Réduction de la dette, hausse des bénéfices... la SNCF fait mieux qu'avant le Covid

La SNCF sort la tête de l'eau avec une augmentation de son chiffre d'affaires de 18% par rapport à 2019, dernière année de référence et une trésorerie positive, ce qui n'était pas arrivé depuis sept ans. Si l'engouement pour le transport en trains est présent, le groupe sait qu'il va encore falloir investir massivement pour restaurer son réseau. Explications.
Jean-Pierre Farandou, président-directeur général de la SNCF
Jean-Pierre Farandou, président-directeur général de la SNCF (Crédits : Reuters)

«  Nous ne sommes plus surendettés ». C'est avec cette phrase de soulagement que s'est ouverte la présentation des résultats annuels du groupe SCNF ce jeudi matin. Après plusieurs années de perte et une pandémie qui a limité les transports, les bons résultats de 2022 viennent donner une nouvelle impulsion au groupe. Au global, la SNCF termine l'année avec un chiffre d'affaires de 41,4 milliards d'euros, en croissance de 18% par rapport à 2019, dernière année de référence. Le résultat net du groupe est de 2,4 milliards d'euros alors qu'il était à 890 millions en 2021. La dette s'élève quant à elle à 24,4 milliards, en recul de 12 milliards par rapport à fin 2021.

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30% de fréquentation supplémentaire

Première bonne nouvelle : la fréquentation des trains a augmenté de 30% par rapport à l'année 2021. Si ce chiffre est à relativiser, compte tenu de la reprise post-Covid en 2021 qui avait diminué la fréquentation des trains, il montre tout de même l'engouement des Français pour ce mode de transport. La croissance est encore plus importante dans les TER. Le chiffre d'affaires de SNCF voyageurs a augmenté de 3,4% par rapport à 2019 et de 27% par rapport à l'année dernière.

«  Nous sommes toujours très étonnés par l'engouement au niveau du train et de la vitesse d'achat des places au moment de leur mise en ligne. Notre taux d'occupation des trains est de 87% et 1 TGV sur 3 est plein » , se félicite Jean-Pierre Farandou, président-directeur général du groupe SNCF.

Mais le groupe sait aussi qu'il devra à l'avenir faire preuve d'encore plus de souplesse sur ses offres de transport. Sa clientèle se modifie, les voyages business sont en baisse de 10% à 15% en raison du télétravail et de plus en plus de voyageurs plébiscitent les trajets à petits prix notamment les Ouigo. La SNCF a précisé que les coûts engendrés par les modifications de train en fonction de la clientèle seraient trop importants mais a rappelé l'arrivée pour 2024 d'une rame baptisée TGV M, qui permettra d'ajuster le nombre de voitures (de 7 à 9) et de transformer un espace 1ère en 2nde classe.

Maîtrise des coûts et augmentation des prix des billets

Les bons résultats sont également liés aux économies du groupe. Malgré l'inflation et la hausse des prix de l'énergie, la SNCF a réussi à faire 830 millions d'euros d'économie, soit 25% de plus que prévu pour 2022. Dans le détail, l'entreprise a réalisé ses économies les plus importantes au niveau des charges industrielles de production et de sa performance commerciale suivie de ses charges de structure (intérêts financiers, loyers immobiliers, abonnements énergie). Pour l'électricité, la SNCF, 1er consommateur d'énergie en France, a bénéficié de contrats spéciaux signés sur trois ans pour maîtriser sa facture.

Surtout, malgré cette gestion, l'entreprise a choisi d'augmenter en moyenne de 5% ses prix des billets le 10 janvier dernier. La raison ? La hausse des prix des matières premières en raison de la guerre en Ukraine ainsi que les prix de l'énergie qui demeurent instables. La SNCF table sur une augmentation d'un milliard d'euros de ses coûts d'énergie pour 2023, répartie équitablement entre les TGV d'un côté et des TER et le réseau urbain de l'autre côté.

L'entreprise a néanmoins pu bénéficier d'une aide de l'Etat dans sa gestion de la dette et du Covid. En effet, les 35 milliards de dettes devaient être payées par l'Etat dont 10 milliards le 1er janvier 2022. Résultat : sur les 12 milliards de recul de la dette, 2 milliards ont été réalisé par la SNCF.

Un cash flow libre positif, une première depuis 2015

En contrepartie de la reprise de la dette, l'Etat avait demandé à la SNCF un cash flow libre, soit la trésorerie après paiement des charges, à l'équilibre pour 2022. L'entreprise a fait mieux puisque le cash flow libre est, pour la première fois depuis sept ans, en positif à 1,3 milliard d'euros. Une bonne nouvelle pour de futurs investissements dans le réseau ferroviaire puisque tout le cash généré reste dans la trésorerie du groupe. La SNCF annonce investir chaque année 10 milliards d'euros dont un tiers financé par l'entreprise pour la rénovation de son réseau ferré, l'achat de matériel roulant et la modernisation des gares.

« Aujourd'hui, 95% de nos investissements sont à destination du réseau ferroviaire en France alors que 37% de notre activité se trouve à l'international. Cela montre que notre priorité reste bel et bien le ferroviaire », précise Laurent Trevisani, directeur général délégué.

Pour résister face à la pandémie, l'Etat avait par ailleurs versé 4 milliards d'euros dans le capital de l'entreprise. Une aide bienvenue qui a permis d'investir en 2020 et 2021 mais aussi pour l'année 2022.

Le groupe s'est voulu rassurant sur l'avenir et a assuré être désormais dans une « dynamique saine ». Les investissements restent colossaux puisque le réseau ferré français a une moyenne d'âge de 30 ans, soit 13 ans de plus que l'Allemagne et 21 ans de plus que la Suisse. La SNCF doit également investir dans son réseau urbain afin de développer le prolongement du RER E dans la banlieue ouest de Paris avant les JO de Paris 2024. Tous ces chantiers représentent 10 milliards d'euros d'investissements par an sur 10 ans.

Keolis et Geodis rapportent

Ces bons résultats ne sont pas uniquement liés au réseau ferroviaire. La moitié du chiffre d'affaires de la SNCF vient de ses sociétés annexes que sont Geodis et Keolis. Les bénéfices réalisés par ces deux entreprises sont reversés directement à la SCNF et ne vont pas dans les caisses de l'Etat, une aubaine pour le groupe. Keolis affiche une petite hausse de 0,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires. La société gère notamment les réseaux de transports en commun urbains comme TCL à Lyon ou encore Ilévia à Lille.

Mais c'est surtout Geodis qui rapporte. Cette société de transport routier, maritime et aérien réalise une activité record avec une croissance de près de 70% par rapport à 2019 et un chiffre d'affaires qui se rapproche de celui de SNCF voyageurs. Si la SNCF se félicite d'avoir plusieurs secteurs d'activités rentables, la question de son objectif de réduction de 30% de ses émissions pour 2030 se pose avec une telle augmentation de Geodis.

Lire aussiQuand les résultats de la SNCF sont dopés par... le routier, l'aérien et le maritime de sa filiale Geodis

Des recrutements à venir

Enfin, le groupe a insisté sur la partie sociale, comme pour masquer les diverses grèves qui ont émaillés les départs en vacances. « Nous avons stabilisé l'emploi cette année, ce qui n'avait pas été le cas depuis longtemps », a déclaré Jean-Pierre Farandou. La SNCF a assuré avoir augmenté la masse salariale de 6% l'année dernière en accord avec l'inflation et confirme une même augmentation cette année.

Le groupe a également annoncé le recrutement de 10.000 personnes en 2023 dont 7.200 CDI, en hausse de 20% par rapport à 2021. La SNCF souhaite notamment améliorer ses prestations de service, en particulier l'été durant les moments de canicule. Le président du groupe le concède lui même : « nous avons du travail sur la qualité de service, nous ne le nions pas.»

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Commentaires 12
à écrit le 24/02/2023 à 17:43
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Que l'on arrête de mettre le bâton dans les roues aux compagnies ferroviaires étrangères qui veulent concurrencer la sncf avec son service calamiteux et cheminots des branquignols tout bon à faire grève. Les clients usagers contribuables n'en veulent...

le 25/02/2023 à 19:52
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..presque 80% des incidents de la sncf -dont je subis comme vous les désagrements- ont pour origine l état du réseau /matériel sous-investis depuis 30 ans ..la politique du tout-tgv a dégradé les trains du quotidien rer-ter et les grandes lignes ex-c...

le 25/02/2023 à 19:52
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..presque 80% des incidents de la sncf -dont je subis comme vous les désagrements- ont pour origine l état du réseau /matériel sous-investis depuis 30 ans ..la politique du tout-tgv a dégradé les trains du quotidien rer-ter et les grandes lignes ex-c...

le 25/02/2023 à 20:00
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..presque 80% des incidents de la sncf -dont je subis comme vous les désagrements- selon le rapport d avril 2021 de cour des compte, ont pour origine l état du réseau /matériel sous-investis depuis 30 ans ..la politique du tout-tgv a dégradé les trai...

le 25/02/2023 à 20:02
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..presque 80% des incidents de la sncf -dont je subis comme vous les désagrements- selon le rapport d avril 2021 de cour des compte, ont pour origine l état du réseau /matériel sous-investis depuis 30 ans ..la politique du tout-tgv a dégradé les trai...

à écrit le 24/02/2023 à 9:19
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Vu les brillants résultats de l'industrie informatique française dans le passé CII , Bull j'ai de gros doutes quant à la présence de la France dans la compétition, et une improbable éventuelle pépite française sera vite contrainte de se vendre à un c...

à écrit le 24/02/2023 à 9:04
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Vu les brillants résultats de l'industrie informatique française dans le passé CII , Bull j'ai de gros doutes quant à la présence de la France dans la compétition, et une improbable éventuelle pépite française sera vite contrainte de se vendre à un c...

à écrit le 24/02/2023 à 8:49
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L'amélioration des résultats de la SNCF me rappelle la reprise en main du Crédit Lyonnais: remplacement d'un énarque par un ingénieur. Seul bémol: je crois comprendre que c'est La Route qui vient en aide au Chemin de Fer.

à écrit le 24/02/2023 à 7:30
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Bonjour, Pour la sncf , ils faut avant tous améliorer les moyens de transport.... Moins de bétaillère et plus de transports de qualités. Ensuites, les prix doivent etre réaliste... souvent la sncf n'est pas accessible, sauf si vous avez droits...

à écrit le 23/02/2023 à 22:59
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On peut critiquer la sncf- qui est l’ etat il ne faut pas l oublier- mais en 30 ans elle a multiplié son ca par 13 et divisé sa masse salariale par 3 .. et ses grèves par 15 qui se souvient qu’ en 1992 il y avait un ca de 18 millards de francs ( 3 m...

à écrit le 23/02/2023 à 22:59
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On peut critiquer la sncf- qui est l’ etat il ne faut pas l oublier- mais en 30 ans elle a multiplié son ca par 13 et divisé sa masse salariale par 3 .. et ses grèves par 15 qui se souvient qu’ en 1992 il y avait un ca de 18 millards de francs ( 3 m...

à écrit le 23/02/2023 à 21:54
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Comme pour Stellantis, La Poste ou Renault, les bénéfice records sont en grande partie basés sur des tarifs ont augmenté plus vite que les frais... D'un autre coté manifestement il y a suffisamment de clients prêts à payer plus cher.

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