Avec Ouigo et Inoui, la SNCF verrouille le marché du TGV

Alors qu'elle développe à marche forcée son offre de TGV low-cost avec la marque Ouigo, la SNCF va généraliser la montée en gamme de ses TGV classiques d'ici à 2020. Rebaptisés TGV Inoui, ces nouveaux trains à grande vitesse proposent plus de confort, de services et de connectivité. Avec ces offres, la SNCF verrouille le marché aux deux extrémités de la gamme.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : Alstom)

Il faudra être costaud pour venir défier la SNCF dans la grande vitesse quand le marché intérieur français sera potentiellement ouvert, à partir de décembre 2020. Si le système d'ouverture à la concurrence en « open access » est déjà une barrière à l'entrée pour de nouveaux entrants, au regard des sommes colossales pour se faire une place sur le marché français, la stratégie de la SNCF rend leur équation encore plus compliquée.

Lire : SNCF : la fin du monopole signifie t-elle vraiment plus de concurrence?

Car, en plus de disposer avec Ouigo d'une offre TGV low-cost importante qui représentera 17% de son offre TGV fin 2020, la SNCF aura également achevé d'ici-là  la montée en gamme de l'ensemble de ses TGV classiques. Baptisés TGV Inoui, ces trains proposent « une nouvelle expérience client avec plus de confort, plus de services et plus de connexion, au même prix », a rappelé Rachel Picard, la directrice générale de SNCF Voyages.

«En 2020, les TGV Inoui seront déployés dans toute la France », a-t-elle indiqué.

Testés depuis un an sur les lignes Paris-Bordeaux-Toulouse, les TGV Inoui seront positionnés en décembre vers Lille, Marseille et Nice au départ de Paris, avant de s'étendre à l'ensemble du réseau. En 2020, la marque TGV aura vécu. TGV Inoui comptera 280 rames, contre 330 TGV classiques aujourd'hui (dont une centaine déjà configurés en Inoui). A ses côtés, Ouigo disposera de 34 rames. Si le nombre de rames est appelé à diminuer, la capacité en sièges va continuer d'augmenter en raison du remplacement des rames à un niveau par des rames à deux niveaux, plus capacitaires. «Nous faisons plus de TGV avec moins de rames », a indiqué Rachel Picard.

"Des investissements sans précédent"

Pour soutenir cette stratégie, Rachel Picard a évoqué "des investissements sans précédent" dans le matériel. Avant l'arrivée à partir de 2023 des 100 rames du "TGV du Futur" commandées à Alstom pour près de 3 milliards d'euros, la SNCF a dépensé 1,5 milliard dans l'achat de 55 rames neuves lancées l'an dernier sur l'axe Atlantique, et a entrepris de remettre à neuf d'ici à 2020, pour 1 milliard supplémentaire, 224 rames plus anciennes. Quarante-trois ont déjà été rénovées. S'ajoutent 300 millions pour déployer le wifi à bord et 50 millions pour installer des portes d'embarquement sur les quais, installées aujourd'hui dans 10 gares françaises.

Le TGV retrouve des couleurs

La SNCF a pu se lancer dans l'aventure en redessinant un modèle économique fondé sur la croissance du trafic, la maîtrise des coûts et une stabilisation des péages payés pour emprunter les voies, alors qu'une hausse était initialement prévue, a rappelé Rachel Picard.

Moribond il y a quelques années, le TGV a repris du poil de la bête. Après les grèves du printemps dernier, le trafic revient. Le chiffre d'affaires a augmenté de 5% en août par rapport à août 2017.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 16
à écrit le 27/09/2018 à 16:48
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"En 2020, les TGV Inoui seront déployés dans toute la France", a indiqué la SNCF. Visiblement, les dirigeants de cette entreprise ne connaissent pas leur géographie. J'habite en Limousin et je doute vraiment de voir passer un TGV en 2020 ou alors, ce...

à écrit le 23/09/2018 à 10:14
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J'avais cru comprendre que la SNCF allait sortir du "tout TGV" qui lui a fait perdre des millions de voyageurs rebutés par les tarifs ou simplement parce que des centaines de lignes et de gares ont disparu. Sans compter 30 Mds € de dette largement ...

à écrit le 21/09/2018 à 21:21
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"lamentable" , je vous engage à désormais postuler dans cette caste de "mafieux". D'ailleurs à compter du 1er janvier 2020 , l'embauche sera faite en CDI voire CDD avec des conditions de travail vous offrant des services de matinée , de soirée , de...

à écrit le 21/09/2018 à 21:13
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"toto",vous oubliez de rappeler que les commandes de matériels roulants aux constructeurs ferroviaires ALSTOM et BOMBARDIER contribuent à donner du travail à des milliers de salariés .J'habite dans le Nord qui constitue une région où l'industrie ferr...

à écrit le 21/09/2018 à 17:37
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EDF, FRANCE TÉLÉCOM ont verrouillés le marché avant l'arrivée de la concurrence et détiennent encore aujourd'hui plus de la moitié du marché. La SNCF ne fait que copier cette méthode digne d'un cartel et cela ne l'empêche pas de venir concurrencer sa...

le 21/09/2018 à 18:47
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@lamentable - ce n'est pas la SNCF qui décide de construire ou non des lignes LGV !! Si les 50 milliards de dette te posent un problème, il faut aller voir ton député !!

à écrit le 21/09/2018 à 11:31
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Il fallait voir l'intervention de G.Pépy, ce matin chez Bourdin. Cet homme est il décérébré? Il prend le TGV en payant !! (19 euros pour Strasbourg !!). Il n'est en rien dans la construction des gares TGV en pleine nature (dans l'Est,vers Amiens, Val...

à écrit le 21/09/2018 à 8:34
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Quand on sait qu'un TGV "low-cost" est un TGV qui embarque et débarque ses passagers dans des gares où le péage est moins élevé, il est clair que le succès n'est pas garanti. D'autant qu'on a l'impression qu'on s'est fait avoir dans cette vente des g...

à écrit le 21/09/2018 à 7:32
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Les SNCF se préparent pour la concurrence en investissant des milliards dans le nouveau matériel roulant, en achetant des sociétés étrangères à tour de bras, Keolis etc. et tout cela c'est le contribuable qui paye.

à écrit le 21/09/2018 à 6:59
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Il serait juste de rendre à César ce qui NOUS appartient: ce n'est pas la SNCF qui "investit" mais NOUS, contribuables, qui dépensons par l'intermédiaire de M. LE MAIRE, triste Grand Argentier d'un triste gouvernement d'une triste République transfor...

à écrit le 20/09/2018 à 22:13
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Deux plus suffisent : 1.plus souvent à l'heure. 2.Plus JAMAIS en grève

le 25/09/2018 à 10:27
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L’équation parait simple mais le retard est lié à plusieurs choses : 1a l'encombrement sur les lignes mutualisées; 1b la vieillesse du matériel roulant qui augmente le nombre de pannes, et 1c la vieillesse des lignes du réseau IC et TER. Si le Gou...

à écrit le 20/09/2018 à 21:30
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Après cette page de pub rédactionnelle on aimerait bien un article du genre " comment la SNCF compte elle amortir ses investissements sans augmenter davantage le coût des billets déjà supérieurs à ceux de l'avion ? " ou " quel vrai coût d'entrée po...

le 21/09/2018 à 13:33
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Le jour où le kérosène sera taxé ( car taxes = 0 euro 0 cent), vous paierez le vrai prix d’un billet d’avion et ce jour-là vous constatez que l’avion est beaucoup plus cher que le train.

à écrit le 20/09/2018 à 20:01
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Au delà du service, il y a la reconnaissance et la récompense des usagers. Le programme de fidélité de la SNCF est de loin le plus médiocre, à la limite de l’insulte. J’attends avec impatience la concurrence.

le 22/09/2018 à 9:06
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C'est étonnant le nombre de commentaires sur différents forums ou certains annoncent qu'ils vont vite quitter qui la SNCF, qui Air France, qui EDF , ou autres... Et on constate que ces boites gardent largement leur clientèle, parce que, au final, ell...

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