les conséquences durables et profondes du changement climatique sur son environnement. Ce document remet notamment en cause la politique australienne favorable à la production et l'exportation de charbon et de gaz.

Un projet de mine arrêté, une première

L'Australie est l'un des plus grands exportateurs de charbon au monde. Résultat, il est l'un des plus grands retardataires en matière de défense du climat. Le pays s'est engagé en septembre dernier à réduire d'ici à 2030 ses émissions de carbone de 43% par rapport aux niveaux de 2005. Une stratégie qui permettra de retirer quelque 200 millions de tonnes de carbone de l'atmosphère, selon l'État.

Le gouvernement australien s'est d'ailleurs fait remarquer début février pour avoir bloqué un projet de mine de charbon. Ce dernier, mené par le richissime homme d'affaires et politicien Clive Palmer, visait à creuser l'infrastructure à seulement 10 km du plus grand récif corallien du monde, déjà menacé depuis quelques années par le réchauffement climatique.

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« Les impacts environnementaux négatifs de ce projet sont tout simplement trop importants », au regard de la fragilité du site, avait justifié dans une vidéo la ministre de l'Environnement Tanya Plibersek. Après avoir lancé une consultation auprès de la population, le gouvernement fédéral a reçu en l'espace de 10 jours ouvrables pas moins de 9.000 réponses, dont une écrasante majorité s'opposait au projet de mine de charbon dans l'Etat de Queensland.

La décision avait été qualifiée d'« historique » et été saluée par les écologistes. Le gouvernement avait toutefois rejeté leurs appels en faveur d'une interdiction pure et simple de tous nouveaux projets d'extraction de charbon, estimant qu'ils doivent désormais être examinés au cas par cas.

(Avec AFP)

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