Total espère vendre du plastique vert d'ici à cinq ans

La branche chimie du pétrolier planche sur des polymères issus de sucre ou de déchets recyclés. Avec l'ambition de parvenir à des coûts de revient acceptables pour le consommateur final.
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Nous ne faisons pas que du pétrole ! » À Feluy, à une trentaine de kilomètres au sud de Bruxelles, les équipes de Total Petrochemicals tiennent à rappeler que le géant tricolore est aussi un chimiste. Et bientôt, peut-être, un chimiste vert... Pour l'heure, les projets de plastiques biosourcés, c'est-à-dire issus de matières végétales comme le sucre ou l'amidon, ou même de déchets plastiques recyclés, n'en sont qu'au stade expérimental.

Total Petrochemicals, qui représente 11 % des ventes du groupe pétrolier (soit 17,5 millions d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier), possède à Feluy le plus grand centre européen de production de plastiques. En sortent annuellement 1,2 million de tonnes de polyéthylène, polypropylène et polystyrène, dérivés du pétrole. Derrière ces noms barbares, se cachent les plastiques les plus couramment utilisés, dans l'emballage (films alimentaires...), l'automobile ou les isolants pour le bâtiment. Le marché, attendu à 190 millions de tonnes cette année, doit croître de 4 à 5 % par an dans la prochaine décennie. « Les pays développés consomment 60 kilos de plastiques par an et par habitant, contre 30 kg en Chine et 10 en Inde », souligne Christian Koulic, responsable de la stratégie chez Total Petrochemicals. Et comme la production pétrolière est appelée à plafonner à partir de 2020, la pétrochimie doit diversifier ses sources de production.

Le projet le plus avancé de Total concerne le PLA (acide polylactique), un plastique produit par transformation du sucre en acide lactique. « Nous espérons démarrer une usine de taille mondiale d'ici quatre à cinq ans », précise Christian Koulic. Pour cela, le groupe s'est allié avec une start-up belge, Galactic. La coentreprise, baptisée Futero, a investi 15 millions d'euros dans une unité de démonstration l'an dernier. Les investissements R&D de Total en pétrochimie représentent 80 millions d'euros par an, sur un budget R&D global d'environ 1,1 milliard d'euros d'investissements.

Économiquement viable

Mais le français n'est pas le premier à s'intéresser aux plastiques verts. Le brésilien Braskem fabrique, lui, du bio-polyéthylène à partir d'alcool fermenté. Et l'américain Nature Works, filiale de Cargill, vend déjà son PLA à ses clients de l'agroalimentaire, du textile ou de la construction. « Mais le marché est assez grand pour tous », assure Christian Koulic.

Si Total se tourne vers ces activités, c'est que produire du plastique biosourcé devient économiquement viable. Car le consommateur, lui, n'est pas prêt à payer plus pour ce type de matériau ! « Le surcoût est encore de 20 à 30 %, mais nous allons optimiser la taille des usines et la consommation d'énergie », veut croire Johan de Taeye, responsable du développement du PLA.

La domination du plastique vert n'est toutefois pas pour demain. « Malgré un taux de croissance moyen de 20 % par an, les bioplastiques représenteront moins de 5 millions de tonnes en 2020, soit 1,5 % de la demande mondiale », reconnaît Christian Koulic. Le logo rouge-jaune-bleu de Total n'est pas près de passer au vert.

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Commentaires 2
à écrit le 04/10/2011 à 20:25
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Le prochain Cleantuesday Paris portera sur les technologies innovantes en matière de valorisation des déchets et de biomasse par le recyclage matière ou l'énergie Parmi les intervenants la start up française Canibal la start up belge GreenW...

à écrit le 27/09/2011 à 19:08
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11% des ventes devraient être plus proche de 17.5 milliards d'euros que de 17.5 millions...

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