L'État va aider les industriels à capter et stocker le CO2 

Pour préparer la filière française à un marché mondial prometteur, l'Ademe s'apprête à financer les premiers démonstrateurs.

Quelques jours après l'inauguration par Alstom d'une première installation intégrée de captage et stockage de CO2 (CSC) aux États-Unis (lire « La Tribune » du 2 novembre), et à la veille du colloque qui se tient les 5 et 6 novembre à la Cité des sciences à Paris, le gouvernement annonce clairement la couleur. « Le CSC est une filière emblématique, qui permettra de juger d'ici quelques années si la France a conquis une place de leader en matière d'environnement », affirme Matthieu Orphelin de l'Ademe. Et de rappeler « le rôle majeur qu'il peut jouer dans la lutte contre le changement climatique, la taille du marché et le potentiel des industriels français ».

Convaincu de cette opportunité, le gouvernement consacrera 100 millions d'euros aux cinq projets démonstrateurs qui viennent d'être sélectionnés en réponse à l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) de l'Ademe. Menés par Total, ArcelorMittal, Veolia, EDF ou Alstom, ils portent sur les différentes technologies de captage, le stockage en aquifère salin, le captage et stockage adaptés à la sidérurgie et la recherche et développement.

Politiques et experts français reconnaissent que la technologie demeure aujourd'hui très onéreuse et que sa rentabilité à terme dépendra du prix du carbone. Mais ils tablent sur une réduction du coût. Variable selon le type d'installation et le lieu de stockage, celui-ci pourrait, selon eux, passer de 100 euros en moyenne par tonne captée et stockée aujourd'hui (dont 70 % dus au stockage) à trois fois moins d'ici à 2020. Dans le même temps, le cours de la tonne de CO2 devrait, lui, s'approcher des 100 euros.

À court terme, un soutien par des fonds publics semble donc bien indispensable pour faire émerger une deuxième génération de CSC. Moins coûteuse, affectant moins le rendement énergétique des centrales équipées, elle doit permettre aux industriels français de partir, dès 2020 ou 2025, à l'assaut d'un marché mondial. Producteurs d'électricité (notamment à partir de charbon dans des pays comme la Chine ou les États-Unis), sidérurgie, raffineries, cimenterie? ne pourront continuer de se développer que grâce au CSC.

Cette technologie ne serait donc qu'un moyen de dédouaner ces industries de leur impact environnemental ? « Ce n'est pas si grave d'augmenter la consommation d'énergie, pourvu que cela ne nuise pas au climat », confirme François Demarcq, directeur général délégué du BRGM. Et de poursuivre : « Aucune autre technologie de peut prétendre avoir un impact [sur les émissions de gaz à effet de serre, Ndlr] aussi massif à horizon aussi court. » En revanche, conscient des réticences suscitées par ces projets, que d'aucuns comparent à la problématique des déchets nucléaires, il tient à rassurer sur l'attention portée à la sécurité grâce à la caractérisation des sites, la modélisation des stockages et le monitoring, dans lesquels le BRGM a développé une expertise.

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