FESTIVAL + Les Eurockéennes font face à l'adversité

Tout bon festival rock se doit de proposer un monstre plus ou moins sacré, un nom connu faisant office de parrain et de fédérateur des publics multiples qui piétinent devant ses scènes. Les Eurockéennes de Belfort, manifestation jeune (moins de dix ans) et ambitieuse (autoproclamée « premier festival rock français »), ne dérogent généralement pas à la règle, les David Bowie, Lou Reed et autres Patti Smith ayant rempli ce rôle lors d'exercices précédents. L'édition 1997 sera pourtant dépourvue d'un tel invité, par la faute d'un sandwich revêche et d'un couteau agressif. En confectionnant le premier avec le second, Neil Young, tête d'affiche prévue des « Eurock'», se serait en effet entaillé la main, s'obligeant ainsi à annuler sa tournée d'été et donc sa visite à Belfort. Mauvaise nouvelle. Cruelle est la destinée d'une rock-star, et rude le métier d'organisateur de festival, contraint en catastrophe de parer aux aléas de la météo et de dénicher un autre nom ronflant. Les Eurockéennes n'ont pu que se rabattre sur les transparents Simple Minds, dont on ne soupçonnait même plus l'existence. Une mauvaise nouvelle pour ce qui est désormais un événement musical majeur en France par sa taille (une quarantaine de groupes et d'artistes), son affluence (85.000 festivaliers l'an dernier, 75.000 attendus cette année, les organisateurs ayant décidé de limiter à 25.000 par jour la capacité d'accueil) et son poids (un budget de 24 millions de francs). Mais si l'affiche fait la part (trop) belle au rock lourd et dur, chacun peut y trouver son plaisir. A chaque jour sa vedette. Celle du vendredi sera l'ultra-populaire Radiohead, leader incontesté du rock britannique à l'heure où Oasis est enfermé dans les studios d'enregistrement. Ce groupe dont Michael Stipe, chanteur de REM, « a peur tellement ils sont bons », s'est fait une spécialité des concerts enflammés, rappels compris. Il faudra beaucoup d'énergie à leurs confrères programmés le même soir, des gentils Anglais de Supergrass aux alternatifs américains de Smashing Pumpkins, pour soutenir la compa- raison. Flambloyants Anglais. Changement de ton le samedi, qui verra se succéder dans la soirée les rois français du funk, FFF, la très suave Neneh Cherry, et Maceo Parker, l'ancien accompagnateur de James Brown, chargé de faire danser les courageux que n'aura pas épuisés Noir Désir, le groupe français le plus populaire du moment. Quant au programme du dimanche, amputé de son épisode Neil Young, il n'aura à offrir, entre le prévisible Paul Personne et les inutiles Simple Minds, que les flamboyants Anglais de Suede. Si leurs chansons ne sont bien souvent qu'une imitation joliment exécutée du rock anglais glamour des années 70, si leur chanteur est capable d'agacer même le plus fervent de ses admirateurs, Suede a pourtant les moyens, pour peu que l'envie lui en vienne, de soulever tout un public. Les organisateurs des Eurockéennes, eux, déjà suffisamment préoccupés par la météo qui avait en partie gâché l'édition 1996, prient pour qu'aucun autre sandwich récalcitrant ne vienne perturber un peu plus leur fragile montage. François Bourboulon © Eurockéennes de Belfort, les 4, 5 et 6 juillet. Prix : 220 francs par jour, 520 francs pour les trois jours. Renseignements par téléphone (08.36.68.50.03), Minitel (3615 EUROCKÉENNES) ou Internet (http ://www. eurockennes. fr).
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