Avec une perte nette de 1,8 milliard d'euros et une perte d'exploitation de 815 millions d'euros au cours du premier trimestre, les dommages pour Air France-KLM sont abyssaux. Ils sont même historiques puisque le groupe aérien n'a jamais enregistré de tels résultats financiers au cours d'un trimestre. Ils dépassent en effet largement les 575 millions d'euros de pertes d'exploitation observées au cours des trois premiers mois de l'année 2009, qui constituaient jusqu'ici la plus mauvaise performance financière trimestrielle de l'histoire du groupe. De quoi confirmer si besoin était que la crise du Covid-19 est hautement plus profonde que celle de la grande crise financière de 2009.
Le deuxième trimestre sera pire
Et ce n'est qu'un début. Au premier trimestre, la crise du coronavirus ne faisait que commencer. Son acuité s'est vraiment faite sentir en mars avec la propagation de l'épidémie au niveau mondial et la mise en place dans de nombreux pays de mesures de confinement des populations et de fermeture des frontières. Le mois de mars est en fait responsable de la perte trimestrielle du groupe. La perte d'exploitation de 815 millions d'euros au premier trimestre correspond à une baisse de 529 millions d'euros par rapport à l'année dernière, et elle est "entièrement causée par le résultat d'exploitation de mars 2020 à -560 millions d'euros", explique Air France-KLM. Le deuxième trimestre sera pire.
"La perte au niveau du résultat d'exploitation sera nettement plus élevée au deuxième trimestre qu'au premier trimestre 2020", prévient déjà le groupe.
Si le groupe n'a perdu "que" 922 millions d'euros de chiffre d'affaires au premier trimestre (à 5 milliards d'euros), l'arrêt de 95% de ses activités au deuxième trimestre va provoquer la perte de la quasi-totalité de ses 6 milliards d'euros de recettes réalisées l'an dernier!
La livraison de trois Airbus 350 est reportée à 2021
Combinés à des mesures d'économies internes, la prise en charge par l'État du chômage partiel et le report d'impôts et de charges sociales vont permettre néanmoins de limiter fortement les coûts. En outre, le groupe a réduit de 1,2 milliard d'euros son enveloppe d'investissement pour 2020, à 2,4 milliards d'euros. La livraison de trois Airbus 350 est reportée à 2021.
Mais ces mesures restent insuffisantes pour cesser de brûler du cash. Sans l'apport des 7 milliards d'euros de prêts obtenus par Air France et ceux qui se profilent pour KLM, le groupe risquait la panne sèche au troisième trimestre. Il n'en sera rien. Ces sommes colossales vont permettre au groupe de passer la crise et d'affronter une reprise qui s'annonce longue et difficile.
Plan de départs du personnel
Air France-KLM prévoit de faire voler 20% seulement de ses capacités au troisième trimestre par rapport à l'année dernière. Estimant que la demande ne reviendra pas à son niveau d'avant crise avant "plusieurs années", le groupe a décidé "une réduction structurelle de la capacité d'au moins 20% en 2021 par rapport au niveau d'avant la crise de 2019". Autrement dit, Air France-KLM va rapetisser. Ce qui va entraîner de facto des sureffectifs et des plans de départs du personnel de grande ampleur. Le groupe planche sur un "nouveau plan de transformation pour assurer la viabilité économique et financière à moyen et long terme, avec l'intégration de nouveaux objectifs environnementaux ambitieux", qui sera annoncé cet été. Ce plan s'annonce choc et va notamment passer par la réduction des coûts fixes, la réorganisation des fonctions support et par la restructuration du réseau intérieur d'Air France, dont 95% des lignes sont déficitaires.
Selon nos informations, des négociations vont débuter à Air France entre la direction et les syndicats pour déterminier les conditions de départs du personnel. Selon des sources internes, une suppression de 30% des effectifs pour les seules fonctions support (6.000 personnes) est évoquée. S'ajouteront également des suppressions de postes parmi les escales fançaises et les navigants. Ainisi qu'au sein de filiale régionale HOP, dont l'acrtivité devrait être réduite.
Selon l'agence Reuters, Air France a prévu une réunion de Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) en juin pour discuter des réductions de capacité et de leurs conséquences pour le personnel. L'âge moyen relativement élevé du personnel de la compagnie française devrait lui permettre de procéder aux réductions nécessaires par le biais de plans de départs volontaires, a estimé Ben Smith, devant les analystes sans avancer de chiffres.
Selon des analystes, le sureffectif moyen pour l'ensemble des compagnies aériennes européennes pourrait s'élever à 30%. Les compagnies comptant plus de 400.000 salariés, ce sureffectif pourrait ainsi concerner plus de 130.000 personnes. Depuis une quinzaine de jours, les annonces de plans de départs se multiplient et corroborent cette estimation. British Airways, SAS, Norwegian, Ryanair, Wizzair, Icelandair, Virgin Atlantic... ont toutes annoncé des plans de départs de grande ampleur.
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