Solaire : Saint-Étienne passe au vert

À l’issue d’un appel à initiative privée, la métropole stéphanoise va couvrir 150 bâtiments publics de panneaux solaires d’une puissance totale de 30 mégawatts, dont les deux tiers seront installés par GreenYellow, filiale du groupe Casino.
Dominique Pialot
GreenYellow va notamment couvrir d'ombrières photovoltaïques les parkings du mythique stade Geoffroy Guichard
GreenYellow va notamment couvrir d'ombrières photovoltaïques les parkings du mythique stade Geoffroy Guichard (Crédits : GreenYellow)

C'est une première en France. Saint-Étienne Métropole se lance dans un vaste programme de solarisation de son patrimoine, englobant des bâtiments tels que la quasi-totalité des bâtiments scolaires mais aussi des sites emblématiques comme les parkings du stade Geoffroy-Guichard, le Musée d'Art Moderne ou encore l'Opéra.

Gaël Perdriau, maire de la ville et président de la Métropole  qui rassemble 53 communes et 406.000 habitants, a lancé en 2018 un appel à initiative privée, « un outil rarement utilisé par les collectivités », remarque Otmane Hajji, directeur général de GreenYellow, filiale du groupe Casino - dont Saint-Étienne est le berceau depuis 120 ans - spécialisée dans la transition énergétique, notamment l'efficacité énergétique et le solaire. « Nous avons remporté quatre des cinq lots, autoconsommation, petites toitures, ombrières de parking et la friche industrielle de Novaciéries », se réjouit-il. Le cinquième lot a été remporté par la coopérative de citoyens Énergies Partagées, face à de plus gros acteurs (tels que EDF et Engie, avec qui GreenYellow a créé Reservoir Sun, une co-entreprise destinée à développer ensemble les projets remportés par l'un ou l'autre des partenaires).

200.000 mètres carrés de photovoltaïque

C'est la première fois qu'un projet d'une telle ampleur voit le jour à l'initiative d'une collectivité. Le signe, selon Otmane Hajji  « d'une forte volonté politique et d'une sensibilité des acteurs locaux. »

« Depuis 2014 nous avons fait de la transition écologique un axe fort de la mandature », affirme Sylvie Fayolle, en charge du développement durable et de l'énergie à la métropole, et maire de l'une des 53 communes. « Saint-Étienne a toujours été une terre d'innovation et d'expérimentation

Après avoir participé aux appels d'offres nationaux (Territoires à énergie positive, villes respirables, etc.) la collectivité a notamment décidé de se doter de solaire. D'abord à l'occasion de travaux de rénovation, « puis nous nous sommes dit que la Métropole devait donner le tempo et le modèle, c'est pourquoi nous avons entrepris de recenser tous nos bâtiments publics susceptibles d'accueillir des panneaux » explique la vice présidente de Saint-Etienne Métropole.

Les lots remportés par GreenYellow représentent 91 sites, mais ce sont 150 bâtiments qui sont concernés au total, soit une surface totale de 200.000 mètres carrés. C'est cette approche globale, à l'inverse du saupoudrage que l'on observe habituellement, qui fait l'originalité de la démarche. « Ce grand plan permet d'avoir de la visibilité, sans conflit d'usage », remarque encore le DG de GreenYellow, qui tient également à souligner l'intérêt du modèle économique.

Les 20 MW (sur un total de 30 MW que représente le projet dans sa globalité) qui seront installés par l'entreprise correspondent à un investissement de 25 millions d'euros. « Or, ce n'est pas un sujet prioritaire pour une collectivité, elle ne dispose pas de budget dédié à ce type de programme, et elle a besoin de partenaires pour l'industrialisation du process. »

En l'espèce, la collectivité loue les surfaces à GreenYellow qui réalise l'investissement et se rémunère par la vente d'électricité, à la fois sous forme d'autoconsommation et par injection dans le réseau, à l'opérateur historique ou à un agrégateur. « On soulage la collectivité de la lourdeur administrative, c'est une opportunité pour elle de valoriser son patrimoine et de payer son énergie moins cher et pour nous c'est un levier de diversification de notre portefeuille », détaille Otmane Hajji.

Bus et tramways alimentés à l'électricité solaire

Ce genre de projets, qui exige un gros travail de concertation, entamé avec les équipes de la métropole depuis 2017, permet aussi à des acteurs semi-publics de s'y greffer. Ainsi STAS (Transports urbains Saint-Étienne Métropole), filiale de Transdev, a pour sa part lancé un projet de 2 MW pour assurer l'autonomie énergétique d'un gros site d'entreposage en autoconsommation, le surplus injecté dans le réseau correspondant à environ 25% de la consommation des bus et tramways stéphanois.

Forte de ce succès, GreenYellow est en discussion avec d'autres métropoles, dont Bordeaux. La filiale de Casino espère tripler son portefeuille de projets en exploitation ou en construction dans les trois ans, ce qui le porterait de 150 à 450 MW, une croissance qui se ferait en France, mais également en Amérique Latine, Asie du Sud-Est et dans l'Océan Indien, où elle est déjà très présente.

Dominique Pialot

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Commentaires 2
à écrit le 06/07/2019 à 11:03
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D'une part, rien que ça, un toit de supermarché en panneaux solaires est bien plus beau que leurs toits en taule ondulée que l'on nous a affublé jusqu'à la nausée, redonnant ainsi en plus de la valeur au bâtiment. C'est bien mieux que de gaspille...

à écrit le 05/07/2019 à 17:57
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Un truc intéressant est de couvrir les parkings en produisant de l'électricité, ombre pour les voitures et énergie à la fois (comme à Corte en Corse, parking du Géant Casino); ça aide à moins utiliser la clim avec des voitures moins "bouillantes" en ...

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