Etienne Bourgeois ou les certitudes tranquilles du directeur de Kodak à Chalon

Etienne Bourgeois n'est pas homme de rupture. Au contraire. Il mène sa carrière avec une fidélité sans faille à son entreprise, Kodak, et à sa ville, Chalon-sur-Saône. Et les dirigeants du géant de la photographie apprécient visiblement les histoires qui durent. Ils viennent en effet de confier la direction industrielle du site Kodak de Chalon-sur-Saône à cet ingénieur de l'Ecole centrale, entré dans la société voilà vingt-deux ans. « Lorsque l'on m'a fait cette proposition, raconte Etienne Bourgeois, je n'ai pas hésité. Non seulement la fonction est passionnante, mais, en outre, elle me permet de rester à Chalon. » Désormais, donc, cet homme de quarante-neuf ans, marié et père de trois enfants, préside aux destinées des 2.800 employés, les divisions logistique et recherche restant, elles, dans des directions distinctes. Entré chez Kodak en 1973, Etienne Bourgeois a tout d'abord occupé des fonctions d'ingénieur d'affaires. A ce titre, il a travaillé à la transformation du centre de distribution de produits finis au début des années 80. Puis en 1985 il a pris la direction du département Emulsion, et en 1989 celle de la division film amateur et cinéma. L'an passé, il est devenu manager européen du flux de produits amateurs et, notamment, du flux des appareils que l'on dit « jetables » chez les photographes du dimanche, mais que l'on nomme des « prêts à photographier » chez Kodak. Car, explique Etienne Bourgeois, « à Chalon-sur-Saône, nous recyclons les carcasses. Cette fonction a d'ailleurs été confiée à un atelier un peu particulier, où travaillent une quinzaine de handicapés. » De cette carrière tout en constance, Etienne Bourgeois tire une convic- tion essentielle : « Quand une entreprise produit dans une région pour vendre sur ce même territoire plutôt que de se baser sur l'importation, elle en retire un atout majeur. » Kodak, plus gros employeur de la région, se doit donc « de s'impliquer dans la vie locale ». Cette proximité avec les clients, mais aussi avec les équipes, explique peut-être la réussite du site de Chalon sur les prêts à photographier. « En effet, l'usine a, malgré une dimension plus faible que celle des sites américains, réussi à produire des appareils jetables à des coûts identiques. » Les Chalonnais ont même soufflé quelques idées à leurs collègues d'outre-Atlantique. Pour l'heure, le nouveau directeur « réfléchit et écoute ». Histoire de prendre le pouls exact de cette entreprise, qualifiée voilà quelques années de « ministère de la Photographie », avant d'être ébranlée par un plan social. Son but est de taille : il faut en effet « faire l'usine de demain avec les hommes d'aujourd'hui », et, pour cela, « aider les gens à faire évoluer leurs compétences, les amener à être en perpétuel changement sans que jamais rien ne rompe ». Car si cet homme affable, amateur de sports et de voyages, admet « pouvoir gérer l'inquiétude », il refuse « de créer de l'angoisse qui, elle, paralyse. Je ne suis pas un mercenaire qui veut tout bouleverser. Moi, je travaille dans la durée. » Magali Mauger, à Dijon
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