
La transition écologique et la décarbonation de l'industrie et des transports font partie de la feuille de route de la Banque des territoires. La filiale de la Caisse des dépôts poursuit ses investissements en faveur des innovations en matière de mobilité durable.
À ce titre, elle vient d'entrer comme actionnaire minoritaire de Green Aerolease. Fondée en 2021 par Charles Cabillic, également patron d'OpenFly (location d'avions privés) et de la compagnie Finistair, la société brestoise de location « tout compris » d'avions électriques achève une levée de fonds de 12 millions d'euros. Elle est également suivie par des investisseurs privés, dont les banques régionales Crédit Mutuel Arkea, Banque Populaire Grand Ouest et CIC.
Pour rappel, l'entreprise a démarré son activité en janvier 2021 avec 50 avions biplaces Velis Electro, commandés à Pipistrel, seul constructeur européen à avoir obtenu la certification de l'Agence Européenne de la Sécurité Aérienne (EASA). Son objectif à terme maintenir une place de pionnier de la transition environnementale dans l'aérien.
Une trentaine d'appareils dans les aéroclubs et la Danish Air Force
« L'adaptation du transport aérien aux enjeux climatiques est un défi clé pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la décarbonation de la mobilité. Nous pensons que les solutions apportées par le projet novateur de Green Aerolease permettront le déploiement massif de flottes d'avions électriques en France », s'est enthousiasmé Olivier Sichel.
Présent jeudi 11 mai à l'aéroport de Brest Guipavas pour l'annonce de la levée de fonds, le Directeur général délégué et directeur de la Banque des Territoires, qui en 2022 a investi 29,8 millions d'euros dans cinq projets d'efficacité énergétique et de mobilités propres en Bretagne, a pu effectuer son baptême de l'air à bord d'un avion Velis Electro.
Fondé sur le leasing, le système de location clé en main mis en place par Green Aerolease au prix de 2.500 euros HT, assurance et maintenance comprises pour 250 heures de vol, se veut totalement inédit et attractif pour un secteur en pleine mutation. Rechargées en 40 minutes, les batteries du monomoteur offrent une autonomie d'une heure de vol pour trois euros d'électricité. A titre de comparaison, il faut compter 30 à 50 euros de carburant pour un avion thermique d'aéroclub.
En deux ans, la société a déployé une trentaine d'avions auprès d'acteurs du secteur aérien français, comme les aéroclubs et la plateforme collaborative de co-avionnage Wingly. L'École nationale de l'aviation civile (ENAC), qui en loue déjà deux, vient de commander 20 nouveaux biplaces. Green Aerolease survole aussi le ciel européen, en Espagne, au Pays et au Danemark. L'an passé, elle a signé un accord inédit avec la Royal Danish Air Force, première armée de l'air européenne à intégrer des avions électriques dans sa flotte militaire.
Flotte de 70 avions en 2024
« Les Velis Electro, notamment utilisés par des aéroclubs et des écoles de pilotage professionnelles pour la formation initiale des nouveaux pilotes, affichent 3.000 heures de vol à leurs compteurs », relève Charles Cabillic, fondateur de la société holding W3.
« L'enjeu est très important : à horizon de cinq ans, il faudra être capable de doubler le nombre de nouveaux pilotes professionnels formés pour répondre à la demande mondiale de formation de 800.000 pilotes », ajoute-t-il.
Outre l'achat et le déploiement d'avions Velis Electro supplémentaires (soit une flotte de 70 avions à fin 2024), la levée de fonds doit aussi permettre de mettre les gaz sur le marché des avions décarbonés de transport de passagers. Green Aerolease entend soutenir la mobilité aérienne inter-régionale par la mise à disposition d'appareils électriques de plus forte capacité.
Finistair en attente de décollage
« La certification des premiers avions 6-9 places est, en effet, attendue dès 2025 », anticipe Charles Cabillic, qui souhaite désenclaver les villes de taille moyenne. Cet enjeu de croissance des territoires est, d'ailleurs, un des segments sur lesquels investit le fonds Épopée Gestion, que le dirigeant a co-fondé avec Ronan Le Moal.
Ces futurs appareils pour passagers seront électriques ou hybrides (neufs ou en retrofit). Green Aerolease s'est déjà positionnée auprès de plusieurs constructeurs, comme la startup française VoltAero. Cette dernière développe en vue de 2024 un avion neuf de 6-9 places. La société scrute aussi les projets d'avion à hydrogène du Toulousain Universal Hydrogen.
Parallèlement, des discussions sont en cours avec plusieurs régions françaises, afin d'intégrer des appareils dans les plans de vol des aéroports régionaux. A n'en pas douter, la compagnie Finistair, rachetée en 2020, sera la première sur le tarmac pour assurer des liaisons décarbonées entre Brest et Ouessant, ou entre Vannes et Belle-Île-en-Mer.
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