Arabie saoudite : confusion autour de la plus grande introduction en Bourse de l'histoire (Aramco)

Le ministre saoudien de l’Énergie a démenti jeudi 23 août une annulation du projet d'introduction en Bourse de la compagnie pétrolière Saudi Aramco, contrairement à des informations parues dans la presse hier soir. Pour autant, les doutes des analystes, refroidis par les reports successifs et surtout les réticences de la major saoudienne à se soumettre aux obligations de transparence des sociétés cotées, pourraient avoir raison de l'enthousiasme -et de la convoitise- des marchés alléchés par cette IPO présentée par le Prince comme "la plus importante de l'histoire".
Le ministre saoudien de l’Énergie Khaled al-Faleh a démenti ce jeudi 23 aoûtdans un communiqué le gel de l'introduction en Bourse de la compagnie pétrolière nationale Saoudi Aramco. (Photo : le ministre, lors d'une réunion de l'Opep, en novembre 2017).
Le ministre saoudien de l’Énergie Khaled al-Faleh a démenti ce jeudi 23 aoûtdans un communiqué le gel de l'introduction en Bourse de la compagnie pétrolière nationale Saoudi Aramco. (Photo : le ministre, lors d'une réunion de l'Opep, en novembre 2017). (Crédits : Reuters)

Contrairement à des informations diffusées hier soir par l'agence Reuters, l'Arabie saoudite a annoncé ce jeudi 23 août être toujours engagée à mettre en Bourse le géant pétrolier public Aramco, rejetant les informations selon lesquelles elle aurait renoncé à ce projet.

"Le gouvernement reste attaché à l'introduction en Bourse de Saudi Aramco au moment où il le jugera opportun quand les conditions (du marché) seront optimales", a indiqué le ministre saoudien de l'Energie Khaled al-Faleh dans un communiqué.

La veille, citée par Reuters, une source saoudienne informée du projet d'IPO déclarait :

"La décision d'annuler cette IPO a été prise il y a un certain temps mais personne ne peut l'avouer publiquement donc les déclarations vont progressivement dans ce sens: d'abord un report puis un abandon".

L'Arabie saoudite s'est séparée des conseillers financiers travaillant sur cette opération car elle concentre désormais son attention sur un projet de prise d'une "participation stratégique" par Aramco au capital du groupe pétrochimique Saudi Basic Industries Corporation (Sabic), numéro quatre mondial de son secteur, avaient dit deux sources à Reuters..

Plan de diversification de l'économie lancé par le prince ben Salmane

Le prince avait annoncé en 2016 le projet de cession sur le marché d'environ 5% de Saudi Aramco - via une cotation aussi bien en Arabie saoudite qu'à l'international - disant alors que la transaction valorisait l'entreprise à au moins 2.000 milliards de dollars (1.726 milliards d'euros).

Ce projet est au coeur d'un plan de diversification de l'économie lancé par le prince héritier Mohammed ben Salmane afin de stimuler l'économie du royaume.

Le ministre a refusé d'avancer une date, et réaffirmé que cela dépendait de "plusieurs facteurs, notamment des conditions de marchés favorables ainsi que l'acquisition d'actifs pétroliers dans l'aval prévue dans les prochains mois".

Une opération dont les reports successifs font douter les analystes

M. al-Faleh n'a pas donné plus de précisions sur les actifs en question. Toutefois le PDG d'Aramco, Amine Nasser, avait confirmé le mois dernier l'existence de pourparlers préliminaires pour une prise de participation dans Sabic, la quatrième plus grande firme de pétrochimie du monde, détenue à 70% par le Fonds d'investissement public du royaume saoudien (PIF). Sabic est la plus grosse firme cotée sur le marché financier de Ryad avec une capitalisation d'environ 100 milliards de dollars (85 milliards d'euros).

La cession d'une part minoritaire dans Aramco (environ 5%) a été reportée à plusieurs reprises depuis son annonce en 2016. Les dirigeants de la société publique ont invoqué officiellement des conditions défavorables sur les marchés financiers pour repousser l'introduction qui devait avoir lieu cette année. Ce qui a poussé les analystes à douter qu'elle ait vraiment lieu.

Un manque de transparence qui pourrait assécher la convoitise des marchés

Ces doutes ont été renforcés mercredi soir par des informations de presse sur un arrêt de ce projet d'IPO de la part des autorités et sur la dissolution de l'équipe de conseillers financiers qui était chargée de le mener.

Les places financières de Londres, New York et Hong Kong espèrent toutes recevoir une partie du gâteau de cette entrée en Bourse tant attendue.

Mais les experts doutent qu'Aramco puisse arriver à être évaluée à 2.000 milliards de dollars comme le souhaite le prince héritier. Et l'entreprise semble réticente à faire l'objet d'un audit approfondi comme l'exigerait une éventuelle entrée en Bourse, ce qui expliquerait les retards de l'opération.

(Avec AFP e tReuters)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 23/08/2018 à 13:22
Signaler
Enthousiasme des marchés ? C'est un bien grand mot. Même si c'est coté à New York, Londres, Francfort, Aramco ne peut être inclus dans les indices donc l'intérêt des fcp internationaux sera très relatif sinon nul (benchmark). De plus, pour être coté...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.