
En annonçant le 17 octobre, avec le patron de Casino, le lancement de leur co-entreprise, Isabelle Kocher, directrice générale d'Engie, n'a pas manqué de rappeler une nouvelle fois sa confiance dans le développement du solaire, y compris dans des zones tempérées. D'ailleurs le groupe développe environ un gigawatt (GW) par an en France. Casino de son côté, ou plutôt sa filiale GreenYellow, créée il y a 10 ans, est devenu l'un des leaders du solaire décentralisé en France.
« Nous avons beaucoup de surfaces disponibles dans de nombreux pays et régions ensoleillés », observe le PDG du groupe Jean-Charles Naouri, pas peu fier d'avoir osé créer GreenYellow il y a 10 ans, à une époque où l'initiative apparaissait nettement plus risquée qu'elle ne le serait aujourd'hui. GreenYellow, dont Casino vient d'ouvrir le capital à Bpifrance et au fonds Tickehau, emploie aujourd'hui 200 personnes, en France et à l'international. Le distributeur, qui a commencé par équiper ses propres bâtiments, propose depuis peu ses services à d'autres, y compris d'autres acteurs de la grande distribution, alimentaire ou non, en France et à l'étranger.
100 millions d'euros investis chaque année pour devenir numéro un en France
Pourquoi donc ont-il décidé de créer Reservoir Sun, une co-entreprise à 50/50 ciblée sur ce créneau ? Fervent défenseur de la décentralisation énergétique mais surtout habituée aux grands projets, Engie veut accélérer sur ce marché. Côté Casino, on ne cache pas l'intérêt du portefeuille de 45.000 clients B to B de son partenaire, qui lui permettra d'étendre son champ de prospection aux bâtiments (piscines, hôpitaux, etc.) opérés par les municipalités, auprès desquelles l'énergéticien est bien introduit.
Ensemble, ils entendent développer chaque année pour environ 100 megawatts (MW) de projets auprès d'entreprises et de collectivités, au rythme d'environ un projet par jour et pour un investissement de 100 millions d'euros. Ils évaluent entre 500 MW et 1 GW le potentiel annuel français, constitué de toitures de supermarchés, d'ombrières de parkings, d'entrepôts, de hangars agricoles, ou encore de friches foncières non valorisables. Avec cette part de marché entre 10 et 20%, ils ambitionnent de faire de Reservoir Sun le leader de l'autoconsommation en France.
Un ancien client d'EDF sur dix choisit CDiscount
Les deux partenaires, qui vont dédier chacun dix salariés à la nouvelle entreprise et en recruter dix autres ensemble, se partageront la gouvernance d'une entité destinée à servir de « réservoir » à tous les projets d'une puissance comprise entre 100 et 1.000 kW qui tomberont dans l'escarcelle de l'un ou l'autre. 50 projets existants y seront versés d'entrée de jeu. Le modèle repose sur la mise à disposition des surfaces, et la revente de l'électricité ainsi produite aux exploitants des bâtiments, à un prix de 10 à 15% en-dessous du niveau des tarifs réglementés, et pour un volume correspondant à 20 à 25% de leur consommation. Cette proportion peut être plus importante si le dispositif est complété de systèmes de stockage.
Pour l'heure, les deux groupes n'affichent pas d'objectifs communs en dehors des frontières hexagonales. Chacune des deux entités continuera de développer les projets d'une puissance supérieure à 1.000 kWc (1 MWc). GreenYellow est par ailleurs le fournisseur des abonnés à l'offre électrique de CDiscount. Cette autre filiale de Casino, qui vise 10% de parts de marché grâce à son offre la plus compétitive, lancée il y a neuf mois, affirme être sur la bonne trajectoire. « Un client sur dix qui quitte EDF vient chez nous », affirme ainsi Otmane Hajji, son président. Ce qui reste encore loin des 10% du marché, puisque l'opérateur historique, tout en perdant quelque 100.000 clients par mois, en détient toujours 80%.
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