StarWay bien placé dans le peloton de tête des vélos électriques

Claude Grégoire a fait de la R&D sur les deux-roues l'objectif unique du développement de sa PME. Concentrés d'innovation, ses vélos à assistance électrique sont aujourd'hui disponibles en ligne.
Cibles du VAE de Starway : les femmes et les seniors./ DR

Depuis le début de janvier, Le Vélo facile est disponible à l'achat en ligne (levelofacile. com). Claude Grégoire, concepteur de ce vélo à assistance électrique (VAE), touche enfin au but après des années de R&D - et de galère -, pour mettre au point cette bicyclette et passer au stade de la vente. L'homme a consacré sa vie aux deux-roues. Comme ingénieur méthode chez Motobécane d'abord, avant de rejoindre Yamaha. Mais, c'est avec le vélo qu'il a véritablement changé de vie.

En 1985, il crée, près de Tours, Starway, entreprise de fabrication de vélos qui comptera jusqu'à une centaine de salariés avant d'être rachetée en 1992 par des investisseurs chinois. En 2005, il décide de changer de cap, rachète Starway et se lance dans la R&D, notamment pour l'aide au pédalage des vélos pour enfants. Son système breveté lui vaudra le soutien de Bpifrance (ex-Oseo) et... une médaille d'or au Concours Lépine. Deux autres brevets mondiaux ont depuis été déposés : le système TPS pour réduire l'effort au pédalage et le concept Regul4, qui active l'assistance électrique dès que la vitesse se réduit ou qu'une résistance se présente.

Des collaborations régionales tous azimuts

Avec ses innovations, Claude Grégoire peut donc lancer son modèle de « vélo facile » :

« Le vélo est encore synonyme d'effort, de difficulté, de salissures, ce qui freine son achat par les femmes ou les seniors. »

Avec son VAE, rien de tout cela : un effort inférieur ou égal à celui de la marche (pas plus de 80 watts développés), un pédalage fluide et sans effort, l'absence de vitesses et de dérailleur, un frein à disque hydraulique, une transmission par courroie propre et silencieuse... Pour mettre au point ce « vélo idéal », Starway, qui compte une dizaine de salariés, a noué un partenariat avec l'université de Tours et son école d'ingénieurs Polytech. Depuis, la PME a été labellisée par le pôle de compétitivité S2E2 et a embauché deux ingénieurs de Polytech, dont une d'origine chinoise.

Pour ce petit bijou de technologie, Starway collabore aussi avec le Centre régional d'innovation et de transfert de technologie (Critt) de Châtellerault (Vienne) et travaille avec Sensix, PME de Poitiers spécialisée dans les capteurs et l'ingénierie biomécanique. Le pôle de compétitivité a ouvert les portes à d'autres entreprises : Alphatest pour les cartes électroniques, Easyli pour les batteries, Vicatronic pour les capteurs.

Les 200 premiers vélos faciles disponibles en ligne ont été produits en Chine, pays qui fabrique 95% des VAE mondiaux. Mais l'objectif est bien de rapatrier totalement ce produit en France, voire en Europe, même si cela peut paraître « irréalisable et sans doute stupide », estime Claude Grégoire :

« Il ne reste plus que trois assembleurs de vélos en France, contre 30 il y a encore quelques années, mais il y a des ouvertures. »

Starway négocie ainsi avec Ecofit, entreprise installée à Vendôme (Loir-et-Cher) pour la production d'un moteur électrique français.

De même, l'assemblage pourrait être assuré à terme par Planet Fun, une PME de La Rochelle, la carte électronique produite à Tours devrait l'être prochainement à Angers. Starway a également conclu un accord avec l'université et des doctorants pour élaborer une nouvelle batterie allégée (un kilo au lieu de trois pour une autonomie de 80 km) permettant d'amincir le vélo pour le faire passer de 23 à 20 puis 15 kg dans quelques années.

« À terme, estime l'entrepreneur, les deux tiers de la valeur du VAE seront réalisés en France et 80% en Europe, mais une production sera conservée en Chine pour les marchés en grandeur réelle. »

Avant de lancer le VAE sur le marché et pour en mesurer l'efficacité et la fiabilité, les partenaires de Starway ont souhaité une expérimentation en situation réelle. L'agglomération de Tours a ainsi commandé 30 exemplaires qui équipent depuis plusieurs mois les agents de la ville, de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV), de la préfecture et d'une entreprise. Les observations des utilisateurs alimentent aussi une étude sociologique réalisée par le laboratoire Etics pour valider le vélo électrique comme outil de déplacement professionnel.

Un potentiel de 400 nouveaux emplois

Avec ses partenaires, Starway travaille sur d'autres développements, avec un brevet attendu cette année sur la direction assistée et sur la conception d'un tricycle. Pour sécuriser les acheteurs, l'entreprise va installer dans chaque région un technicien indépendant équipé d'un camion atelier permettant d'assurer la maintenance. De nouveaux modèles sont également programmés pour s'adapter à la morphologie des femmes ou des seniors, les cibles prioritaires. Claude Grégoire voit grand :

« Nous voulons devenir le leader du marché français car nous avons le meilleur vélo du marché, le moins cher [1.200 euros toute de même, ndlr], avec les meilleurs services et le meilleur confort. »

Son optimisme est alimenté par le potentiel de ce nouveau mode de déplacement :

« Aux Pays-Bas, 250.000 VAE ont été vendus en 2012, près de 600.000 en Allemagne et seulement 46.000 en France. Mais il n'y a aucune raison que le marché ne se développe pas au même rythme chez nous. »

Starway vise donc 2.000 Vélos faciles cette année, 10.000 en 2015, 50.000 dans quatre ans et 120.000 dans dix ans. Avec, à la clé, la création de 400 emplois pour les entreprises impliquées !

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