Veolia prêt à dialoguer avec Suez sur "le seul projet sur la table" : le sien

Pour le PDG de Veolia, Antoine Frérot, la "lettre d'intention" des fonds Ardian et GIP ne correspond ni à une offre aux actionnaires ni à un projet industriel. Les discussions qu'il engagera avec Suez porteront donc essentiellement sur le périmètre des cessions d'actifs exigées par son plan de fusion, et sur les acquéreurs potentiels.
Giulietta Gamberini
Toute discussion aura par ailleurs lieu seulement "avec Suez, et non pas avec Ardian", qui s'est juste "mis à la disposition" de ce dernier "pour éventuellement acquérir les actifs cédés".

Antoine Frérot en est convaincu, et l'a martelé à plusieurs reprises lors d'une conférence de presse téléphonique organisée lundi après-midi afin d'exposer son interprétation de la "solution amicale" proposée dimanche soir par Suez :

"Sur la table, il n'y a pas d'offre ni de projet alternatifs à ceux de Veolia".

Pour lui, le communiqué publié la veille par Suez, faisant état d'une "lettre d'intention" des fonds Ardian et GIP ouvrant "la voie à une solution globale avec diverses modalités d'exécution possibles", et permettant ainsi de reprendre "un dialogue avec Veolia", n'est d'ailleurs qu'une conséquence de l'invitation à la transparence avec laquelle il avait ouvert l'année en transmettant son projet d'offre publique d'achat (OPA) à Suez le 7 janvier.

"Les masques sont tombés", estime Antoine Frérot: "Nous avons, d'une part, une proposition de dialoguer du conseil d'administration de Suez, et d'autre part, nous avons compris que du côté d'Ardian et de ses partenaires, il n'y avait pas de contre-offre ".

C'est donc seulement sur sa propre offre et son propre projet, explicités justement dans sa proposition d'OPA, que le PDG du groupe est disposé à dialoguer avec la direction de sa cible, a-t-il expliqué aux journalistes. Toute discussion aura par ailleurs lieu seulement "avec Suez, et non pas avec Ardian", qui s'est juste "mis à la disposition" de ce dernier "pour éventuellement acquérir les actifs cédés".

Une "ligne rouge"

Antoine Frérot se dit notamment prêt à reprendre les discussions autour du périmètre des activités dans l'eau de Suez qui devront inévitablement être cédées afin de réaliser la fusion des deux groupes dans le respect des règles de la concurrence, au stade où les négociations avaient été interrompues début octobre. Veolia avait alors accepté d'étendre ce périmètre au-delà des seuls actifs français, afin de permettre à Suez de garder une activité dans l'eau à l'international.

"Au total, les cessions d'actifs seraient de l'ordre de 5 milliards d'euros (incluant les 2,2 milliards d'euros de l'Eau France)", avait alors concédé Veolia dans un communiqué.

Le PDG se montre également disposé à examiner des acquéreurs potentiels de Suez Eau France autres que le fonds Meridiam, proposé par Veolia en raison de sa capacité à s'engager sur une longue durée. C'est toutefois sur ce même critère que Veolia et les autorités de la concurrence jugeront les projets d'acquisition alternatifs, met-il en garde.

La "ligne rouge" de ces négociations est toutefois claire : Veolia ne cédera pas les 29,9% des parts de Suez achetés à Engie, et a toujours l'intention d'acquérir les 70% restants. Veolia ne cédera pas non plus sur les actifs, qui, à ses yeux, sont nécessaires afin de "constituer son grand projet industriel", listés lors de la transmission de son projet d'OPA à Suez.

Veolia déterminé à "avancer" dans tous les cas

Pourtant, dans son communiqué de la veille, Suez insistait plutôt sur son intention de "renforcer les deux leaders mondiaux français des services à l'environnement", en évitant tout "démantèlement" et en "accélérant" son propre développement. Lundi soir, les syndicats de Suez, opposés au projet de rachat mené par Veolia, ont pour leur part indiqué accueillir "favorablement" la "solution alternative et amicale au projet hostile de Veolia" offerte par Ardian et GIP.

Le début des discussions ne devrait en tous cas pas tarder. Quelques minutes avant la conférence de presse, Antoine Frérot avait en effet reçu un SMS du directeur général de Suez, Bertrand Camus, l'invitant à le contacter, a-t-il affirmé, en assurant qu'il répondrait tout de suite après. Même si elles ne devaient pas aboutir à un accord, "le projet de Veolia avancera jusqu'au bout", a prévenu Frérot, en réfutant toutefois l'idée de relever son offre de 18 euros par action, un "prix solide".

Giulietta Gamberini

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Commentaires 2
à écrit le 19/01/2021 à 8:16
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L'avantage quand même est que nous pouvons clairement assister au mal qui ravage la finance européenne à savoir des acteurs figés incapables d'évoluer.

à écrit le 18/01/2021 à 20:40
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Bref, c'est toujours le combat d'ego entre grands patrons. On y gagne quoi ?

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