Airbnb a reversé 93 millions d’euros de taxe aux communes...mais paie toujours très peu d'impôts en France

La plateforme de locations entre particuliers a reversé, entre novembre 2020 et octobre 2021, 93 millions d’euros aux villes françaises au titre de la taxe de séjour, soit près de deux fois plus qu'avant la pandémie. Toutefois, les impôts réglés par Airbnb en France restent eux très marginaux comparés à l'activité globale de la plateforme dans l'Hexagone.
La plateforme de locations touristiques Airbnb aura reversé 93 millions d'euros de taxe de séjour aux communes françaises en 2021, contre 58 millions en 2019, a-t-elle annoncé lundi.
La plateforme de locations touristiques Airbnb aura reversé 93 millions d'euros de taxe de séjour aux communes françaises en 2021, contre 58 millions en 2019, a-t-elle annoncé lundi. (Crédits : DADO RUVIC)

Airbnb revendique avoir reversé 93 millions d'euros de taxe de séjour à 29.000 communes françaises en 2021, selon un communiqué de la plateforme publié lundi. Un chiffre près de deux fois supérieur au 58 millions en 2019. Une bonne nouvelle pour les collectivités, toutefois, outre cette communication, le niveau d'impôt réglé en France par Airbnb reste dérisoire par rapport au chiffre d'affaires réalisé dans l'Hexagone.

Pourquoi cette somme a-t-elle presque doublé ? Il y a un peu plus d'un an, en novembre 2020, les collectivités ont été autorisées à augmenter la taxe de séjour réglée pour les nuitées dans ce type de meublés touristiquesLa taxe de séjour a ainsi pu passer de 2,30 à 4,10 euros au maximum, soit le même plafond que pour les palaces. Les collectivités fixent ainsi le seuil, entre 1% et 5% du prix de l'hébergement hors taxe à la nuitée par personne, et un certain nombre d'entre elles l'ont relevé cette année. La plateforme n'a pas divulgué de montant pour l'année 2020, où ses revenus ont été frappés par la crise du Covid-19.

Paris s'arroge 10% du total

D'autre part, bien que 29.000 communes aient perçu la taxe sur les locations via Airbnb, celles ayant moins de 3.500 habitants se sont partagées 27 millions d'euros, soit 29% du total. Sans surprise, Paris a reçu le plus gros montant, avec 9,4 millions d'euros perçus, soit plus de 10% du total. Marseille arrive en seconde position avec 1,9 million d'euros, suivi de Nice (1,2 million) et Cannes (1 million), selon un communiqué. Ces données concernent la période allant du 1er novembre 2020 au 31 octobre 2021, précise la plateforme qui réalise en France son plus gros chiffre d'affaires au monde, après les Etats-Unis.

Interrogée par l'AFP, elle a invoqué son statut de société cotée en Bourse pour ne plus publier le nombre de logements proposés dans l'Hexagone, ni préciser ce que les locations ont rapporté aux hôtes. Tenue, comme l'ensemble des plateformes depuis 2019, de transmettre aux communes des données sur ces séjours (nombre de voyageurs, durées et montants des réservations, prix de la nuitée, adresses des biens loués...) Airbnb fournira en décembre les données de mai à octobre 2021.

La gronde des villes contre la plateforme

Pour mieux contrôler ces locations, déjà 17 villes ont mis en place un numéro d'enregistrement obligatoire, dont Paris, Lyon, Bordeaux, Aix-en-Provence, Saint-Malo ou Annecy. "L'application complète" de cette mesure a été reportée à février 2022 à Marseille en raison de "difficultés" de "certains hôtes" à "créer leur compte utilisateur sur le site web de la ville", affirme Airbnb. Idem à Nice où le système "soulève de sérieux problèmes juridiques", selon la plateforme, "les agents municipaux enquêtant sur les hôtes avant de délivrer le numéro d'enregistrement" au lieu de le fournir automatiquement.

Sur ce point, la Ville de Paris avait obtenu le 1er juillet la condamnation de la plateforme à une amende de plus de 8 millions d'euros, pour avoir maintenu depuis 2017 des annonces sans le numéro d'enregistrement obligatoire, le jour même où la plateforme annonçait rendre ce numéro obligatoire pour toutes ses annonces parisiennes - pour ne pas désavantager les hôtels. Ce numéro permet à certaines communes de contrôler les logements mis en location. Sans cela, aucune preuve du statut de professionnel de location n'existe.

Il faut dire qu'Airbnb a déjà été confronté à la gronde de nombreuses villes. Ses locations touristiques sont accusées d'avoir renchéri les loyers et le prix des appartements à la vente. Le 6 août dernier, Barcelone est devenue la première ville européenne où il est illégal pour un particulier de mettre une chambre en location pour moins d'un mois, a rapporté The New York Times. Dans les plus petites villes aussi, la colère monte. A Granville, le nombre de nuitées en location de courte durée a grimpé en flèche l'an dernier. Face à cela, un collectif breton est venu le 20 novembre en Normandie évoquer la situation de Saint-Malo où une réglementation stricte a été mise en place, a rapporté France 3 Normandie.

Enfin, au niveau fiscal, Airbnb France a payé 204.662 euros d'impôt sur les sociétés au titre de 2020, selon une information BFM Business, contre 193.398 euros pour 2019. Et pour cause. Seuls les services de marketing facturés par Airbnb Ireland à sa filiale française - très marginaux comparés à l'activité globale de la plateforme dans l'Hexagone - sont imposés. La plateforme paie en effet encore très peu d'impôts en France, alors qu'elle déclare avoir réalisé 16 millions d'euros de chiffre d'affaires en France en 2020. Les revenus générés par la location de logements touristiques en France vont à Airbnb Ireland et sont ainsi soumis à la fiscalité irlandaise, bien plus favorable, mais Airbnb précise régler en France la "TVA" et "la taxe sur les services numériques".

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