Nucléaire : la Cour des comptes veut plus de méthode dans la gestion des déchets

Toutes les options ne sont pas suffisamment prises en compte dans la politique de gestion des déchets nucléaires, dont il convient d'anticiper davantage les capacités de stockage en fonction des quantités de matières attendues, estime la Cour des comptes dans un rapport publié jeudi.
(Crédits : Charles Platiau)

Rappelant que 72% de l'électricité produite en France en 2018 était d'origine nucléaire - fournie par 58 réacteurs vieillissants -, la Cour relève que des "investissements importants" devront être consentis sur la prochaine décennie dans les centrales comme dans les installations d'entreposage de matières et déchets.

"Il est nécessaire de tenir compte des effets de rétroaction entre l'amont et l'aval du cycle", d'autant que "les échelles de temps des projets nucléaires sont très longues".

"Les décisions qui sont prises aujourd'hui dans le domaine du nucléaire emportent ainsi des conséquences pour de nombreuses générations à venir", pointent les sages de la rue Cambon, regrettant que ces questions aient été largement absentes du débat public.

Il s'agit de gérer tant les espaces d'entreposage provisoire des déchets avant leur valorisation ou leur enterrement que le stockage en profondeur, et aussi de retraiter des déchets déjà anciens.

"Plusieurs alternatives possibles"

A cet égard, "la fermeture d'un nombre important de réacteurs de 900 MW moxés (utilisant du MOX, combustible utilisant des combustibles usés retraités, ndlr) conduirait à la baisse de la quantité de combustibles usés retraités et donc à la saturation des piscines d'entreposage. Pour éviter ce risque, plusieurs alternatives sont possibles, dont celle retenue par la programmation pluriannuelle de l'énergie, qui consiste à 'moxer' les réacteurs 1.300 MW. Si la faisabilité technique de cette solution était confirmée, elle nécessiterait la mise en oeuvre d'investissements significatifs", note la Cour.

"Afin d'éclairer de manière complète et objective les décisions de politique publique, la comparaison économique et environnementale des alternatives est nécessaire mais les données et études manquent sur ce sujet", regrette-t-elle.

La comparaison économique des différents scénarios possibles (maintien du cycle actuel, abandon du retraitement, développement des réacteurs à neutrons, etc.) "n'a pas été réalisée de façon exhaustive pour la situation française", indique-t-elle, jugeant ces données "indispensables".

Or, la gestion des déchets compte pour environ 10% du coût de production de l'électricité nucléaire, et les dates de prises de décisions relatives au renouvellement des installations de retraitement des combustibles usés à La Hague (Manche) approchent.

En outre, le financement des dépenses futures - un devis de 69 milliards d'euros à la fin 2017 - doit, selon la Cour, être "mieux contrôlé", et les exploitants (EDF, Orano, CEA) doivent "constituer des provisions comptables pour être en mesure de faire face à leurs charges futures".

"Il importe que les capacités d'évaluation du ministère de la Transition écologique et solidaire soient renforcées afin d'apprécier de façon plus précise et complète les aspects techniques, économiques, financiers et environnementaux des enjeux de gestion des matières et déchets radioactifs", plaide la Cour des Comptes.

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Commentaire 1
à écrit le 04/07/2019 à 18:02
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Que personne ne s’inquiète, on va mutualiser les dépenses à venir. Les bénéfices quant à eux seront privatisés et on nous fera payer plus cher une électricité qui sera juste exploitée. Vive l’UE

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