GRTgaz accélère sur le front de la transition énergétique. En 2020, le gestionnaire du réseau de transport gazier y a consacré 40 millions d'euros, soit 10% de ses investissements totaux. Ce montant est en progression de 30% par rapport à 2019 et cette tendance à la hausse devrait se confirmer en 2021, a indiqué son directeur général, Thierry Trouvé, lors d'une conférence de presse ce jeudi 4 février.
Aujourd'hui, la filiale d'Engie accompagne surtout le développement de la filière du biométhane. Fabriqué à partir de résidus agricoles, de déchets organiques ou de boues des stations d'épuration, ce gaz renouvelable a connu une année record. Fin 2020, la capacité installée était de 3,9 TWh (+75% par rapport à 2019), soit l'équivalent de 325.000 logements chauffés au biométhane. Aujourd'hui, il ne représente que 1% de la consommation du gaz en France, mais, à l'horizon 2050, il pourrait en représenter un tiers.
"Au Danemark, il représente déjà 21% de la consommation de gaz", souligne Thierry Trouvé.
Les premières molécules d'hydrogène déjà injectées
Alors que la filière du biométhane est encore naissante en France, GRTgaz planche déjà sur l'intégration d'autres gaz renouvelables et notamment le méthane de synthèse et l'hydrogène vert ou décarboné. Le gestionnaire décompte ainsi 30 demandes de raccordement de projets de toute nature pour l'injection de gaz de synthèse et d'hydrogène. Et il recense d'ores et déjà 15 acteurs qui travaillent sur des projets de production mixte méthane-hydrogène par pyrogazéification, un procédé qui consiste à chauffer les déchets à plus de 1.000 degrés en présence d'une faible quantité d'oxygène.
"Cela représente potentiellement un tiers de la consommation de gaz en 2050", souligne Thierry Trouvé.
Aujourd'hui, les premiers mètres cubes d'hydrogène sont déjà injectés dans le cadre du démonstrateur Jupiter 1000, situé à Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône. Mis en service il y a un an, il vise à stocker l'électricité renouvelable par injection d'hydrogène et de méthane de synthèse dans le réseau de transport de gaz existant.
"Toutefois, avec le potentiel fort de développement de la filière hydrogène, il faudra transporter de l'hydrogène pur avec des réseaux de transports dédiés", note le patron de GRTgaz.
3.300 km de canalisations hydrogène en France en 2040
La filiale d'Engie travaille ainsi avec ses homologues européens pour anticiper ce à quoi pourraient ressembler des réseaux de transports d'hydrogène pur. Selon une étude commune publiée en juillet 2020, le développement de l'hydrogène pur nécessitera, à l'horizon 2040, 23.000 km de canalisations dédiées en Europe, dont 3.300 km en France. À cet horizon, les trois quart du réseau pourront reposer sur des canalisations existantes converties. Quelque 820 km de nouvelles canalisations devront en revanche être construites.
Dans cette optique, un projet pilote, baptisé mosaHYc, est en cours de développement à la frontière du Luxembourg et de l'Allemagne. Il s'agit de convertir 70 km de canalisations existantes, aujourd'hui dédiées au gaz naturel, pour transporter de l'hydrogène pur. La mise en service est prévue à l'horizon 2025. Objectif : bâtir une vallée de l'hydrogène rassemblant un large écosystème composé de spécialistes de la production d'hydrogène, d'industriels consommateurs de la molécule verte (dans une optique de décarbonation de leurs procédés), mais aussi d'une cavité de stockage et d'un réseau de stations pour alimenter des flottes de véhicules.
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