Sécurité routière : 10 problèmes, 20 solutions !

Le Syndicat des Equipements de la Route (SER) présentera son Livre blanc aux candidats à la présidentielle.
Mounia Van de Casteele
Les causes des accidents sont rarement techniques mais comportementales, rappelle le SER, notant le paradoxe suivant: si la sécurité et le confort augmentent, la vigilence diminue.

A l'occasion de la journée nationale de la sécurité routière, ce jeudi, La Tribune revient sur le lancement du livre blanc du Syndicat des Equipements de la route (SER), présenté devant la presse et des représentants du secteur mardi. Pour élaborer ses 10 propositions pour 2017, dans la perspective de la prochaine élection présidentielle, le SER s'est donné trois axes de travail : l'entretien des équipements de la route et de la rue, l'égalité d'accès à la route et l'innovation pour la sécurité des usagers de la route et de la rue.

La question des seniors

Concrètement, le syndicat a relevé 10 problèmes, pour lesquels il propose à chaque fois deux solutions. Il relève entre autres la question des personnes âgées au volant. Et pour cause, la population vieillit. Il y aura ainsi 20 millions de seniors (personnes âgées de plus de 60 ans) en 2030. D'où la nécessité d'adapter les infrastructures à ces usagers, trop souvent oubliés aux yeux du syndicat. Diminution de l'acuité visuelle et auditive, baisse des réflexes ou mauvaise visibilité de la signalisation : sur la route, les conducteurs du troisième âge se sentent souvent en insécurité, stressés, et se déplacent moins. Ils ne voient un panneau qu'à 65 mètres quand un jeune de 20 ans le perçoit à 100 mètres.

Aussi serait-il souhaitable de solliciter des experts de la rue, des ergothérapeutes pour le design des nouveaux panneaux, afin d'insister sur les contrastes de couleur notamment. Encore faut-il que les pouvoirs publics veuillent prendre en compte les seniors, note le syndicat. Ce qui semblerait judicieux dans la mesure où  la voiture reste un moyen de transport indispensable, pour 90% des ruraux âgés de plus de 65 ans. C'est pourquoi le syndicat suggère d'organiser une opération nationale de remplacement de la signalisation routière installée sur le territoire depuis plus de 20 ans.

Il envisage également la création d'une commission "Séniors et sécurité routière" pluridisciplinaire au sein du Conseil national de la sécurité routière (CNSR). Car bien entendu, les séniors aussi doivent s'adapter au changement et aux nouvelles réglementations. Et par exemple, s'ils ont passé leur permis il y a 60 ans, pourquoi ne pas envisager quelques séances de "mise à niveau" chaque année, s'interroge le syndicat.

L'entretien du réseau

Et qui dit signalétique, dit entretien du réseau. Le syndicat rappelle à cet égard que près de 50% des accidents mortels impliquent l'absence ou le mauvais état de l'infrastructure (route - équipements - environnement...), d'après plus de 20.000 enquêtes conduites entre 1983 et 1991. D'où la nécessité d'intégrer des critères liés à l'état de la route et de ses équipements dans les statistiques d'accidentalité. Et de généraliser les enquêtes techniques indépendantes à l'ensemble des accidents de la route.

Le SER rappelle en outre que 78% des Maires demandent à ce que l'état des routes soit de nouveau pris en compte dans les rapports d'accidentalité, d'où ils avaient disparu. Et pour cause, le SER rappelle que lors d'un accident, la responsabilité de l'élu peut être engagée au titre d'un défaut d'entretien normal de la voirie, notamment en cas de défaillance de signalisation d'un danger. Or 50% du marquage au sol est estimé non-conforme aux performances minimales de certification, rappelle le syndicat. Notons à ce propos que 52% des Français estiment que l'état des routes s'est dégradé ces dernières années, selon une étude menée par une entreprise adhérente du SER. Aussi le syndicat propose-t-il d'établir une cartographie annuelle de l'état des routes et de ses équipements.

Paradoxe(s)

Cela dit, les causes des accidents sont rarement techniques mais comportementales, rappelle le SER, notant le paradoxe suivant : si la sécurité et le confort augmentent, la vigilence diminue...

Reste encore le nerf de la guerre : l'argent. Selon le SER, l'entretien du réseau routier nécessiterait quelque 300 millions d'euros. Alors qu'en parallèle, l'Etat alloue 500 millions d'euros pour anticiper les besoins de train de demain, déplore-t-il. Et de conclure :

"Il existe une question de répartition budgétaire, afin de mettre l'argent là où il est nécessaire".

Mounia Van de Casteele

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