3.500 milliards de tonnes de gaz à effet de serre, la facture colossale pour le climat des réserves de combustibles fossiles

Selon un inventaire inédit publié ce lundi, les réserves mondiales de combustibles fossiles contiennent l'équivalent de 3.500 milliards de tonnes de gaz à effet de serre, qui, si elles étaient utilisées mettraient à mal les objectifs climatiques internationaux. Les zones côtières sont particulièrement menacées par ce dérèglement climatique.
Les États-Unis et la Russie détiennent chacun suffisamment de réserves de combustibles fossiles pour faire exploser l'ensemble du budget carbone mondial.
Les États-Unis et la Russie détiennent chacun suffisamment de réserves de combustibles fossiles pour faire exploser l'ensemble du budget carbone mondial. (Crédits : Reuters)

3.500 milliards de tonnes de gaz à effet de serre. Une quantité vertigineuse qui correspond à ce qui serait libéré dans l'atmosphère si les réserves de pétrole, de gaz et de charbon étaient totalement produites et utilisées, selon un registre mondial créé par Carbon Tracker et Global Energy Monitor.

Cela équivaut à « plus que toutes les émissions produites depuis la révolution industrielle » et « plus de sept fois le budget carbone restant pour respecter la température limite de 1,5°C », indiquent les auteurs. Cette notion de « budget » carbone renvoie à la quantité de CO2 pouvant être émise pour un résultat donné, en l'occurrence l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris sur le climat.

Le registre - qui contient les données sur plus de 50.000 sites dans 89 pays - a pour ambition de fournir aux dirigeants politiques et à la société civile les données nécessaires pour gérer la sortie progressive de ces énergies fossiles.

Les Etats-Unis et la Russie dans le viseur

Il montre notamment que les États-Unis et la Russie détiennent chacun suffisamment de réserves de combustibles fossiles pour faire exploser l'ensemble du budget carbone mondial, même si tous les autres pays cessaient immédiatement leur production. Il identifie également la source d'émissions la plus puissante dans le monde : le champ pétrolier de Ghawar en Arabie saoudite.

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) avait suggéré l'an dernier de renoncer à tout nouveau projet pétrolier ou gazier, pour accompagner une baisse rapide de la demande et afin de garder le réchauffement sous contrôle.

TotalEnergies se félicite de sa « stratégie d'exploitation »

Malgré tout, la recherche de gisements se poursuit. Fin août, TotalEnergies et Eni faisaient part de « découverte significative » de gaz au large des côtes chypriotes.

TotalEnergies se félicitait à cette occasion félicité de sa « stratégie d'exploration, qui se concentre sur des ressources à faible coût technique et à faibles émissions, afin de contribuer à la sécurité énergétique ».

La société Energean Plc travaillant pour le compte d'Israël annonçait mi-septembre qu'elle était prête à commencer dans quelques semaines la production de gaz sur le champ offshore controversé de Karish en Méditerranée orientale.

Fin juillet, Greenpeace lançait une action devant la justice écossaise contre le permis accordé en juin par le gouvernement britannique au géant des hydrocarbures Shell pour l'exploitation du champ gazier controversé de Jackdaw.

L'ONG soutient « que le gouvernement a failli à son obligation légale d'évaluer les impacts environnementaux du projet (...) en refusant de prendre en compte les dommages qui seront causés par la combustion du gaz extrait ». Le gisement « devrait générer plus de CO2 que les émissions annuelles du Ghana » et « n'aidera même pas à atténuer la crise énergétique au Royaume-Uni (...) car il appartient à Shell et sera vendu sur les marchés internationaux au plus offrant », a dénoncé l'organisation.

ZOOM - Les îles, comme la Guadeloupe, menacées par le réchauffement des eaux

Fiona aura causé de nombreux dégâts lors de son passage en Guadeloupe dans la nuit de vendredi à samedi, où elle a laissé des quartiers inondés, des maisons dévastées et des routes coupées. Dans son bulletin, le centre météorologique de Guadeloupe a qualifié de « très impressionnants » les cumuls de pluie mesurés depuis le début de l'épisode, dans la nuit de vendredi à samedi, tels les « 534 mm à St-Claude (Matouba) » ou les « 502 mm à Capesterre Belle-Eau (Neufchâteau) ». L'équivalent de plusieurs mois de précipitations. Dans cet archipel des Petites Antilles très concerné par le dérèglement climatique, l'état de catastrophe naturelle avait déjà été reconnu en mai pour plusieurs communes touchées fin avril par des inondations qui avaient fait un mort.

La fréquence des des ouragans les plus intenses augmente

Sixième tempête tropicale de la saison dans l'Atlantique, Fiona s'est renforcé dimanche en ouragan à l'approche de Porto Rico, charriant des vents soufflant jusqu'à 140 km/h et menaçant l'archipel « d'inondations catastrophiques » et de coulées de boue, selon le dernier bulletin du Centre national des ouragans (NHC). La dépression a entièrement privé de courant ce territoire américain des Caraïbes, pour lequel le président américain Joe Biden a approuvé dimanche la déclaration d'état d'urgence .Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des ouragans les plus intenses augmente. Ils font notamment peser un risque de plus en plus important aux communautés côtières.

« Le registre mondial aidera les gouvernements, les entreprises et les investisseurs à prendre des décisions pour aligner leur production de combustibles fossiles sur la limite de température de 1,5° et, ainsi, à empêcher concrètement la disparition de nos îles », a souligné Simon Kofe, ministre des Affaires étrangères de Tuvalu, l'un des archipels du Pacifique menacés par la montée des eaux et le réchauffement climatique. « Nous disposons désormais d'un outil qui peut aider à mettre efficacement fin à la production de charbon, de pétrole et de gaz », espère-t-il, dans un communiqué qui accompagne la publication du registre.

(Avec AFP)

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Commentaires 8
à écrit le 19/09/2022 à 18:56
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Puisqu'on vous dit que le gaz c'est pas bon! Surtout celui de Poutine. Toutes les énergies fossiles sont nocives pour la planète MAIS comme nous ne pourrons nous en passer QUE lorsqu'il n'y en aura plus, dans 40/50 ans les gens vivrons dans un four l...

à écrit le 19/09/2022 à 18:51
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Puisqu'on vous dit que le gaz c'est pas bon! Surtout celui de Poutine. Toutes kes eb

à écrit le 19/09/2022 à 8:49
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Cet article confirme que le mur se rapproche.J’ai le sentiment que le pétrole sera pompé jusqu’à la dernière goutte .Trop d’enjeux financiers et de pouvoir en cause.La technologie liée à l’hydrogène avance doucement ,ce que je ne comprends pas.Pourqu...

le 19/09/2022 à 10:11
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Les pays mettent le paquet, mais ça se produit avec de l'électricité, par électrolyse, et si vous voulez remplacer 100% de tout le pétrole il en faudra des gigatonnes chaque année (une mole H2 = 2g). Le gaz doit être comprimé ou liquéfié pour le tra...

à écrit le 19/09/2022 à 7:14
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Rejeter du CO2 est un besoin vital pour l'humanité. Une fois qu'on a compris cela, on comprend que la lutte contre le réchauffement climatique est une lubie

le 19/09/2022 à 9:08
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Tout comme boire de l'eau, c'est vital. Mais boire 1000 litres par jours c'est pas bon !

le 19/09/2022 à 10:17
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Une étude Suisse montre que certaines plantes poussent moins vite quand y a trop de CO2, même si c'est leur "carburant" photosynthétique, comme quoi. Peut-être que d'autres plantes poussent plus vite, qui sait ? A condition aussi de ne pas manquer d'...

le 19/09/2022 à 20:54
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Il n'y a pas de développement sans énergie. Supprimer les énergies fossiles aux pays en voie de développement, c'est les condamner à la misère éternelle. C'est pourquoi l'Inde et la Chine ont claqué la porte de la cop de Glasgow. Et il y en aura d'a...

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