Grand Paris Express : le maire de Saint-Ouen pressenti pour prendre la tête du conseil de surveillance

Par un décret paru ce 19 octobre au Journal officiel, Karim Bouamrane vient d'être nommé membre du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris en sa qualité de maire d'une commune francilienne. Au regard de la tradition de cet établissement public d'Etat, l'édile (PS) de Saint-Ouen-sur-Seine devrait prendre la présidence de cet organe de contrôle.
César Armand
Karim Bouamrane est maire (PS) de Saint-Ouen depuis 2020.
Karim Bouamrane est maire (PS) de Saint-Ouen depuis 2020. (Crédits : Compte Twitter de Karim Bouamrane)

Qui sera le prochain président du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris ? Depuis la nomination d'Olivier Klein au ministère du Logement, l'organe de contrôle de l'établissement public qui construit le Grand Paris Express n'a plus de patron. Cet organe clef valide les orientations générales de la politique de l'entreprise, contrôle ses comptes financiers ainsi que les opérations d'aménagement et de construction conduites dans le cadre du super-métro francilien. Autrement dit, il supervise la bonne gestion du chantier qui doit relier d'ici à 2030 la petite et grande couronne. Il se compose de onze représentants de l'Etat et de dix élu(es), à commencer par la présidente (LR) de la région Ile-de-France Valérie Pécresse, la maire (PS) de Paris Anne Hidalgo et les sept président(e)s de département.

Par un décret du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, publié ce 19 octobre au Journal officiel, le maire (PS) de Saint-Ouen-sur-Seine, Karim Bouamrane, vient d'être nommé au conseil de surveillance en sa qualité de maire d'une commune d'Île-de-France. Vice-président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, l'élu n'est pas un proche du pouvoir exécutif, mais sa commune joue déjà un rôle-clé dans la réalisation du projet du Grand Paris. Sur le papier, il a donc tout pour prendre la tête du conseil de surveillance du Grand Paris Express.

Saint-Ouen-sur-Seine, un nœud de transport majeur

En effet, Saint-Ouen-sur-Seine est en passe de devenir un nœud de transport majeur. Depuis décembre 2020, la ville accueille en effet le prolongement au Nord de la ligne 14 du métro parisien, un événement inauguré à l'époque par l'ex-Premier ministre Jean Castex, futur PDG de la RATP. Mi-2024, fin 2026 et à horizon 2030, c'est la gare de Saint-Denis-Pleyel qui accueillera les lignes 14, 16, 17 et 15 du Grand Paris Express. Les derniers rails de la ligne 14 y ont été posés la semaine dernière, mercredi 12 octobre, par le ministre des Transports Clément Beaune en présence, notamment, de... Karim Bouamrane.

Saint-Ouen accueillera également les Jeux olympiques et 30% du Village olympiques en 2024, avant le nouveau siège de la direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) en 2028. Dans l'intervalle, le futur hôpital Grand Paris-Nord, pensé pour remplacer les sites de Bichat (Paris XVIIIè), de Beaujon (Clichy-la-Garenne, Hauts-de-Seine) et de l'université Paris-Diderot, devrait sortir de terre.

L'Etat a le pouvoir d'imposer son candidat

D'ici là, le maire socialiste de cette commune de Seine-Saint-Denis, située au nord de Paris, devrait être nommé président du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris. Grâce à onze hauts fonctionnaires sur vingt-et-un membres, l'Etat a le pouvoir d'imposer son candidat face aux dix élus locaux. Le président (LR) de l'Essonne, François Durovray, en a fait les frais en 2020 face au candidat du gouvernement Olivier Klein, alors maire (Divers gauche) de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). De même qu'en 2018, le président (LR) des Yvelines, Pierre Bédier, a dû retirer sa candidature en 2018 après la nomination de Patrick Braouezec, président (PCF) de Plaine Commune.

Dès janvier 2018, la Cour des Comptes avait pourtant alerté sur « l'insuffisant contrôle du directoire par le conseil de surveillance et les tutelles »se traduisant par « un manque de transparence sur la réalité de la maîtrise des coûts et des délais »Les sages de la rue Cambon pointaient deux faiblesses : la composition dudit organe de contrôle « ne lui apporte pas l'expertise nécessaire sur les sujets techniques et financiers » et « la faiblesse [de son] pouvoir n'était pas compensée jusqu'à une période très récente par un suivi étroit par les tutelles ».

Une refonte des missions et organisations de cette instance semble nécessaire pour donner davantage de pouvoir aux élus de terrain. « Quand j'en étais le président (2010-2015), les gens débattaient réellement. Nous avions des préfets qui s'occupaient beaucoup plus de la vie des territoires. Aujourd'hui, ça semble plus techno. Il faudra qu'ils renouent les liens. Ce n'est pas bon pour la suite surtout si on fait appel à des impôts », déclarait, à La Tribune en 2020, le maire (UDI) d'Issy-les-Moulineaux André Santini.

« La structuration du conseil de surveillance, qui correspondait à sa phase de lancement et à son portage politique majeur et considérable, montre sa limite et doit être revue. Nous avons basculé d'une unanimité d'accompagnement à un conflit ouvert entre l'Etat et les présidents de département, voire même de la région et de Paris », appuyait l'ex-député-maire (PS) de Cachan (94), Jean-Yves Le Bouillonnec, président de l'organe de contrôle de 2015 à 2018.

Reste que le conseil de surveillance doit se réunir bientôt pour élire son président. Les sept patron(ne) de conseil départemental peuvent toujours présenter un(e) candidat(e), mais ses chances d'être élu(e) face à Karim Bouamrane sont minimes.

César Armand

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