HysetCo lève 80 millions d’euros pour accélérer la mobilité hydrogène

HysetCo a séduit une série d'investisseurs pour déployer plus de 700 taxis à hydrogène et ouvrir de nouvelles stations en région parisienne. A l'horizon 2024, elle espère proposer ses services à 10.000 véhicules, puis développer d'autres usages autour d'une mobilité zéro carbone. L'entreprise veut s'étendre à l'international.
Juliette Raynal
L'un des investisseurs, Hype, s'était fait connaître en 2015 lors de la COP21, en inaugurant la première station à hydrogène de Paris, située pont de l'Alma, et une flotte de cinq taxis à hydrogène. Elle en compte aujourd'hui une centaine et bientôt un peu plus de 700.
L'un des investisseurs, Hype, s'était fait connaître en 2015 lors de la COP21, en inaugurant la première station à hydrogène de Paris, située pont de l'Alma, et une flotte de cinq taxis à hydrogène. Elle en compte aujourd'hui une centaine et bientôt un peu plus de 700. (Crédits : DR)

C'est un signal fort pour le développement de l'hydrogène. Une brochette d'investisseurs privés (Mirova, Raise Impact, Rgreen Invest et Eiffel Investment Group) viennent de mettre 80 millions d'euros sur la table pour soutenir la société HysetCo, qui entend déployer des centaines de taxis à hydrogène et un réseau de stations en région parisienne.

Fondée il y a deux ans, cette société est le fruit de l'association de cinq acteurs : Air Liquide, Toyota, la société d'investissement Kouros, l'ETI spécialisée dans les services d'efficacité énergétique Idex et la compagnie de taxis Step, plus connue sous le nom de Hype (sa dénomination commerciale).

Hype s'était fait connaître en 2015 lors de la COP21, en inaugurant la première station à hydrogène de Paris, située pont de l'Alma, et une flotte de cinq taxis à hydrogène. Elle en compte aujourd'hui une centaine et bientôt un peu plus de 700. Cette première augmentation de capital a, en effet, permis à HysetCo de mettre la main sur l'opérateur de taxis parisiens Slota, dont les quelque 600 véhicules à moteur thermique seront remplacés progressivement par des Mirai, les voitures à hydrogène du constructeur Toyota.

Développer simultanément la flotte et l'infrastructure

"La vocation d'HysetCo est de porter les actifs autour de l'hydrogène. Puis de les financer, les développer et les louer à des clients, dont le premier est justement Hype. L'objectif est de pouvoir développer en même temps la flotte de véhicules et les stations pour que les deux s'alimentent l'un et l'autre", expose Mathieu Gardies, le fondateur de Hype.

Dans un premier temps, Hype exploite sa flotte de véhicules uniquement avec des chauffeurs salariés.

"L'idée est de faire grossir ce premier client pour déployer un écosystème que l'on pourra ensuite proposer à des chauffeurs indépendants, lorsque le prix sera acceptable et le niveau de services et de confort équivalent à ce que proposent actuellement les véhicules à moteur thermique", précise l'entrepreneur.

Autrement dit, les chauffeurs de taxi et VTC indépendants ne feront le saut vers l'hydrogène que lorsque le réseau de stations sera suffisamment dense et qu'ils pourront facilement faire entretenir leur véhicule par les garagistes.

Sur la partie infrastructure, la région parisienne compte aujourd'hui quatre stations  hydrogène, déployées par Air Liquide (dans le 16e arrondissement de Paris, aux aéroports de Roissy et Orly ainsi qu'aux Loges-en-Josas (78) où se situe le campus de l'industriel). A court terme, HysetCo prévoit de racheter deux stations à Air Liquide et d'en déployer de nouvelles. Deux devraient ainsi voir le jour au premier semestres 2021 : l'une sur le site de Slota à Seint-Denis (93) et l'autre au niveau de la porte de Saint-Cloud. Cette dernière fabriquera de l'hydrogène sur place grâce à un électrolyseur et produira jusqu'à une tonne d'hydrogène par jour, soit cinq dois plus que la capacité de production des stations d'Orly et de Roissy.

Convertir 10.000 véhicules à l'horizon 2024

D'ici à la tenue des Jeux olympiques et paralympiques en 2024, HysetCo entend opérer une vingtaine de stations et espère contribuer à la conversation à l'hydrogène de quelque 10.000 véhicules taxi ou VTC, soit 20% du marché.

"Cela représenterait alors la taille de la flotte des taxis affiliés à G7", précise Mathieu Gardies.

HysetCo se positionnerait alors comme un prestataire de services autour de la mobilité. Pour séduire ces chauffeurs indépendants, l'entreprise entend développer un package mensuel comprenant le véhicule, son entretien, un accès au réseau de stations et aux clients finaux via une application de mise en relation. Le tout, proposé à un prix équivalent aux dépenses mensuelles que réalise aujourd'hui un chauffeur de véhicule à moteur thermique (coûts du véhicule, de l'énergie et de l'abonnement G7), soit environ 1500 à 1900 euros.

Pour résoudre l'équation économique de ce modèle, HysetCo parie sur son application pour laquelle elle n'entend pas faire d'importantes dépenses de marketing, contrairement à des entreprises comme Uber.

Développer d'autres usages

"La voiture à hydrogène va rester chère, de même que l'hydrogène lui-même, reconnaît Mathieu Gardies. Mais ces coûts seront absorbés par la marge dégagée via l'application", assure-t-il.

Pour tirer son épingle du jeu, la société mise également sur la praticité de l'hydrogène.

"Le problème d'un véhicule électrique à batterie n'est pas son autonomie mais le temps de recharge. Ces pauses nécessaires à la recharge du véhicule peuvent amener un chauffeur à passer à côté d'une course importante. Or, un véhicule à hydrogène va s'utiliser comme un véhicule à moteur thermique. Le plein pourra s'effectuer en trois minutes", promet l'entrepreneur.

Fort de ces arguments, HysetCo souhaite décliner son modèle dans d'autres villes françaises et plusieurs capitales européennes. L'entreprise prévoit aussi de capitaliser sur le développement d'un réseau de stations pour développer d'autres usages de l'hydrogène dans la mobilité et réfléchit ainsi à développer des offres pour les camions, les véhicules utilitaires ou encore les bateaux.

Juliette Raynal

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Commentaire 1
à écrit le 19/01/2021 à 8:48
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Comment ces bombes roulantes peuvent-elles être homologuées pour la route ? Quand je voit les restrictions pour de simples véhicules GPL, je me demande comment cela est possible pour de l'hydrogène.

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