Réforme de l'IRSN : le Conseil d'administration alerte sur un risque de « paralysie » de la sûreté nucléaire

Le Conseil d'administration de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a voté, jeudi, une motion d'alerte destinée à prévenir le gouvernement des risques de « paralysie » de la sûreté nucléaire. Elle fait suite à l'annonce, le 8 février, de la possible réunion des équipes de deux organismes majeurs : celle de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et celles de son bras technique, l'IRSN. Un projet qui inquiète particulièrement les syndicats.
L'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) est né il y a vingt ans du rapprochement de l'OPRI (l'Office de protection contre les rayonnements ionisants) et de l'IPSN (l'Institut de protection et de sûreté nucléaire), historiquement rattaché au Commissariat à l'énergie atomique (CEA).
L'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) est né il y a vingt ans du rapprochement de l'OPRI (l'Office de protection contre les rayonnements ionisants) et de l'IPSN (l'Institut de protection et de sûreté nucléaire), historiquement rattaché au Commissariat à l'énergie atomique (CEA). (Crédits : Wikimedia Commons)

L'incompréhension demeure à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) après l'annonce du gouvernement le 8 février de sa volonté de réunir les équipes de deux organismes majeurs pour la sûreté nucléaire : celle de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et celle de son bras technique, l'IRSN. Ce dernier, né il y a 20 ans de la fusion entre l'Office de protection contre les rayonnements ionisants (OPRI) et l'Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN, historiquement rattaché au Commissariat à l'énergie atomique ou CEA), pourrait alors disparaître.

Lire aussiSûreté nucléaire : inquiétudes après l'annonce surprise de la fusion entre l'ASN et son bras technique

Or, le projet gouvernemental de réorganisation surprise interroge les experts et, surtout, inquiète les syndicats qui ont prévu de faire part de leurs craintes à la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, celle-ci devant les recevoir ce vendredi en fin de journée. Ils comptent également revenir, lundi, un peu plus nombreux, afin de manifester sous les fenêtres du ministère, avec les salariés en grève ce jour-là.

Une motion d'alerte votée

Pour appuyer leurs protestations, le conseil d'administration de l'IRSN a voté jeudi une motion alertant sur un risque de « paralysie » de la sûreté nucléaire, a-t-on appris, ce vendredi auprès de l'intersyndicale.

« Le conseil d'administration alerte le gouvernement et appelle à la vigilance sur le risque de départs du personnel de l'IRSN pouvant entraîner une paralysie du système de contrôle en radioprotection et sûreté nucléaire », indique cette motion votée à une très large majorité (18 voix pour, 4 contre, 2 abstentions), selon l'intersyndicale de l'institut.

Concrètement, l'exécutif entend scinder et répartir les compétences -donc les experts et scientifiques- de l'IRSN chargé de la recherche et de l'expertise sur les risques nucléaires et radiologiques au sein de trois autres organismes : l'ASN, son équivalent dans le monde militaire, le DSND, et le CEA, organisme public chargé de la recherche dans le nucléaire et les nouvelles énergies. L'objectif : « fluidifier les processus d'examen », avait indiqué l'exécutif au moment de l'annonce qui faisait suite à une décision prise lors du Conseil de politique nucléaire, réuni le 3 février dernier par Emmanuel Macron, et auquel l'IRSN n'était pas convié.

Le conseil d'administration de l'IRSN compte 25 membres, dont une députée, un sénateur, dix représentants de l'Etat, cinq personnalités qualifiées nommées par décret et choisies en raison de leur compétence dans le domaine d'activité de l'Institut, et huit représentants élus des personnels de l'établissement.

Ainsi, si cette motion a seulement une « portée symbolique », au regard de la composition du conseil d'administration, « cela veut dire que des représentants de l'Etat ont voté pour cette résolution », selon l'intersyndicale, qui y voit « une première reconnaissance de ce que nous défendons ».

Car, pour les syndicats, cette réforme fait planer le risque d'une fin de la structure « duale » du système de sûreté français (ASN/IRSN), certains y voyant une manière de mettre au pas l'institut.

Crainte de voir la disparition de la branche recherche

Ils craignent également de voir partir au CEA la branche recherche de l'IRSN, qui alimentait l'expertise.

Une « diaspora » des experts de l'IRSN « aurait pour conséquence de priver la France de sa capacité de recherche et d'expertise à un moment crucial marqué par les défis de l'allongement de la durée de vie des réacteurs existants et de la création de réacteurs de nouvelle génération », souligne la motion.

Lire aussiRelance du nucléaire : le gouvernement veut gagner deux à trois ans sur la construction des EPR 2

Le conseil d'administration rappelle également au gouvernement dans cette motion le rôle de l'IRSN dans « la protection des travailleurs, de la population et de l'environnement contre les rayonnements ionisants avec un large spectre, la gestion de crise et des situations post-accidentelles, les usages de la radioactivité dans les domaines industriel, médical et militaire ».

(avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 19/02/2023 à 4:19
Signaler
Pourquoi fragiliser et désorganiser un système qui est l'un des plus performant de la planète ? Ah, oui, c'est vrai : -il faut "fluidifier" les dossiers de validation des extensions de durée de vie des réacteurs nucléaires de 50 à 60 ans -il fa...

à écrit le 18/02/2023 à 1:09
Signaler
Il y a urgence a modifier cette structure pour qu'elle arrête ses positions extrêmes qui ont conduit à arrêter toutes les centraled pour la présomption d'un défaut de soudure de quelques mm sur une conduite de plusieurs centaines de mètres et ne cont...

à écrit le 17/02/2023 à 17:24
Signaler
L'intérêt d'un tel regroupement n'est pas explicité.En général on modifie pour améliorer!.On ne change pas ce qui marche correctement comme cela est le cas depuis de nombreuses années

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.