Déchets : l'industrie s'organise pour assurer le service essentiel

En raison du risque d'absentéisme des salariés, la collecte et le traitement doivent être réorganisés. La priorité est donnée au maintien de la propreté et de l'hygiène, parfois aux frais du recyclage.
Giulietta Gamberini
Des discussions sont engagées collectivité par collectivité afin d'adapter le service aux nouveaux besoins et contraintes.
Des discussions sont engagées "collectivité par collectivité" afin d'adapter le service aux nouveaux besoins et contraintes. (Crédits : Reuters)

En période de pandémie et de confinement, quid des déchets des Français ? Depuis le début de la crise, industriels et collectivités s'organisent pour le maintien de ce service essentiel. Les précautions couramment appliquées dans la manipulation des poubelles ou des emballages à trier (port de gants), et à proximité d'émissions de gaz ou de poussières (port de masques et lunettes), ainsi que les protections d'usage dans la manipulation des déchets hospitaliers, sont censées suffire face au faible risque de contamination des opérateurs par un éventuel contact avec les ordures, estiment les industriels. Mais d'autres défis doivent être relevés.

Le premier consiste dans le risque d'absentéisme d'une partie des salariés, contraints de garder leurs enfants depuis la fermeture des écoles, ou ayant du mal à rejoindre leur poste de travail à cause de la baisse des transports en commun. A celui-ci s'ajoute la nécessité de réduire au maximum les risques de contagion entre salariés, explique Anne Leguennec, directrice générale du recyclage et de la valorisation des déchets chez Veolia France.

Des équipes réduites à l'essentiel

"Tout ce qui le peut, comme la programmation des tournées, est fait à distance, par voie digitale", précise alors Anne Leguennec.

"Une communication interne régulière est faite vers les 90.000 collaborateurs pour leur rappeler les mesures préventives d'hygiène à adopter (lavage des mains, etc.)", ajoute pour sa part Suez.

Mais afin de réduire les risques de contagion, le fonctionnement de la collecte est aussi réorganisé. Pour éviter les contacts entre salariés, les horaires sont diversifiés, certains camions peuvent être réservés à une seule équipe. Les équipes peuvent être réduites à l'essentiel: un chauffeur dans la cabine et une personne à l'arrière du véhicule, ajoute Veolia.

Des tournées de collecte modifiées

Des discussions sont en outre engagées "collectivité par collectivité" afin d'adapter le service aux nouveaux besoins et contraintes. Les tournées peuvent notamment être modifiées. Parfois, les collectivités demandent même au délégataire du service public d'arrêter la collecte sélective des déchets destinés au recyclage, afin d'éviter tout ralentissement dans la collecte de l'ensemble des déchets, note Anne Leguennec.

"De telles adaptations s'imposent aussi car depuis la fermeture des cafés, restaurants et commerces, la typologie des déchets à ramasser a changé", explique la dirigeante.

"Il s'agit de donner la priorité aux activités essentielles: le maintien de la propreté et de l'hygiène", résume-t-elle.

Des centres de tri au ralenti ou à l'arrêt

En conséquence, le traitement des déchets peut aussi subir des modifications. Le fonctionnement des centres de stockage et de valorisation énergétique est assuré. "Mais certains centres de tri et de recyclage sont déjà au ralenti, d'autres à l'arrêt", et "ce choix des collectivités pourrait se généraliser", admet Veolia.

"Toutes les activités non critiques ont été reportées à l'exemple de certaines actions de maintenance", ajoute Suez.

Une expérience d'épidémies

Les industriels se veulent toutefois rassurants.

"Globalement, ça se passe plutôt bien", selon Anne Leguennec. "Ce matin, toutes les tournées ont été assurées".

"Nous pouvons assurer les missions opérationnelles essentielles même si nos effectifs sont inférieurs à 40 %", assure Suez, qui affirme également avoir établi des "coordinations avec les autorités locales (santé, sûreté...) ou les instances de veille sur la pandémie".

"Nous capitalisons sur des événements précédents, à l'exemple de l'épidémie du virus H1N1", fait d'ailleurs remarquer Suez.

Giulietta Gamberini

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