Ukraine : face à la hausse des prix, l’Etat débloque une nouvelle aide pour les entreprises énergivores

L'Etat va subventionner les entreprises très consommatrices d'énergie afin de compenser les pertes engendrées par la flambée des cours, aggravée par le déclenchement la guerre en Ukraine, a annoncé mercredi le Premier ministre. Si les représentants des industries concernées saluent cette nouvelle mesure - estimée à 3 milliards d'euros -, plusieurs modalités pratiques restent cependant encore à définir, notamment sur le périmètre d’application et le calcul des surcoûts. Explications.
Marine Godelier
(Crédits : Reuters)

Alors que partout en Europe, les prix de l'énergie continuent d'exploser, dopés par la guerre russo-ukrainienne, de nombreux industriels craignent pour leur activité. Et notamment les énergo-intensifs, dont une partie du chiffre d'affaires dépend des dépenses en électricité et en gaz, nécessaires pour leur production. Force est de constater que, malgré la mise en place de mesures de court terme comme le relèvement du quota d'électricité à qu'EDF devra céder à prix cassés en 2022, ils continuent d'essuyer de lourds surcoûts.

Dans ces conditions, et afin d'éviter les conséquences en chaînes que pourrait entraîner la fermeture des sites concernés, « l'Etat sera au rendez-vous », a promis le premier ministre, Jean Castex, en présentant mercredi 16 mars un « plan de résilience économique et social » face aux conséquences du conflit en Ukraine. Non pas dans une philosophie du « quoi qu'il en coûte », mais en mettant en oeuvre une « réponse ciblée », pour « protéger les entreprises les plus touchées », a complété le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.

« Notre économie fonctionne, elle reste dynamique, et elle doit surtout le rester. [...] Nous devons agir, mais le faire avec les bons instruments et en accompagnant spécifiquement les secteurs les plus en difficulté, et notamment les entreprises qui se trouveraient directement frappés par l'augmentation des prix de l'énergie », a ainsi justifié Jean Castex.

Concrètement, le gouvernement compte mettre en place une subvention à destination de ces entreprises, dans la limite de 25 millions d'euros, et dont le coût pour l'Etat s'élèvera, selon les premières évaluations, à 3 milliards d'euros. Cette mesure s'ajoutera donc à l' « effort » de 22 milliards d'euros déjà annoncé pour limiter la hausse des prix de l'énergie pour les ménages, à travers le « bouclier tarifaire ».

Lire aussi 8 mnÉnergie : les industriels frappés de plein fouet par la flambée des prix

Trois critères d'éligibilité

Les industriels devront remplir trois conditions afin d'être éligibles à cette nouvelle aide, qui permettra « la prise en charge de la moitié du surplus de leurs dépenses énergétiques », selon Jean Castex. D'abord, ils devront avoir subi une hausse d'au moins « 40% de leurs factures d'électricité ou de gaz depuis le début de la guerre », a précisé Bruno Le Maire. Par ailleurs, la subvention ne pourra bénéficier qu'aux entreprises dont les dépenses de gaz et d'électricité représentent « au moins 3% de leur chiffre d'affaires », et qui pourraient « réaliser des pertes d'exploitation sur 2022 ».

Selon une évaluation préalable, il s'agit notamment des industries métallurgique, chimique et du papier carton, ainsi que de plusieurs industries agro-alimentaires, « comme les sucreries qui doivent chauffer leurs produits », et de certaines productions agricoles, a listé le ministre de l'Economie.

« C'est une mesure très positive, qui répond aux points de vigilance sur lesquels nous avions attiré l'attention », réagit-on à l'Union des industries utilisatrices d'énergie (UNIDEN).

« La solution se trouve dans des solutions ciblées comme celles-ci, plutôt que dans des mesures d'arrosage. Il faut toucher les entreprises où il y a vraiment une surexposition aux tarifs de l'énergie, afin d'éviter les effets d'aubaine », glisse à La Tribune son président, Nicolas de Warren.

Des modalités encore floues

Cependant, les modalités pratiques de mise en oeuvre de la mesure restent pour l'heure inconnues. Celles-ci « font encore l'objet de discussions au niveau européen » et seront « dévoilées dans les tous prochains jours », a fait valoir Bruno Le Maire.

« Les questionnements portent notamment sur le périmètre exact de cette aide. Doit-elle s'appliquer aux sociétés, ou sur certains sites seulement, très énergo-intensifs, de sociétés qui elles ne le sont pas forcément ? », s'interroge Nicolas de Warren. Par ailleurs, la base de référence du calcul des surcoûts de 40% devra également faire l'objet de précisions. Enfin, la notion même de perte d'exploitation afférente au coût de l'énergie devra également être détaillée, afin d'identifier au niveau comptable ce qui relève de pertes liées à la crise énergétique actuelle.

Lire aussi 5 mnCrise de l'énergie : l'Etat impose à EDF de vendre plus d'électricité nucléaire à prix cassé

Marine Godelier

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 17/03/2022 à 8:18
Signaler
Et ils suppriment les aides aux logements aux petits vieux en minimum vieillesse entretenant la médiocrité totale d'une classe dirigeante économique sous perfusion d'argent public. A quand le calcul du coût du capital ? Faut être un minimum courageux...

à écrit le 17/03/2022 à 0:48
Signaler
Vive le capitalisme de gauche...

à écrit le 16/03/2022 à 20:14
Signaler
et pendant ce temps on oblige les francais a mettre leur voiture a la casse et a isoler leur logement pour 50.000 euros pour sauver la planete!! le grand ecrat entre le pragmatisme et le fascisme d'extreme gauche tolerant

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.