Moteurs à hydrogène : l'américain BorgWarner mise sur son site du Loir-et-Cher pour achever sa mue

LOIR-ET-CHER. Le site blésois de l’équipementier automobile BorgWarner a été propulsé site pilote pour la fabrication des injecteurs à hydrogène. Une reconversion attendue pour l’usine qui sort d’un plan social, et une brique supplémentaire pour l’écosystème autour de l’hydrogène en Centre-Val de Loire.
Borgwarner Blois, qui avait réalisé 300 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020, table sur l’hydrogène pour rebondir.
Borgwarner Blois, qui avait réalisé 300 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020, table sur l’hydrogène pour rebondir. (Crédits : Reuters)

L'hydrogène décarboné deviendra-t-il un axe central de la transition énergétique, au même titre que l'électricité pour la mobilité et les transports ? Le géant équipementier du Michigan BorgWarner (14,8 milliards d'euros de chiffres d'affaires et 49.000 salariés en 2021), fabricant notamment de turbocompresseurs, en semble convaincu. Il accélère sensiblement sur ce segment. Son site français, basé à Blois dans le Loir-et-Cher et spécialisé dans les injecteurs, est devenu le pole d'excellence du groupe concernant la combustion des moteurs à l'hydrogène.

La technologie BorgWarner se singularise par l'injection et la distribution directe du gaz ultra léger dans le réservoir. « Une solution moins coûteuse et moins gourmande en termes de poids que la pile à combustible ou fuel cell, explique Jean-Luc Beduneau, directeur de l'innovation de l'usine blésoise. « Le fait de brûler directement l'hydrogène limite de surcroît l'empreinte carbone des moteurs, proche de zéro. Enfin, notre technologie est garante de souveraineté car elle ne nécessite pas de métaux rares contrairement au Fuel cell ».

L'équipementier attend pour la fin de l'année 2022 la validation par l'Union Européenne de cette solution de décarbonation totale des véhicules particuliers. Conséquence, les constructeurs automobiles à s'être engagés dans cette voie sont pour l'instant peu nombreux. Seuls Toyota et Hyundai Motors commercialisent un modèle de voiture doté d'un moteur thermique alimenté par de l'hydrogène brulé. Il s'agit de la Mirai pour le japonais et de la Nexo côté coréen. Les marques de poids lourds et de véhicules de chantier ont, au contraire, d'ores et déjà reçu le sésame de Bruxelles. BorgWarner fournit ainsi depuis cette année les injecteurs et les valves des pelleteuses du fabricant britannique JCB. Stellantis-Peugeot a aussi conçu des camionnettes Boxer fonctionnant à l'hydrogène dont deux prototypes sont actuellement en démonstration sur le site de Blois. « Il n'existe pas un seul constructeur de poids-lourds qui ne réfléchisse à ce nouveau mode d'alimentation, assure Jean Luc Beduneau, reste désormais à les convaincre de l'efficience de nos produits ». Outre l'extension du marché des professionnels, BorgWarner table sur un démarrage de la fabrication en série d'injecteurs sur le segment des particuliers à l'horizon 2024.

Reconversion du site vers l'hydrogène

Le transfert de la fabrication des injecteurs à essence sur d'autres sites de BorgWarner, ainsi que la baisse des volumes de production des injecteurs diesel avaient entraîné la suppression de 140 postes (sur 1050) entre juillet et décembre 2021 au sein de l'usine de Blois. Concomitamment, le groupe a décidé de sa reconversion dans l'hydrogène avec à la clé un effort important sur la formation des collaborateurs. 20% des services de recherche & développement, soit une centaine de salariés, travaillent déjà sur le créneau. « Les personnels de production basculeront petit à petit vers la fabrication d'injecteurs hydrogène, indique Jean-Luc Beduneau. L'objectif est d'assurer la transition d'une partie très conséquente de ces emplois ».

Dans un contexte concurrentiel rude, face aux poids lourds allemand Bosch et japonais Denso, BorgWarner s'organise pour monter en compétences d'ici moins de deux ans.

La reconversion de BorgWarner dans le Loir-et-Cher s'inscrit par ailleurs dans un contexte régional favorable. Si le Centre-Val de Loire est moins avancé que d'autres régions sur ce plan, il est en train de bâtir rapidement un véritable écosystème autour de l'hydrogène. Dernier exemple, l'aide apportée à Elogen pour la construction de sa future Giga Factory d'électrolyseurs à Vendôme, également en Loir-et-Cher. S'inscrivant dans une dynamique européenne, la collectivité est également moteur pour accroître le maillage de son territoire en stations de recharge en hydrogène. De quelques centaines actuellement à l'échelle du vieux continent, elles devraient passer à plusieurs dizaines de milliers à l'horizon 2027.

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Commentaires 5
à écrit le 03/08/2022 à 21:17
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Bonjour, Les 2 camions prototype n'ont pas été conçus par Stellantis mais par le site de BorgWarner de Blois. Et sauf erreur de ma part les véhicules Mirai et Nexo fonctionnent avec des piles a hydrogène et pas avec un moteur thermique a hydrog...

à écrit le 02/08/2022 à 16:35
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Merci merci merci. ça fait du bien de voir toutes ces marques qui, au fur et à mesure, investissement dans le moteur thermique à hydrogène. Toyota avait relancé l'intérêt il y a un an avec les Corolla et GR yaris H2 et ils ont bien eu raison de le fa...

à écrit le 02/08/2022 à 12:22
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Pourquoi avoir abandonné le site corrézien doté d'une unité de production récente et avec possibilité d'extension... au lieu de faire démonter les outils et les transférer dans un pays de l'Est et vendre le site. Ce site avait ce qu'il fallait.

à écrit le 01/08/2022 à 18:25
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L'hydrogène reste la seule alternative à long terme pour les déplacements individuels. A condition d'avoir suffisamment d'électricité verte (ou/et nucléaire) pour le produire.

à écrit le 01/08/2022 à 12:38
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"L'hydrogène décarboné" ou pas s'il est produit avec du courant charbonneux. "au même titre que l'électricité pour la mobilité et les transports" électricité qui peut être charbonnée également, comme quoi H2 ou l'électricité, c'est "neutre" pour leu...

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