Le roquefort fait de la résistance

Face à la surtaxe de 300 % imposée par les États-Unis, les producteurs s'organisent et veulent faire parler d'eux.

Au pays du hamburger, le fromage français n'a toujours pas la cote. À partir du 23 mars, les États-Unis vont taxer certains produits d'importation à hauteur de 300 %. Le roquefort est directement concerné, après une première levée de taxe de 100 % initiée en juillet 1999. Michel Laporte, directeur marketing et ventes internationales, fait les comptes chez Roquefort Société?: « En dix ans, cette petite plaisanterie a coûté 17 millions d'euros à la filière, car nous avons compensé cette taxe pour rester sur le marché américain. Nous pensions à l'époque que cette taxation serait provisoire?, explique-t-il. Mais 300 %, cela va représenter plus de 5 millions d'euros par an?! »

Avec 420 tonnes vendues chaque année, les États-Unis représentent le troisième marché d'exportation du roquefort, derrière l'Espagne (1.000 tonnes) et l'Allemagne (550 tonnes). Voyageant dans plus de 90 pays, le célèbre fromage « bleu » est l'appellation d'origine contrôlée (AOC) française la plus exportée. Mais il est surtout prophète en son pays, avec 19.000 tonnes produites. « C'est un produit difficile à exporter, poursuit Michel Laporte. D'abord parce que c'est l'un des fromages les plus chers au monde. Ensuite parce que son goût très typique peut freiner les consommateurs de certains pays, en Asie notamment. »

un marché clé

D'autres contrées, comme l'Australie, se remettent à importer du roquefort, mais dans des volumes qui restent limités. Pas question, donc, de laisser tomber l'Amérique du Nord. Pour réagir à cette politique de taxes, les artisans du roquefort ont prévu plusieurs actions ?: lobbying auprès de l'Europe et sensibilisation du public. Lors du prochain Salon de l'agriculture, qui s'ouvre le 21 février à Paris, producteurs et politiques locaux réfléchissent à un événement médiatique. La Société des Caves va recevoir fin février une délégation de journalistes américains qui veulent comprendre comment se fabrique ce drôle de fromage. La Société Anonyme des Caves de Roquefort, qui détient à elle seule les deux tiers du marché, emploie 1.400 salariés pour un chiffre d'affaires de 527 millions d'euros en 2007. Ce qui en fait l'une des entreprises les plus importantes de Midi-Pyrénées. Mais les chiffres de ventes de début 2009 ne sont pas excellents?: « Moins 10 % en janvier en France », déplore Michel Laporte. La bataille du roquefort n'a pas encore suscité d'élan patriotique de soutien dans les linéaires? Martin Venzal, à Toulouse

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