Palestine : un divorce à double tranchant

La "séparation" d'avec les Palestiniens est devenue le maître mot de la politique israélienne. L'arrivée au pouvoir des islamistes du Hamas, qui prônent la destruction de l'État hébreu, n'a fait qu'accélérer une procédure de divorce engagée l'an dernier avec le retrait israélien de la bande de Gaza. Ehud Olmert est bien décidé à continuer sur cette lancée en Cisjordanie. D'ores et déjà, le nombre de travailleurs palestiniens a été réduit à quelques milliers contre plus de 100.000 avant l'Intifada déclenchée en l'an 2000. L'objectif déclaré est d'interdire définitivement l'emploi de Palestiniens en Israël d'ici à deux ans. Des immigrés venus de Thaïlande, de Chine, d'Europe de l'Est ont pris le relais notamment dans l'agriculture et le bâtiment.Tout aussi symbolique : Israël a récemment gelé le remboursement mensuel de 50 millions de dollars à l'Autorité palestinienne provenant des droits de douanes et de TVA prélevés sur les marchandises destinées aux Palestiniens transitant par les ports israéliens. Cette sanction a été prise pour éviter que cet argent ne finance un gouvernement du Hamas "impliqué dans le terrorisme". Mais elle a surtout porté un coup sans doute fatal aux accords conclus en 1994 à Paris entre l'OLP de Yasser Arafat et Israël sur une union économique.Mise en garde. Sur le terrain, la rupture se traduit par une "clôture de séparation" électronique en Cisjordanie et la construction de deux réseaux routiers, l'un réservé aux Israéliens et l'autre aux Palestiniens. Pour des raisons de sécurité, quelque 471 barrages de l'armée israélienne ont été placés sur ces routes "palestiniennes" transformant tout déplacement en un véritable un casse-tête. Toute la question est de savoir si Ehud Olmert peut aller plus loin encore. Selon la Banque mondiale et l'ONU, un refus prolongé de verser les sommes dues à l'Autorité palestinienne risque de provoquer un chaos économique. Or, le pire des scénarios pour Israël serait de provoquer une catastrophe humanitaire et de devoir prendre en charge de nouveau la gestion des questions sociales, de la santé, et de l'éducation de la population palestinienne.Consciente du danger, l'Association des industriels, la principale organisation patronale israélienne, estime préférable de ne pas renoncer à un marché représentant 2 milliards de dollars d'échanges annuels. Dans les médias, également, certains commentateurs mettent en garde contre la stratégie de la séparation ou le recours à des méthodes expéditives. Sever Plotzker, du Yédiot Aharonot, le quotidien le plus vendu, estime ainsi que le "terrorisme ne se combat pas par la guerre économique ou des punitions collectives".P. L.
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