C'est un établissement public d'Etat qui a plusieurs cordes à son arc. La Société du Grand Paris, l'opérateur né de la loi du 3 avril 2010 relative au Grand Paris et qui vient de se lancer dans l'immobilier, se prépare à conquérir de nouveaux marchés.
La Société, qui pilote la construction des 200 kilomètres de nouvelles lignes du métro francilien et ses 68 gares d'ici à 2030, vient d'annoncer la création d'une nouvelle filiale "compétente pour conduire des études en vue de la réalisation d'autres projets d'infrastructures".
Des extensions potentielles du Grand Paris Express ?
"A l'unanimité", le conseil de surveillance, qui est composé de onze représentants de l'Etat et de dix élus, et qui " valide les orientations générales de la politique de l'entreprise, contrôle ses comptes financiers ainsi que les opérations d'aménagement et de construction", a accepté la création de cette entité.
La nouvelle filiale pourra ainsi se pencher sur des extensions potentielles du Grand Paris Express. Sur l'actuelle carte du tracé, une ligne apparaît déjà en pointillés. Si elle est mise en œuvre, elle relierait Versailles-Chantiers - futur terminus de la ligne 18 à proximité de l'actuelle gare RER, Transilien et TGV - et Saint-Denis-Pleyel, pensé comme le futur pôle de correspondance entre les lignes 14 Nord, 15 Ouest, 16 et 17.
Le lobbying va bon train. Le président (LR) du conseil départemental de l'Essonne aimerait, lui, que la ligne 14 Sud aille au-delà de l'aéroport d'Orly et arrive à Morangis, où se trouvera le centre d'exploitation technique. Une revendication également portée par la maire (LR) de cette commune de 13.800 âmes qui estime que cette nouvelle gare rendrait service à 500.000 habitants et salariés.
Des projets au-delà de la maîtrise d'ouvrage du métro francilien
La future entité pourra également expertiser des projets se situant au-delà de la maîtrise d'ouvrage du métro francilien. Autrement dit, regarder des idées de nouvelles lignes situées en dehors de l'Île-de-France, et non les lignes existantes, celles-là restant l'apanage de SNCF Réseau. "J'y suis favorable, mais il faut que les collectivités territoriales concernées soient associées", met, déjà, en garde François Durovray, président de la commission "Mobilités" à l'Assemblée des départements de France (ADF) et patron du conseil départemental de l'Essonne.
"J'ai reçu un mandat d'animer un groupe de travail composé des ministères concernés et des représentants d'Etat, processus classique pour un établissement d'Etat élargissant son champs d'action, mais François Durovray a raison d'évoquer les élus qui devront d'une manière ou d'une autre être associés aux réflexions", répond, à La Tribune, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société du Grand Paris.
Une Société du Grand Paris dont le nom risque de freiner des élus locaux
Toujours est-il que la filiale ne vise pas, pour l'heure, à déployer et à financer d'autres infrastructures en Île-de-France ou ailleurs."C'est un événement important pour la SGP, mais il ne faut pas en exagérer l'importance", relativise d'ailleurs son président du directoire.
"Il est, en externe, le signe de notre crédibilité et, en interne, il nous donne des perspectives, mais nous ne faisons que créer une filiale capable de faire des études", insiste Jean-François Monteils. "Nous ne sommes encore très loin d'assurer la maîtrise d'ouvrage. Si nous voulons aller plus loin, il faudra une loi", conclut-il.
Reste que le nom de la Société du Grand Paris risque de freiner des élus locaux marseillais par exemple. "Il y a des hypothèses en lien avec des scénarios de modification à la marge de la structuration de la SGP", rétorque le président du directoire. Autrement dit, Jean-François Monteils et son équipe y réfléchissent pour ne froisser personne en région.
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