L'efficacité énergétique entre en Bourse

Enertime, startup française qui permet aux industriels de transformer la chaleur perdue en électricité, veut lever 5 millions d’euros sur Alternext.
Dominique Pialot
Machine à cycle organique de Rankine.

C'est à l'issue de premières carrières menées au sein de grands groupes, notamment dans l'énergie, que les co-fondateurs d'Enertime, Gilles David et Fabien Michel, ont jeté leur dévolu sur l'efficacité énergétique en 2008. Plus précisément, sur la transformation de chaleur en électricité. Qu'elle provienne de sources diffuses telles que la géothermie ou la biomasse, ou de chaleur fatale liée à des process industriels, Enertime valorise la chaleur grâce à des ORC, ou cycles organiques de Rankine.

Ces « machines à vapeur », dans lesquelles l'eau est remplacée par un fluide organique, sont particulièrement bien adaptées aux basses températures et à des projets distribués de petite échelle, jusqu'à des puissances de 5 mégawatts.  Enertime conçoit et construit la turbine, qui en est le composant essentiel. La startup propose des solutions sur mesure aux industriels, le marché sur lequel elle s'est principalement développée à ce jour. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir un bureau à Strasbourg, au cœur de la géothermie française, un marché d'avenir sur lequel Enertime se contente à ce jour de participer, en partenariat avec Fonroche, au programme Fongeosec, une centrale géothermique de cogénération.

5 millions pour améliorer son bilan

Avec 32 salariés (d'une moyenne d'âge de 32 ans) maîtrisant 11 langues, la start-up est bien armée pour l'international et a déjà remporté deux contrats en Chine (dont l'un, avec le géant de l'acier chinois, Shanghai Baosteel) et un en Ukraine. Malgré tout, aujourd'hui, la moitié environ de son carnet de commandes se compose de projets français.

Si Enertime s'attaque aujourd'hui à la Bourse, c'est plus pour améliorer son bilan face à BPI, à la COFACE et au marché, et asseoir sa crédibilité vis-à-vis de ses clients, que par besoin de cash pour des investissements industriels. L'entreprise vise une levée de fonds de 5 millions d'euros, plus faible qu'attendu suite aux récentes déclarations de ses dirigeants. Dans un contexte boursier morose sur fond de Brexit, ils ne veulent surtout pas décevoir les investisseurs.  Les fonds Siparex et Amundi, ses actionnaires historiques, ainsi que le fonds Calao, renouvellent leur confiance à Enertime en s'engageant à souscrire, avec le management, 2,1 millions. Les actions du groupe peuvent être souscrites depuis ce mercredi 15 juin et jusqu'au 1er juillet, avec une fourchette indicative de prix compris entre 7,65 euros et 10,35 euros par action. La part du capital détenue par les fondateurs, de 32% avant l'introduction en Bourse, devrait baisser à près de 24% et le flottant s'établir à 16%.

Un marché français de 100 millions d'euros

Avec un chiffre d'affaires de 500 000€ en 2015, un carnet de commandes de quelque 7,1 millions d'euros à réaliser sur 2016 et 2017 et un projet de 7,5 millions en négociation pour 2017, Enertime vise une quarantaine de projets à 5 ans pour environ 100 millions d'euros de revenus. A moyen terme, l'objectif est de rester parmi les cinq leaders mondiaux. Sur un marché de la récupération de chaleur en pleine accélération (+ 500% entre 2010 et 2015) qui pèse aujourd'hui rien qu'en France environ 100 millions, Enertime ne compte en effet que peu de concurrents : General Electric, Turboden (filiale de Mitsubishi Heavy Industry), les américains Ormat et les italiens Exergy.

"Nous avons un boulevard devant nous, à condition d'un peu de capital", veut croire Gilles David. En plus d'améliorer le bilan pour faire bonne figure auprès des clients et des banques, la levée de fonds doit servir à renforcer les équipes commerciales, notamment à ouvrir une filiale en Chine. "Nous fabriquons en France des équipements vendus dans le reste du monde. Nous restons une société innovante et industrielle pour qui le numérique n'est qu'un moyen", insiste Gilles David.

Dominique Pialot

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 15/06/2016 à 23:38
Signaler
Des récupérateurs de chaleur pour alimenter les batteries des chargeurs de véhicules électriques !

à écrit le 15/06/2016 à 22:52
Signaler
Ce qui est complémentaire aussi vues les multiples sources de chaleur perdues dans le monde sont des récupérateurs de chaleur comme Ecostock d'Eco-Tech Ceram solution de valorisation de l'énergie par stockage et transport de chaleur qui mérite aussi ...

à écrit le 15/06/2016 à 22:40
Signaler
Le seul marché français d'Enertime est important. Les systèmes ORC (à cycle Organique de Rankine) sont en effet encore à peine utilisés en France en comparaison de l’Allemagne, l’Autriche, les Etats-Unis ou l’Italie qui les exploitent déjà énormément...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.