Orano va investir 15 millions d'euros dans un laboratoire d'isotopes stables

Le groupe nucléaire va produire sur le site de la centrale du Tricastin des isotopes stables, forme d'atomes aux multiples applications. Une communication qui tombe à point nommé, quand, sur ses activités traditionnelles, les difficultés s'accumulent.
Cette nouvelle activité de haut niveau technologique est une première en France.
"Cette nouvelle activité de haut niveau technologique est une première en France". (Crédits : BENOIT TESSIER)

Orano, spécialisé dans le recyclage des déchets nucléaires, cherche à diversifier ses activités. L'industriel français, dans lequel l'Etat est désormais actionnaire à près de 80% à la suite du rachat des 9,4% de parts d'Areva cet été, a annoncé lundi l'ouverture du premier "laboratoire isotopes stables" en France, sur le site de la centrale du Tricastin dans la Drôme. La finalité de ces isotopes, formes non radioactives des atomes, est d'intéresser plusieurs secteurs dont le médical pour le diagnostic et le traitement des cancers, le secteur industriel (augmentation de la performance des lasers) et le domaine de la recherche fondamentale (informatique quantique), précise Orano dans un communiqué.

Aussi, pour développer ce nouveau segment, Orano compte réaliser un investissement de 15 millions d'euros afin de proposer les premières productions attendues "au second semestre 2023".

La nouvelle installation, d'une superficie de 3.200 mètres carrés, emploiera une vingtaine de personnes hautement qualifiées, précise Orano.

"Leur demande ne cesse de croître", ajoute le groupe plutôt spécialisé dans le cycle du combustible nucléaire: mines, enrichissement de l'uranium, recyclage des combustibles usés mais aussi logistique, démantèlement et ingénierie.

"Cette nouvelle activité de haut niveau technologique est une première en France. Avec la production d'isotopes stables, nous innovons et nous explorons de nouveaux champs d'application de nos technologies hors du domaine nucléaire. A l'heure où le sujet de la souveraineté revient en force, nous y contribuons avec ce nouvel investissement industriel en France", a souligné Philippe Knoche, directeur général d'Orano, cité dans le communiqué.

Les difficultés de l'activité nucléaire

Dans le même temps, le groupe nucléaire est dans le collimateur de l'ONG Greenpeace venue protester mardi devant le siège à Châtillon (Hauts-de-Seine) contre "des exportations d'uranium de retraitement français vers la Russie". Greenpeace conteste depuis longtemps le classement en "matières nucléaires" - donc considérés comme recyclables - des combustibles nucléaires usagés, réclamant leur classement comme "déchets nucléaires" donc non-recyclables et dont l'exportation est très strictement encadrée par l'Union Européenne.

Autre source d'inquiétude pour le français, l'arrêt de l'une de ses deux usines de retraitement de déchets nucléaires, situées à La Hague (Manche), pour au moins deux mois, à la suite notamment d'un problème de corrosion, a appris l'AFP vendredi auprès du site. Cet arrêt est lié notamment à un problème sur des évaporateurs, des cuves très irradiantes, sous haute surveillance depuis 2016 en raison d'une corrosion plus rapide que prévue.

Enfin, après les pertes liées au Covid, Orano doit rapidement consolider les profits. En juillet, l'industriel a confirmé qu'il attendait un retour à la croissance cette année, après un premier semestre au cours duquel il est revenu dans le vert mais a été toujours pénalisé par la pandémie au Canada. Son bénéfice net a atteint 316 millions d'euros au premier semestre, contre une perte nette de 212 millions d'euros un an plus tôt.

Le chiffre d'affaires a pour sa part progressé de 5,7% à 1,8 milliard au premier semestre.

(Avec AFP)

Lire aussi 3 mnOrano : l'Etat rachète l'ensemble de la participation d'Areva

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Commentaires 2
à écrit le 13/10/2021 à 10:15
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La filière d'excellence française est résiliente. 30 ans de prosternation de nos politiques et du Corps des Mines devant le lobby escrologique n'auront pas réussi à la tuer. La France n'a pas dit son dernier mot !

à écrit le 12/10/2021 à 14:42
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Quand on synthétisait des molécules marquées au 13C, 2H, 15N je ne sais pas d'où venait la "matière première". 14C c'était Russie, ou le Canada pour les fortes teneurs isotopiques (>95%). Souvenir souvenir. Les techniques d'analyse ont évolué, les m...

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