La SNCF cède sa filiale Akiem pour continuer d'absorber sa dette

La compagnie ferroviaire se sépare d'un actif rentable qu'elle détenait à parts égales avec l'allemand DWS, afin de poursuivre sa politique de désendettement. Parmi les repreneurs potentiels, l'industriel français a finalement opté pour la Caisse de dépôt et placement du Québec qui avait déjà repris son autre filiale Ermewa il y a moins d'un an pour plus de 3 milliards d'euros.
(Crédits : REUTERS/Charles Platiau)

Après la publication de résultats semestriels encourageants, la SNCF ne veut pas s'arrêter en si bon chemin. La compagnie ferroviaire a annoncé lundi être entrée en négociations exclusives avec la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) en vue de lui céder sa filiale de location de locomotives Akiem, actuellement détenue à 50/50 avec la société allemande de gestion d'actifs DWS. Le montant de l'opération n'a pas été précisé.

Il s'agit de la deuxième cession en moins de deux ans. Elle va d'ailleurs renforcer la présence de CDPQ dans le transport ferroviaire européen, laquelle a déjà racheté en octobre dernier - déjà au tandem SNCF /DWS - le loueur de wagons Ermewa pour 3,2 milliards d'euros.

Après cette cession d'Ermewa, le groupe avait exclu la possibilité de recourir à une nouvelle cession d'actifs.

Réduire la dette du groupe

Mais la SNCF, malgré un bénéfice net en hausse au premier semestre, doit participer au désendettement encore colossal du groupe public. L'Etat a même du intervenir pour réduire celui-ci. Sous la houlette d PDG Jean-Pierre Farandou, la réduction de la dette, et sous la pression de l'Etat, est devenue une priorité après avoir culminé à 38,4 milliards d'euros à la fin 2020.

L'opération doit permettre "de participer au financement de nos activités coeur et des relais de croissance du groupe, tout en accélérant son désendettement", a commenté Laurent Trevisani directeur général de la SNCF chargé des finances et de la stratégie.

Pour autant, cette cession devrait être la dernière à remplir cette fonction financière. Même si la SNCF ne s'interdit pas à l'avenir d'autres cessions-acquisitions, celles-ci seront désormais réalisées pour appuyer son développement dans le cadre de son plan stratégique. La compagnie est en effet lancée dans un vaste plan d'économies. La hausse des prix de l'énergie vient aussi compliquer cette tâche.

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Une entreprise rentable

Concernant Akiem, SNCF et DWS -filiale de la Deutsche Bank- avaient reçu des offres allant entre 2,5 et 3 milliards d'euros de la part de CDQP, de la banque d'affaires américaines JP Morgan et du fonds français Vauban, selon des informations de presse.

Fondée en 2008 pour accompagner l'ouverture à la concurrence du fret ferroviaire, Akiem gère une flotte de plus de 600 locomotives et 46 trains de passagers, aux trois quarts électriques. Elle vient de créer avec la Banque des territoires (Caisse des dépôts) une filiale spécialisée pour louer des trains de voyageurs aux régions, à l'Etat et aux opérateurs ferroviaires.

Akiem, basée à Paris, emploie quelque 250 personnes. Elle a dégagé en 2021 un excédent brut d'exploitation (Ebidta) de 150 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 220 millions.

L'offre de la CDQP doit encore être présentée aux représentants du personnel de la SNCF et d'Akiem et être soumise aux autorités de la concurrence, selon le communiqué.

La CDPQ est bien connue de la SNCF, puisqu'elle est coactionnaire -minoritaire- de sa filiale de transports publics Keolis et de la compagnie transmanche Eurostar (qui vient d'absorber Thalys).

La CDPQ est également le premier actionnaire d'Alstom, depuis le rachat de Bombardier début 2021.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 02/08/2022 à 15:05
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Il ne se passe pas une semaine sans qu'il y ait un problème majeur sur une ligne de la SNCF ! Guillaume Pépy aurait du être mis en examen pour avoir laissé cette entreprise dans un tel état de délabrement. Mais aussi pour les deux accidents mortels s...

à écrit le 02/08/2022 à 11:08
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C'était l'occasion rêvée de céder le boulet de l'activité ferroviaire et de s'investir dans des activités plus rentables où il n'y avait plus de frais d'infrastructures; en plus, verser un dividende à un actionnaire plus préoccupé de gros sous que de...

à écrit le 01/08/2022 à 18:34
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Comme nous n'avons pas de fonds de pension pour investir dans nos entreprises et que les Français n'investissent pas en bourse parce qu'ils considèrent que actionnaires et dividendes sont des gros mots, nos plus belles valeurs industrielles font le b...

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