Véhicules électriques : NW Storm lève 300 millions d'euros pour déployer ses hyperchargeurs

Cette opération valorise la société française 1,5 milliard d'euros, la hissant au rang de première licorne française de la transition énergétique. Pour percer sur le marché très concurrentiel des bornes de recharge, NW mise sur son modèle hybride inédit, couplant système de stockage sur batteries et chargeurs pour véhicules électriques.
Juliette Raynal
Une première station de recharge, couplée à un système de stockage sur batterie, a été inauguré en octobre dernier près de Rennes, en Bretagne.
Une première station de recharge, couplée à un système de stockage sur batterie, a été inauguré en octobre dernier près de Rennes, en Bretagne. (Crédits : NW Storm)

"J'ai commencé il y a 4 ans avec un stagiaire, et, à la fin de l'année, nous serons 100 collaborateurs", raconte fièrement Jean-Christophe Kerdelhué, à la tête de NW Storm,  filiale de NW Groupe, spécialisée dans le stockage d'électricité et les bornes de recharge. L'entrepreneur a bien d'autres raisons de se réjouir. Il officialisera à 17h, ce mercredi 29 juin, une levée de fonds de 300 millions d'euros auprès du fonds d'infrastructure RGreen, en compagnie d'Agnès Pannier-Runacher.

La présence de la ministre de la Transition énergétique n'est pas anodine. Elle est là pour célébrer le statut de première licorne française de la transition énergétique, que revendique Jean-Christophe Kerdelhué. L'opération valorise, en effet, la société NW Storm 1,5 milliard d'euros, contre 100 millions d'euros lors de sa précédente levée de fonds de 35 millions d'euros. Rgreen, actionnaire historique de l'entreprise, détient désormais 40% du capital, contre 23,5% auparavant.

Première licorne française de la transition énergétique

Jean-Christophe Kerdelhué, ancien dirigeant d'EDF Renouvelables (à l'époque EDF Energies nouvelles) quitte l'énergéticien tricolore en 2007 pour se lancer dans l'entrepreneuriat. Il crée alors une société spécialisée dans le développement de centrales photovoltaïques et de projets éoliens. Entre-temps, l'entreprise grandit et se diversifie. Désormais, NW Groupe chapeaute deux entités : NW Energy, pour le solaire et l'éolien, et NW Storm, qui chapeaute le stockage d'électricité et, depuis peu, la mobilité électrique.

Aujourd'hui, grâce à ce tour de table XXL, Jean-Christophe Kerdelhué entend se positionner sur le marché, de plus en plus concurrentiel, des bornes de recharge haute puissance (150 KW et plus) pour les véhicules électriques. Marché sur lequel se côtoient des mastodontes comme TotalEnergies, Tesla ou encore le consortium de constructeurs automobiles Ionity, qui a récemment levé 700 millions d'euros.

Retrouvez notre dossier spécial - Voiture électrique : enquête sur le "business" des bornes de recharge

Des bornes de recharge couplées à du stockage

Pour tirer son épingle du jeu, NW Storm mise sur son modèle hybride inédit, couplant système de stockage sur batteries et station de recharge, "breveté en France et à l'international", précise Jean-Christophe Kerdelhué.

Concrètement, NW Storm a d'abord déployé dans l'Hexagone des capacités de stockage via 200 stations baptisées JBox. 75 supplémentaires doivent être installées d'ici la fin de l'année, pour une capacité totale de 344 MW. Ces stations prennent la forme de containers dans lesquels sont rangées des batteries. Elles sont installées en périphérie des villes et en zones rurales et sont raccordées au réseau de transport d'électricité haute tension, géré par RTE.

Ces JBox constituent un outil précieux pour RTE car elles permettent de lisser la production d'électricité, c'est-à-dire de stocker l'électricité lors d'un pic de production, au moment d'un épisode venteux où les éoliennes fonctionnent beaucoup par exemple, et de redistribuer cette électricité ultérieurement sur le réseau, lors d'un pic de demande.

Un prix très compétitif

Jean-Christophe Kerdelhué a eu l'idée d'associer à ces batteries, des chargeurs haute puissance pour les véhicules électriques, avec une promesse : récupérer 300 km d'autonomie en seulement 20 minutes.  "C'est un outil idéal pour charger rapidement une voiture électrique. Par ailleurs, l'électricité n'est pas tirée sur le réseau de RTE, mais directement sur la batterie", précise l'entrepreneur. Ce qui permet d'éviter de sur-solliciter le réseau électrique.

NW Storm met en avant un autre élément de différenciation : son prix très compétitif avec un tarif moyen de 30 centimes d'euros le kilowattheure, "quand nos concurrents proposent 60, 70 centimes d'euros", pointe Jean-Christophe Kerdelhué. Si NW Storm affiche une telle différence de prix c'est que tout son modèle économique repose sur l'offre de stockage, qu'il vend à RTE, son unique client. "Je gagne de l'argent sur la solution JBox, c'est un service que je vends au réseau", confirme l'entrepreneur. Cette première activité est rentable et lui permet ainsi d'être déficitaire sur l'offre de recharge pour véhicules électriques. "Sur cette seconde activité, je gagnerai de l'argent, dans 3,4 ou 5 ans", avance Jean-Christophe Kerdelhué.

NW Storm se distingue enfin par son positionnement géographique. "Je vais dans les zones blanches", fait valoir son dirigeant, alors que ses concurrents visent davantage les autoroutes ou encore les grandes agglomérations.

1.000 hyperchargeurs à la fin 2023

Un hub pilote, associant les batteries et la station de recharge, a été inauguré en octobre dernier à Vezin-le-Coquet, près de Rennes. 50 autres stations de recharge doivent être couplées à des JBox d'ici la fin de l'année. "Nous visons 250 stations de recharge d'ici la fin 2023, cela correspond à 1.000 hyperchargeurs", précise le dirigeant.

A plus long terme, l'entreprise brigue les 2.000 batteries Jbox installées et 4.800 hyperchargeurs, dont la moitié serait répartie en France tandis que l'autre moitié serait déployée en Europe et aux Etats-Unis. Ses grandes ambitions devraient être portées par le marché en plein boom des véhicules électriques. L'Hexagone en compte aujourd'hui 600.000, mais entre 7 et 8 millions devraient rouler sur les routes tricolores à l'horizon 2030. Ce rythme de croissance devrait, par ailleurs, s'accélérer avec l'interdiction de la vente des véhicules à moteur thermique dès 2035 dans toute l'Europe.

Si les ventes de voitures électriques et hybrides explosent depuis 2020 en France, le déploiement des bornes ne suit pas encore le rythme. Selon les chiffres de mai dernier, la France compte 62.000 points de recharge, soit 24.722 stations. Toutefois, un peu plus de la moitié d'entre elles (56 %) sont de faible puissance (7,7 à 22 KW).

Juliette Raynal

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