C'est un bilan contrasté qui a été livré par Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs, lors d'un échange avec la presse. Le début d'année est ainsi partagé entre le retour à la normale des voyageurs loisirs et un segment professionnel qui s'effondre.
C'est la bonne nouvelle pour la SNCF : avec 5 millions de billets vendus pour les vacances de printemps, elle retrouve son niveau de réservations d'avant la crise. Cette tendance s'illustre aussi sur les vacances d'été, où les taux de réservations sont équivalents à ceux de 2019, même s'il ne s'agit que de quelques pourcents pour l'instant. Cette dynamique s'inscrit dans la continuité de celle déjà observée au 1er trimestre avec un nombre de passagers loisirs quasiment équivalent à celui d'il y a trois ans, à la même époque.
Christophe Fanichet met également en avant le succès de la carte Avantage, écoulée à 3 millions d'exemplaires depuis son lancement en juillet dernier. Son utilisation touche, selon le dirigeant, un quart des voyages effectués et permet de générer des trajets supplémentaires chez les détenteurs.
Les pros pas au niveau
Ce qui préoccupe en revanche Christophe Fanichet, c'est le niveau de trafic pour les voyageurs professionnels. En ce début d'année, il est divisé par deux en comparaison du niveau d'avant la pandémie de Covid-19. Si le dirigeant prévient depuis plusieurs mois que ce segment ne retrouverait pas son niveau d'antan avant plusieurs années, avec une baisse potentiellement structurelle, il ne s'attendait pas à une telle chute. En 2021, le trafic affaires est remonté doucement mais est resté inférieur de 30 % à celui de 2019. Pour 2022, SNCF Voyageurs visait une amélioration de cette performance. Après un trimestre, l'opérateur ferroviaire est donc loin du compte.
Christophe Fanichet met pour l'instant en avant l'impact du variant d'Omicron - qui a réinstauré fortement les pratiques de travail à distance - et voit donc un mouvement conjoncturel. Il se dit ainsi préoccupé mais pas inquiet. Mais si elle venait à se prolonger, cette baisse à -50 % du trafic affaires serait préjudiciable à la tenue de la trajectoire financière de SNCF Voyageurs. D'autant qu'un voyageur professionnel génère plus de revenus qu'un passager loisirs. S'il n'a pas donné de détails pour sa filiale, Christophe Fanichet a rappelé que l'objectif fixé pour le groupe était un retour à l'équilibre du flux de trésorerie libre à la fin de l'année.
Eurostar et Thalys vont mieux
Paradoxalement, cette baisse du trafic affaires concorde avec une reprise de l'activité sur Eurostar et Thalys. Christophe Fanichet indique ainsi un retour meilleur qu'attendu des voyageurs professionnels sur ces lignes, même s'ils ne sont pas "autant qu'il le souhaiterait".
Au fond du gouffre il y a quelques semaines encore avec moins de 500 voyageurs par jour, Eurostar redémarre sensiblement avec l'abaissement des contraintes sanitaires. Le trafic en mars était de l'ordre de 80 % de celui avant la crise. Et depuis début avril, le plan de transport est revenu aux deux tiers du nominal avec des taux d'occupation moyen de 65 % en semaine. Là où, en janvier, seuls deux à trois trains circulaient quotidiennement entre Paris et Londres, Eurostar va revenir à une offre quasi-normale mi-mai avec 15 allers-retours entre les deux capitales, ainsi que sept allers-retours vers Bruxelles et trois vers Amsterdam.
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