Casino : les élus du personnel exigent plus de transparence sur la situation du groupe

Les élus du personnel du distributeur Casino vont initier une procédure dite de « droit d'alerte économique ». Objectif, obtenir davantage d'informations sur la situation de leur entreprise, en difficultés financières. La direction du groupe a confirmé que, pour l'instant, seule une expertise sur son projet de cessions de magasins a été votée par les syndicats. Au total, 57 doivent être cédés à son concurrent Intermarché d'ici la fin de l'année, puis 62 autres d'ici trois ans, tandis qu'une procédure de conciliation est en cours avec ses créanciers.
Le groupe est entré fin mai dans une procédure de renégociation avec ses créanciers. Ils disposent de quatre mois, plus un optionnel, pour trouver un accord satisfaisant pour tous.
Le groupe est entré fin mai dans une procédure de renégociation avec ses créanciers. Ils disposent de quatre mois, plus un optionnel, pour trouver un accord satisfaisant pour tous. (Crédits : STEPHANE MAHE)

Inquiets sur l'avenir de leur entreprise, les salariés de Casino sont décidés à exiger des explications de la part de leur direction. Les organisations syndicales représentatives se sont ainsi mises d'accord « à l'unanimité » pour impulser une procédure, dite de « droit d'alerte économique ». Elles ont dans cette optique mandaté un expert, comme l'a appris l'AFP lundi 12 juin, auprès de trois syndicats.

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« Deux feuilles de questions ont été remises à la direction » de Distribution Casino France (DCF), l'entité où est logée l'activité de Casino en France, a fait savoir Nathalie Devienne, de la première organisation du groupe, SNTA-FO. Objectif, connaître plus en détail la situation économique du distributeur d'origine stéphanoise.

« Quand on aura les réponses de la direction, on déclenchera la procédure de droit d'alerte », complète-t-elle.

« On est obligé d'en passer par là pour déclencher un droit d'alerte éventuel », explique pour sa part à l'AFP Jean-Luc Farfal, délégué de groupe pour la CFDT. Frédéric Buisson, de l'UNSA, a également confirmé le lancement de cette procédure à l'AFP.

Sollicité par l'AFP lundi, la direction de la communication des enseignes Casino a répondu que « lors de la réunion de CSEC (comité social et économique, qui s'est réuni ce lundi, ndlr), celui-ci a voté pour une expertise portant sur le projet de cessions de magasins qui pourrait déboucher sur un droit d'alerte, mais à date, cette procédure n'a pas été votée ». De son côté, le patron du groupe, Jean-Charles Naouri, a adressé le 12 juin une lettre aux salariés, dans laquelle il assure de sa « totale détermination pour surmonter cette épreuve et préserver les intérêts de Casino ».

119 magasins à céder

Le CSEC de Casino avait été convoqué le 12 juin afin d'étudier la liste des magasins qui vont être cédés au concurrent Intermarché, troisième chaîne de supermarchés en France. 57 magasins doivent ainsi l'être d'ici la fin de l'année, dont 10 hypermarchés, selon des informations du média spécialisé LSA, confirmées par plusieurs sources. La liste peut toutefois être amenée à évoluer après examen de l'Autorité de la concurrence notamment.

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 Au total, 119 magasins, situés principalement hors des zones d'activité clé pour Casino (Ile-de-France, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur) doivent ainsi être cédés puisque, outre les 57 évoqués précédemment, 62 devraient être cédés d'ici trois ans. L'opération est un motif d'inquiétude pour les représentants des salariés concernés par ce changement d'enseigne. Et pour cause, au sein d'Intermarché, la politique sociale dépend de chaque patron de magasin, l'enseigne étant un groupement d'indépendants.

L'avenir de Casino aiguise les appétits

Les syndicats de Casino sont par ailleurs préoccupés par « la dette » du distributeur. En raison de cette dernière - qui s'élève à 6,4 milliards d'euros pour Casino et 3 milliards environ pour sa maison-mère Rallye - le groupe est entré fin mai dans une procédure de renégociation, dite de conciliation, avec ses créanciers. Ils disposent de quatre mois, plus un mois optionnel, pour trouver un accord satisfaisant pour tous, sous le regard inquiet des salariés.

Le devenir de Casino intéresse l'ensemble du secteur et suscite l'intérêt de plusieurs prétendants. Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, deuxième actionnaire du groupe, s'est déjà positionné en proposant une augmentation de capital de quelque 750 millions d'euros. Si cette opération se confirmait, elle ferait de lui le principal actionnaire du distributeur. Cette offre, conditionnée à une réduction très importante du poids de la dette pesant sur le distributeur, est à l'étude dans le cadre de la procédure de conciliation.

En parallèle, Xavier Niel (Free), le banquier d'affaires Matthieu Pigasse et le spécialiste de la distribution Moez-Alexandre Zouari, ont décidé de créer un véhicule financier abondé à hauteur de 300 millions d'euros pour monter au capital de Casino. Ils appellent d'autres acteurs à se joindre à eux. À l'inverse, le groupe agro-industriel InVivo et sa filiale Teract ont mis un terme à leur projet de rapprochement la semaine dernière.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 13/06/2023 à 14:26
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La plus grande crainte que peuvent avoir les salariés c'est d'être repris par des financiers qui ne comprennent rien au commerce de la grande distribution et dont la seule obsession c'est le retour sur investissement le plus rapide possible quitte ...

à écrit le 13/06/2023 à 10:26
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Naouri c est 5 fois Kerviel en toute impunité ! Si on veux sauver ce qui reste de Casino il faut impérativement mettre Rallye en LJ

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