Pas-de-Calais : la verrerie Arc obtient un prêt de 10 millions d’euros de l’Etat pour redémarrer ses fours

Après avoir été contrainte d’arrêter cinq fours sur huit à l’automne 2022, suite à la flambée des prix du gaz, l’entreprise Arc qui fabrique des verreries va redémarrer ses outils de production. Pour l’aider, le gouvernement a annoncé l’octroi d’un nouveau prêt de 10 millions d’euros ce mardi 11 avril.
Le ministre de l'Industrie, Roland Lescure, a annoncé un nouveau prêt de 10 millions d'euros à la verrerie Arc pour l'aider à redémarrer ses fourneaux et investir.
Le ministre de l'Industrie, Roland Lescure, a annoncé un nouveau prêt de 10 millions d'euros à la verrerie Arc pour l'aider à redémarrer ses fourneaux et investir. (Crédits : Twitter : @RolandLescure)

L'activité va reprendre au sein de la verrerie Arc. L'entreprise, située à Arques dans le Pas-de-Calais va recevoir un prêt de 10 millions d'euros par l'Etat, a annoncé le ministre de l'Industrie en visite sur le site ce mardi. Une aide qui a pour but de soutenir l'usine qui redémarre ses fours arrêtés pendant l'hiver en raison de la flambée du prix du gaz.

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« L'activité reprend dans cette entreprise emblématique du territoire et qui va continuer à se développer », a salué le ministre délégué chargé de l'Industrie, Roland Lescure. Cette usine constitue selon la cristallerie le huitième plus grand site industriel français et emploie 4.500 personnes.

138,5 millions d'euros prêtés par l'Etat depuis 2020

Le ministre a précisé que le prêt annoncé visait à doubler un investissement de 10 millions d'euros de l'actionnaire, PHP. Ce fonds d'investissement américain avait repris en 2015 le leader mondial des arts de la table, alors proche du dépôt de bilan.

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Ce nouveau coup de pouce porte à 138,5 millions d'euros les prêts accordés par l'Etat depuis 2020 à Arc France. « Cela fait beaucoup d'argent pour Arc (...) mais c'est de l'argent qui est bien utilisé pour accompagner le développement d'une entreprise qui se positionne vers l'avenir », a mis en avant le ministre, citant notamment les projets en cours de décarbonation du site.

Cinq fours arrêtés cet hiver à cause des prix du gaz

Le verrier avait provisoirement fermé cet hiver cinq de ses huit fours fonctionnant au gaz. En cause : la flambée des prix du gaz tirés à la hausse par la guerre en Ukraine. Or, l'énergie a un coup très important dans le processus de fabrication d'une verrerie. L'usine consomme, en effet, 1,3 million de Mégawattheures par an, dont près de 80% à partir de la combustion gaz. Problème, « on est à 200 euros le MWh alors qu'en 2021, nous l'achetions aux alentours de 13 euros », résumait en septembre son DRH, Guillaume Rabel-Suquet avant d'annoncer la fermeture de ses fours.

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Fin novembre, ce fut au tour de la célèbre verrerie Duralex, asphyxiée par l'explosion des prix de l'énergie, de se voir accorder un prêt de 15 millions d'euros par l'État « pour l'aider à passer l'hiver », avait annoncé Roland Lescure. Pour cause, l'entreprise avait aussi annoncé dès septembre qu'elle allait devoir mettre son four en veille durant l'hiver, dans son usine historique, située à la Chapelle-Saint-Mesmin.

Avec un prix du gaz autour de 50 euros en mars, contre un pic à 300 euros à l'automne 2022, l'heure est maintenant au redémarrage. Arc a désormais redémarré six de ses fours, un septième étant en cours de redémarrage et un huitième en maintenance.

Bercy veut verdir les energo-intensifs

Les aides de l'Etat aux énergo-intensifs ne seront cependant pas sans contrepartie. Mercredi 5 avril, le gouvernement a reçu les représentants des 50 sites industriels français les plus émetteurs de gaz à effet de serre des trajectoires de décarbonation, pour leur proposer de doubler le rythme de leurs efforts de décarbonation moyennant un doublement des aides de l'Etat, en portant l'enveloppe à 10 milliards d'euros sur la période 2022-2027. En effet, ces industries (dont fait partie le verrier Arc) représentent 11% des émissions de la France, et près de 60% des émissions industrielles.

« Les industriels jouent le jeu » et atteindre les objectifs de verdissement des industries les plus nocives au climat est « possible », a estimé mercredi le ministre de l'Industrie Roland Lescure. « Les premières feuilles de route sur lesquelles nous avons échangé nous annoncent une réduction des émissions de 44% en 2030 et de 80% en 2050, donc on y est presque », a-t-il précisé. Avec ces feuilles de route, l'Etat veut pouvoir estimer et planifier les infrastructures et technologies « de rupture » qui seront nécessaires à cette décarbonation : futurs « hubs » d'hydrogène, raccordements électriques de plus forte puissance, approvisionnements en biomasse, ou encore, grande nouveauté, les « carboducs », ces tuyaux qui permettront de transporter le CO2 issu des émissions résiduelles vers des puits de stockage géologiques.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 12/04/2023 à 12:03
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Comme toujours en France, nationalisation des pertes (cf. PGE, subventions) et privatisation des gains (cf. bonus post-rachat d'actions, bouclier fiscal de 30 % sur les revenus mobiliers).

à écrit le 11/04/2023 à 20:24
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"Ce nouveau coup de pouce porte à 138,5 millions d'euros les prêts accordés par l’État depuis 2020 à Arc France. " J'ai l'impression qu'une partie de ce pognon va finir dans les fouilles de ce fonds d'investissement américain.

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