« L'Europe est envahie par les "energy drinks" »

« La Tribune ». - Vous venez de publier un « Panorama mondial de l'innovation alimentaire ». Quelles sont les grandes tendances actuelles ? Y a-t-il des particularismes nationaux ? Xavier Terlet. - Au-delà des particularités locales liées à la culture, à la tradition, le comportement humain est universel : chacun souhaite manger des produits sains - 18 % des nouveaux produits mis sur le marché mondial répondent à un besoin forme-santé -, qui procurent du plaisir - 42 % des nouveautés - et facilitent la vie - 23 % des innovations. Ces trois besoins sont de plus en plus exigés par le consommateur et travaillés par les industriels. Vous identifiez les quinze secteurs les plus innovants dans le monde, au premier rang desquels se trouvent les marchés des surgelés, des boissons rafraîchissantes non alcoolisées (BRSA), de la crémerie et de la confiserie. Comment définissez-vous l'innovation dans le domaine alimentaire ? Un produit innovant apporte un plus à un consommateur, qu'il s'agisse de l'utilisation, du goût, de la préparation... Mais les principes d'innovation s'organisent en trois origines : l'invention, issue d'une nouveauté scientifique ou technique, ne représente que 5 % des produits nouveaux. Le reste provient de l'amélioration (mettre ubouchon à vis pour les bouteilles d'eau) ou de l'adaptation - chercher un plus sur un marché voisin (adapter l'emballage sous vide de la charcuterie au fromage). En d'autres termes, innover, c'est d'abord observer le consommateur et les marchés voisins. A lire l'étude, il semble qu'on ne mange pas uniquement pour se nourrir. L'alimentation a-t-elle gagné de nouvelles fonctions ? Manger crée une relation très intime avec le corps, un lien de santé. Il existe aujourd'hui des aliments pour être en forme, se calmer, soigner tel ou tel mal... que l'on appelle « alicaments » ou « cosmeto-food » : on modifie son comportement et on se soigne en mangeant (voir le slogan du yaourt Bio « Ce qu'il fait à l'intérieur se voit à l'extérieur »). Ce phénomène se vérifie tout particulièrement au Japon, où des aliments extrêmement segmentés (contre la « gueule de bois », le cholestérol, pour mieux réfléchir...) se développent considérablement. En Europe, le marché est envahi par les energy drinks, à base de taurine (cette substance est pour l'instant interdite en France) ou de guarana (un fruit exotique aux pouvoirs énergétiques). Par exemple, Orangina vient de lancer Orangina rouge, qualifié de « méchant » par rapport à son homologue jaune, qui contient du guarana. Autre cas, dans les jus de fruits : Minut Maid a pour slogan « Arrêtez les amphétamines, buvez du Minut Maid ». Le panorama montre que près de la moitié des nouveautés soft-drink répondent à la tendance énergie-bien-être. Propos recueillis par Guénaëlle Le Solleu
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.