La Corse attend des assurances de l'Etat

La pression quasi quotidienne exercée sur le gouvernement par le FLNC Canal historique est-elle en passe de porter ses fruits ? En sortant, avec fracas, de sa réserve et en multipliant les attentats à l'explosif contre les services de l'Etat et les collectivités locales, l'organisation clandestine a tout fait pour contraindre le gouvernement Juppé à renouer le dialogue plus ou moins implicite établi par Charles Pasqua sous le gouvernement Balladur. Il semble aujourd'hui que cette épreuve de force tourne à l'avantage du FLNC Canal historique. Outre la venue annoncée comme imminente de Jean-Louis Debré, ministre de l'Intérieur, des émissaires du gouvernement auraient, selon Libération et le quotidien régional La Corse, pris contact avec des représentants du mouvement nationaliste. Sans surprise, Alain Lamassoure, porte- parole du gouvernement, s'est empressé de démentir cette information. Démenti de pure forme, dit-on en Corse. A plusieurs reprises déjà, la classe politique insulaire s'est étonnée, puis indignée du mutisme de l'Etat ainsi que de l'impuissance de la police. Le conseiller territorial Toussaint Luciani (divers gauche) ne s'explique pas que l'on ait pu « mettre un terme aux agissements des islamistes » et que l'on n'obtienne aucun résultat sur cette île de 250.000 habitants, en comptant les enfants, les personnes du troisième âge et les effectifs de police... La grande majorité des élus corses attendent donc le ministre de l'Intérieur de pied ferme. Et la population vit de plus en plus mal cette recrudescence des attentats et ne peut comprendre, elle non plus, l'apathie du gouvernement et de la police. Plusieurs actions dirigées contre les bâtiments administratifs ont occasionné des dégâts chez des particuliers et auraient même pu avoir des conséquences tragiques. Le bilan économique de ces actions est lourd, puisqu'il a d'ores et déjà dépassé la barre des 200 millions de francs. Se posent alors les questions concernant la reconstruction de certains de ces services et notamment ceux relevant des collectivités locales. Qui en assumera le poids financier, sinon, sans doute, les contribuables corses ? De plus, la Corse connaît des problèmes d'« inassurabilité » pour ce qui concerne les bâtiments et chantiers publics. La cité administrative de Sartène, dévastée par un attentat, ne peut trouver d'assureur. Quant à la mairie de Porto-Vecchio, visée par Fronte Ribellu, un nouveau mouvement clandestin, elle n'était déjà plus assurée. Côté particuliers, les résidences secondaires appartenant à des continentaux, même en l'absence de sinistre antérieur, trouvent déjà difficilement assureur. Même situation pour les bateaux, bars, restaurants ou hôtels, à plus forte raison si ces établissements sont situés sur le littoral. Là encore, il est fait appel à l'Etat, la Chambre syndicale des agents généraux de Corse ayant tenté d'attirer l'attention des gouvernements successifs sur les problèmes de la profession. Dans l'île, on ne veut plus se contenter d'assurance... verbale. ELISABETH MILLELIRI À AJACCIO
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