Standard & Poor's menace de dégrader la dette de Casino

Les notes de crédit du distributeur sont placées sous surveillance négative et sa note pourrait, à terme, être abaissée dans la catégorie des "junk bonds". La forte dégradation des résultats du groupe au Brésil et son niveau d'endettement élevé sont à l'origine de cette décision.
Le groupe de distribution a lancé un vaste plan de désendettement de 2 milliards d'euros et a annoncé des cessions d'actifs en Asie.

La pression monte sur Casino. L'agence de notation Standard & Poor's a placé sous surveillance négative les notes de crédit du groupe de distribution français, menaçant de faire passer la dette du groupe dans la catégorie des obligations spéculatives. En cause, la forte dégradation des résultats du groupe au Brésil et un niveau d'endettement élevé. S&P avait pourtant confirmé le 23 septembre dernier la note de solidité financière du distributeur après l'annonce de son plan de désendettement. Mais après la publication des résultats du quatrième trimestre du groupe le 14 janvier dernier, l'agence de notation a décidé de placer ses notes de crédit sous surveillance négative.

Les grands investisseurs bientôt écartés?

S&P, qui se donne 90 jours pour évaluer l'évolution des résultats et de la situation financière de Casino, indique qu'elle pourrait abaisser sa note à long terme de deux crans au maximum. Abaissée d'un cran seulement, la dette de long terme aujourd'hui notée BBB- basculerait dans la catégorie des dettes à haut risque (junk bonds) qui ne peuvent être détenues par les grands investisseurs institutionnels.

"Malgré l'engagement du groupe à céder des actifs pour réduire la dette de Casino, la rentabilité va continuer d'être assez faible pendant une période prolongée et le niveau de dette trop élevé", souligne S&P dans un communiqué.

L'agence va aussi réexaminer l'impact de la structure de détention de Casino par Rallye, maison-mère endettée. Elle estime aussi que son appréciation du profil de crédit de l'ensemble du groupe est mise sous une "pression substantielle" par la dégradation de la valorisation de Rallye, dont la valeur des actifs est maintenant inférieure à la valeur des dettes du fait de la chute du cours de Bourse de Casino, de plus de 40% en 2015.

 Les avertissements de Muddy Waters

Par ailleurs, Casino subit les attaques répétées du fonds américain "activiste" Muddy Waters qui juge le groupe "dangereusement endetté", estimant que son ingénierie financière complexe masque une forte détérioration de ses activités. Suite à la baisse de ses performances au Brésil (près de 40% du chiffre d'affaires du groupe) et en France, Casino a dévoilé en décembre un plan de désendettement de 2 milliards d'euros, le deuxième en six mois avant, avant de réviser une nouvelle fois à la baisse ses prévisions de résultats 2015 et annoncé des cessions d'actifs en Asie et des mesures de désendettement jugées "positives" par l'agence de notation.

Toutefois, S&P estime que le groupe pourrait se voir empêché d'améliorer sensiblement son ratio d'endettement en 2016, contrairement à ce que l'agence escomptait, notamment à cause de d'"une faiblesse profonde et durable des résultats au Brésil, aggravés par la baisse des devises". A la fin 2014, la dette nette de Casino totalisait 5,8 milliards d'euros et celle de Rallye 2,4 milliards.

Casino défend son modèle

En réponse, Casino a défendu dans un communiqué que "l'amélioration de ses performances opérationnelles attendue en France en 2016 et l'ampleur du programme de cessions engagé sont des éléments importants qui renforceront sa structure financière". Le groupe a également réaffirmé son attachement à son statut "investment grade", désormais menacé.

Face au fonds Muddy Waters qui l'attaquait, le groupe avait défendu son modèle économique et sa structure financière, disant s'attendre à une nette amélioration de ses résultats en France et disposer des ressources pour ses remboursements au-delà de 2017.

(Avec Reuters)

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Commentaire 1
à écrit le 18/01/2016 à 15:56
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Clair que s'ils avaient installé leur siège à Vegas...

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