Cartes rebattues pour les systèmes de hubs des compagnies aériennes

[PARIS AIR FORUM] A l'heure du « self-connecting » et de l'arrivée des moyens-courriers à long rayon d'action, les modèles de plateformes de correspondances sont en proie à de nombreux défis. In fine, c'est le passager qui tranchera sur leur avenir. C'est ce qui ressort d'une table ronde qui s'est tenue lors de la cinquième édition du Paris Air Forum.
Selon Marc Rochet, « les hubs ne seront pas condamnés, mais ce sont les clients, in fine, qui choisissent. Quand ils auront le choix entre plusieurs points de connexions, ils sauront les trouver. C'est eux qui décideront ».

Les systèmes de hubs traditionnels des compagnies aériennes sont-ils aujourd'hui menacés ? Autrement dit, ces plateformes de correspondances aéroportuaires entre les vols moyen-courriers et long-courriers des compagnies aériennes, pourraient-elles être impactées notamment par l'essor des systèmes de correspondances alternatifs, mais aussi par l'avènement d'avions moyen-courriers comme l'A321 LR qui pourront permettre de contourner les grands aéroports ? Lors d'un débat dévolu au sujet, qui s'est déroulé à l'occasion du Paris Air Forum, organisé le 21 juin par La Tribune au Toit de la Grande Arche, le sujet a été longuement développé.

Une longue liste de menaces

A en juger par le tableau dressé par Marc Rochet, président de French Bee, les défis qui pèsent sur ces systèmes nés il y a trente ans aux Etats-Unis et qui certes ont montré leur efficacité, sont nombreux. « D'abord, un hub coûte très cher », a-t-il lancé. Ensuite, « de par la croissance du trafic qui double tous les quinze ans, les hubs vont assez vite rencontrer des points de saturation ». Autre difficulté, le peu d'appréciation, selon lui, des hubs par les clients. « Ils trouvent que c'est très grand et compliqué, ils s'y perdent », d'autant que s'y ajoutent de multiples filtrages liés à la sécurité.

« A ces menaces intrinsèques nées de l'organisation même des hubs, sont venues récemment s'ajouter les évolutions des technologies et de l'environnement client », a détaillé Marc Rochet. En clair, avec le développement du self-connecting, un phénomène qui consiste à organiser soi-même ses correspondances, « on est face à un changement de mentalité », a pointé le dirigeant de la low cost long-courrier. « Ce problème de self-connect cache derrière lui une évolution majeure de notre environnement commercial ».

Et le directeur général adjoint du Groupe ADP, Marc Houalla, d'allonger la liste des embûches auxquelles font face les systèmes de hubs : la concurrence des « hubs de niche », à l'instar de ceux qui émergent à Reykjavik ou à Oslo, à partir desquels il sera possible de rejoindre les Etats-Unis avec les nouveaux A321. Sans oublier l'essor des compagnies low cost long-courriers qui ne nécessitent pas de plateforme de correspondance. Quant aux systèmes de correspondances alternatifs, s'il ne pense pas « qu'aujourd'hui existe un business modèle pour le self-connect », en raison d'un certain nombre d'inconvénients qu'il présente, ceux-ci sont en train d'être résolus, que ce soit à travers des services de self-connect facilité ou l'arrivée des assurances contre l'annulation d'étape. En résumé, « il faut qu'on soit attentifs » face à ces évolutions.

Les hubs ne sont pas condamnés

De son côté, Alain-Hervé Bernard, directeur général opérations et dirigeant responsable d'Air France, ne croit pas à la disparition des modèles de hub. Pour transporter les passagers entre l'Europe et le reste du monde, la compagnie qui s'appuie notamment sur le Roissy-Charles de Gaulle et Amsterdam, développe par ailleurs des partenariats de joint-venture tels qu'avec Delta ou China Eastern et China Southern « pour consolider cette organisation de hubs » et « construire un réseau de destinations de façon très efficace », a-t-il estimé. « Néanmoins, on voit bien l'apparition de nouveaux outils qui doivent nous inspirer de façon à ce qu'on les intègre pour faire évoluer, adapter et compléter notre offre traditionnelle ».

Le directeur général de l'aéroport international de Hong Kong, Fred Lam, ne se montre pas moins confiant. « Le concept de hubs a fonctionné pendant de nombreuses décennies car il a du sens aussi bien pour les compagnies aériennes que pour les passagers ». D'après lui, il « ne va pas seulement survivre, il y aura une émergence de méga hubs ». Même si, certes, de nombreux challenges se dressent devant les aéroports, en particulier celui du temps entre les correspondances.

Et les panélistes de conclure : si, pour Marc Rochet, les hubs ne vont pas disparaître, leur croissance sera limitée.

« Les hubs ne seront pas condamnés, mais ce sont les clients, in fine, qui choisissent. Quand ils auront le choix entre plusieurs points de connexions, ils sauront les trouver. C'est eux qui décideront », a-t-il tranché.

Pour Marc Houalla, « c'est le parcours du passager qui est le plus important. Si on n'est pas efficace tant sur les temps de correspondance que pour le parcours client, si on n'arrive pas à le fluidifier, les passagers préféreront d'autres plateformes ».

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Commentaire 1
à écrit le 03/07/2018 à 11:54
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FG un ratier. "Cet os n'a aucun intérêt, mais je vais le ronger !". Depuis plus d'un demi siècle, le transatlantique par Icelandair est connu. 3h d'acheminement, puis une escale au milieu de la nuit, puis redépart vers la côte Est. Cela avait un sens...

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